Griko

dialecte du grec

Le griko ou grico est un dialecte grec, comportant des similarités avec l'italien et le salentin et parlé dans le sud de l’Italie. Les Grecs l’appellent Katoitaliótika (Κατωιταλιώτικα), « italien méridional »[1],[2],[3],[4],[5].

Griko (Grico)
Κατωιταλιώτικα
Pays Italie
Région Calabre, Pouilles
Nombre de locuteurs 10 500 en Pouilles (environ 20 000 en 1981 en Pouilles)
Typologie SVO syllabique
Classification par famille
Codes de langue
Linguasphere 56-AAA-aia
Glottolog apul1236
État de conservation
Éteinte

EXÉteinte
Menacée

CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre

NE Non menacée
Langue sérieusement en danger (SE) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
Carte
Image illustrative de l’article Griko
« Grèce salentine » et « Bovésie ».

Contrairement au grec moderne, le griko s'écrit le plus généralement à l'aide de caractères latins.

Domaine

modifier

Il ne subsiste que deux petites communautés parlant le griko, l'une dans les Pouilles, dans la région du Salento, l'autre en Calabre, dans la région de Bova.

Dans la Grèce salentine, où la communauté est la plus importante, l’aire de répartition du griko comprend neuf villages (Calimera, Martano, Castrignano de' Greci, Corigliano d'Otranto, Melpignano, Soleto, Sternatia, Zollino, Martignano) pour un total de 40 000 habitants dont environ 10 000 seraient locuteurs en 2017[5].

L'aire katoitaliótique de Calabre, où la communauté est résiduelle, est répartie sur les neuf villages de la Bovesia, ainsi que sur quatre districts de la ville de Reggio de Calabre, mais sa population est nettement inférieure et ne compterait que quelque 500 locuteurs en 2017.

Histoire

modifier

L'origine de ces communautés a fait l'objet d'une longue controverse. Certains, comme Gerhard Rohlfs[6] ou Anastasios Karanastasis[7], ont soutenu l'idée d'une continuité directe depuis les antiques colonies grecques de la Grande Grèce jusqu'à nos jours, en s'appuyant sur les différences entre griko et grec moderne, et sur l'influence latine, apparemment ancienne dans le premier. D'autres comme Oronzo Parlangèli (d)   et Giuseppe Morosi (oc) au contraire, favorisent l'idée d'une origine plus tardive, liée à l'immigration de populations hellénophones au Moyen Âge, en s'appuyant sur la ressemblance du griko avec le grec moderne, rendant ces deux langues partiellement intercompréhensibles[5].

Comme souvent dans ce genre de controverses, les deux hypothèses ne s’excluent pas forcément, car il a pu y avoir immigration médiévale sur un substrat local antérieur, les deux populations s’assimilant[5].

 
Aperçu diachronique de la diffusion du Griko calabrais : bleu : jusqu’au XVe siècle, violet : jusqu’au XVIe siècle, jaune : jusqu’au XIXe siècle, orange : jusqu’au XXe siècle, rouge : situation présente de la langue.

Exemple

modifier

Voici un exemple de matinata (« sérénade »), une chanson populaire en griko :

Εβώ πάντα σε 'σένα πενσέω,
γιατί 'σένα φσυχή-μου ’γαπώ,
τσχαι που πάω, που σύρνω, που στέω
στην καρδιά-μου πάντα 'σένα βαστώ.

Translittération :
Evò panta se 'sena pensèo,
jatì 'sena fsichì-mu ’gapò,
ce pu pao, pu sirno, pu steo
stin kardìa-mu panta 'sena vastò.

Grec moderne

modifier

Εγώ πάντα εσένα σκέφτομαι,
γιατί εσένα ψυχή μου αγαπώ,
και όπου πάω, όπου σέρνομαι, όπου στέκομαι,
στην καρδιά μου πάντα εσένα βαστώ.

Translittération :
Egó pánda eséna skéftome,
yiatí eséna psichí mu agapó,
ke ópu páo, ópu sérnome, ópu stékome,
stin kardiá mu pánda eséna vastó.

Français

modifier

Je pense toujours à toi,
parce que je t’aime, mon âme,
et où que j’aille, où que je me traîne, où que je me trouve,
je te porterai toujours dans mon cœur.

Notes et références

modifier
  1. (it) F. Violi, Lessico Grecanico-Italiano-Grecanico, Apodiafàzzi, Reggio Calabria, 1997.
  2. (it) Paolo Martino, L'isola grecanica dell'Aspromonte. Aspetti sociolinguistici, 1980. Risultati di un'inchiesta del 1977
  3. (it) Filippo Violi, Storia degli studi e della letteratura popolare grecanica, C.S.E. Bova, 1992
  4. (it) Filippo Condemi, Grammatica Grecanica, Coop. Contezza, Reggio Calabria, 1987.
  5. a b c et d (it) In Salento e Calabria le voci della minoranza linguistica greca, Treccani, il portale del sapere.
  6. Gerhard Rohlfs, Vocabolario dei dialetti salentini, Congedo, 1956-57 (lire en ligne)
  7. Anastasios Karanastasis, Γραμματική των Ελληνικών ιδιωμάτων της Κάτω Ιταλίας [« Grammaire des dialectes grecs de l'Italie méridionale »], Athènes, Académie d'Athènes,‎ (lire en ligne).

Bibliographie

modifier
  • Pier Francesco Bellinello, « Les minorités ethno-linguistiques du Mezzogiorno », Espace, populations, sociétés, vol. Les minorités ethniques en Europe, no 3,‎ , p. 341-347 (lire en ligne)
  • G. Rossi Taibbi e G.Caracausi, « Testi neogreci di Calabria. Parte I (Introduzione, Prolegomeni e testi di Roccaforte, a cura di Giuseppe Rossi Taibbi) ; Parte II (Testi di Rochudi, di Condofuri, di Bova e Indici a cura di Girolamo Caracausi). Palerme, 1959 », Revue des Études Grecques, t. 73, nos 344-346,‎ , p. 332 (présentation en ligne)

Articles connexes

modifier