Pedro Dot Martínez (1885 -1976) est un rosiériste espagnol qui compte parmi les grands créateurs de roses du monde[1]. Un certain nombre de ses cultivars sont considérés comme ayant des caractéristiques fort originales.

Pere Dot i Martínez
Pedro Dot lisant Modern Roses.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Enfant
Simó Dot (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

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Pedro Dot naît le dans le domaine de Torreblanca , (San Justo Desvern), propriété du marquis de Monistrol, plus connu aujourd'hui pour son vignoble. Son père, qui est intendant du domaine, travaille à la reconfiguration du parc, qui comprend une petite roseraie, et à la modernisation des cultures de la propriété. Le domaine agricole se trouve près du village de San Feliu de Llobregat, dans l'église duquel Pedro Dot fut baptisé et dans lequel il s'installa à partir de 1906. C'est là que se déroula aussi toute son activité professionnelle.

Son père, Simón Dot Canalias, fils de paysans, était un jardinier reconnu, avec sa propre pépinière spécialisée dans la production d'arbres fruitiers, qu'il vendait dans toute l'Europe. C'est à lui que l'on doit une mutation du genre Sophora : Sophora pendula 'doteana'. En 1900, il est envoyé comme délégué de la députation de Barcelone à se rendre à l'Exposition universelle de Paris. Marié avec Benita Martínez, il a quatre filles (Paula, Carme, Teresa et Pilar) et un fils (Pedro)[2].

C'est dans ce contexte que la vocation de Pedro Dot s'épanouit dans le monde de l'horticulture. Il travaille à l'âge de seize ans chez Joaquim Aldrufeu Arguyol, le premier à procéder à l'hybridation de roses en Espagne, comme la rose 'Reina Maria Cristina' en 1894, et qui fut l'un des horticulteurs et jardiniers parmi les plus connus de son époque[3]. En 1910, Pedro Dot se rend à l'Exposition universelle de Bruxelles en 1910 et visite nombre de pépinières et expositions florales. Au retour, il passe par Paris où il achète sur les quais le livre de Cochet-Cochet et Mottet intitulé Les Rosiers, ouvrage fondamental qui va le marquer définitivement.

Il présente en 1923 ses premières créations, les roses 'Francesc Corbera', 'O. Junyent' et 'Margarita Riera'. Il gagne son premier prix à Paris en 1924 avec un certificat de mérite, au concours des roses nouvelles de Bagatelle, grâce au rosier 'Margarita Riera'. Entre 1924 et 1957, il remporte 26 médailles d'or et 17 certificats de mérite[4]. Il réalise sa première exposition de roses en 1928 à San Feliu de Llobregat, posant les germes de ce qui deviendra l'Exposición Nacional de Rosas de San Feliu de Llobregat et qui perdure encore.

 
Mémorial en l'honneur de Pedro Dot, sur la place Pedro Dot de San Feliu de Llobregat.

C'est à la fin des années 1940 que les expositions de roses reprennent en Espagne et que celle de San Feliu reprend en 1949. Pedro Dot acquiert une renommée de plus en plus grande grâce à ses roses miniatures, en particulier grâce à la rose 'Si' (1957), considérée comme la rose la plus petite du monde. Dans les années 1950-1970, l'entreprise familiale Rosas Dot connaît une croissance exponentielle. Mais dans les années 1970, la croissance urbaine de San Feliu provoque le partage de l'entreprise en deux. Pedro s'occupe avec son fils Simon (et les enfants de ce dernier Jordi, Albert et Pilar) de sa pépinière de Villafranca del Panadés, tandis que Marino (dit Marí) et ses fils (Robert, Víctor et Pere), s'installent à Cervelló.

Pedro Dot est nommé « hijo predilecto » (fils préféré) en 1932 de San Feliu et reçoit la médaille d'or de San Feliu en 1971. Une rue y est baptisée de son nom avec un mémorial[5].

Il meurt à Villafranca del Panadés le .

Relations internationales

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Pedro Dot dans sa roseraie vers 1930.

Pedro Dot, en plus de participer à des concours internationaux, maintient des relations étroites à l'étranger avec de nombreux rosiéristes et horticulteurs (M. Leenders, Kordes, Lévêque, Pernet, Vilmorin, Hewart, Dickson, Mallerin, Bucher ...) et en particulier avec les États-Unis où il est représenté par Conard-Pyle Co et où ses roses sont régulièrement présentes à l'exposition American Rose Annual[6]. Il est également ami avec le Dr J.H. Nicolas, directeur technique de Jackson & Perkins, qui lui rend visite pour la première fois à San Feliu en 1925, et avec le Dr Griffith Buck, avec qui il entretient une correspondance nourrie après 1945. En 1981, le Dr Griffith Buck lui dédie une rose: 'El Català'[7].

C'est grâce à l'appui des Américains qui lui envoient des fonds qu'il peut continuer à travailler et à poursuivre ses hybridations pendant la guerre civile, la généralité de Catalogne protégeant au début sa roseraie. Ses deux fils, Simon (1916-2008) et Marino (1918-1994), combattent en effet du côté républicain. Les Américains poursuivent leur aide après la guerre. Pedro Dot présente sa première rose miniature en 1939 après l'entrée des troupes franquistes dans sa région. Il s'agit d' 'Estrelitta de Oro', fruit de ses recherches sur le rosier Rosa Indica 'Minima' (ou Rosa chinensis 'Minima'). Cependant les années de guerre civile, puis l'isolement de l'Espagne pendant les années 1939-1945 affectent ses affaires négativement[8].

Illustrations

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Rosier grimpant hybride de thé 'Madame Grégoire Staechelin' (1927)
 
'Montesquieu', hybride de thé (1959).

Après son succès à Bagatelle avec ‘Margarita Riera’, où il commence à se faire un nom en Europe, Pedro Dot se sert de variétés comme ‘Frau Karl Druschki’, ‘Souvenir de Claudius Pernet’ et ‘Madame Édouard Herriot’, pour produire un grand nombre d'hybrides de thé aux couleurs très brillantes et qui surtout supportent bien le climat chaud. Ils ont pour la plupart comme ancêtre des Pernetianae de Pernet-Ducher qui est le premier à obtenir des roses à la couleur jaune très soutenue grâce au croisement de Rosa foetida avec des hybrides de thé, mais qui ne sont pas résistantes aux grands froids. ‘Marí Dot’ gagne un prix à Strasbourg et ‘Condesa de Sástago’ le premier prix de Rome. Pedro Dot s'intéresse beaucoup à l'obtention de roses bicolores, par exemple écarlates avec des nuances jaunes au revers des pétales. À partir de 1925, Pedro Dot commence à se servir du pollen de roses botaniques pour ses hybridations[9].

Son succès le plus incontesté est 'Nevada' (cultivar issu de Rosa spinosissima), présentée en 1927. Son grand rosier grimpant 'Madame Grégoire Staechelin' (1927) est également unanimement plébiscité[10]. Il renouvelle aussi la tradition des rosiers mousseux avec par exemple 'Golden Moss' (1932), le premier mousseux jaune du monde[11]. Dans les années 1930, il s'appuie sur les travaux de Joseph Pernet-Ducher pour produire des roses couleur flamme, avec des nuances pastel ou orange vif. L'on peut distinguer ‘Catalònia’, ‘Condesa de Sástago’, ‘Angels Mateu’, ‘Girona’, ‘Maria Peral’, ‘Duquesa de Peñaranda’ et ‘Federico Casas’. Avec ‘Baby Gold Star’, ‘Golden Sástago’, et ‘Joaquin Mir’, Dot obtient des roses d'un jaune pur et profond[12].

Il était membre des Amigos de las Rosas, société fondée à Barcelone en 1931 avec Rubio, Cambo, Ros Sabaté, et Cyprien Camprubí, obtenteur de la fameuse rose 'Violonista Costa'. Son disciple Eugenio Fojo atteint une grande notoriété dans le nord de l'Espagne. De la fin des années 1930 aux années 1950, il se fait un nom grâce à l'obtention de rosiers miniatures. Il croise des hybrides de thé avec des miniatures, obtenant de meilleurs résultats que ceux qui utilisent des polyanthas.

Son fils Simon devient obtenteur dans les années 1960, particulièrement de roses de couleur mauve ou lavande[13]. Son autre fils Marino et ses petits-enfants produisent également des roses dans les années 1960 et 1970. Certaines sont attribuées à Pedro Dot de façon erronée.

Postérité

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Les roses 'Nevada' et 'Madame Grégoire Staechelin' sont certainement ses plus grands succès internationaux. Les rosiers miniatures de Dot sont aussi très prisées par les aficionados. La question de l'avenir se pose pour ses remarquables hybrides de thé. La société Dot continue son activité et offre une soixantaine de variétés à la vente, mais seulement une dizaine obtenues par Pedro Dot lui-même. La pépinière californienne Vintage Gardens représente bien dans son catalogue les obtentions de Pedro Dot aux États-Unis. Quelques-unes sont présentes dans les roseraies et parc publics européens, surtout à la Roseraie de L'Haÿ près de Paris, et à la Roseraie François-Mitterrand. La collection Fineschi en Toscane en comprend soixante-six et l'Europa-Rosarium de Sangerhausen en Allemagne en possède trente-deux. Cependant un grand nombre des cent quarante obtentions de Dot ne sont plus présentes que dans des jardins privés en Espagne, et parmi elles ses plus beaux hybrides de thé. La belle 'Angelita Ruaix' par exemple n'est plus préservée que sur un balcon par sa fille aînée à Barcelone.

Les collections australiennes plébiscitent la floribunda ‘Cascabel’, et ‘Catalònia’, ‘Condesa de Sástago’, ‘Duquesa de Peñeranda’, 'Frivolité', ‘Girona’, ‘Golden Moss’, ‘Lady Trent’ ('Julia Ferran'), ‘Linda Porter’ (‘Miguel Andrufeu’), ‘Lola Montes’, ‘Madame Grégoire Staechelin’, ‘Nevada,’ ‘Pilarin Vilella’ et ‘Rádio.’ Les rosiers miniatures sont présents aussi. Les catalogues en France proposent régulièrement en priorité 'Nevada', 'Madame Grégoire Staechelin', ou encore la bicolore 'Condesa de Mayalde'.

Notes et références

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  1. Manifest amb motiu del 125è aniversari del naixement de Pere Dot, Amics de les Roses de Sant Feliu de Llobregat: Pere Dot (1885-1976) en el 125è aniversari del seu naixement (1885-2010) - Manifiesto con motivo del 125 aniversario del nacimiento de Pere Dot, Amigos de las Rosas de San Feliu de Llobregat: Pedro Dot (1985-76) en el 125º aniversario de su nacimiento (1885-2010)
  2. Jaume Garcia i Urpi, Amics de les Roses de Sant Feliu de Llobregat.
  3. Il meurt le 28 mars 1896
  4. (es) Prix et création de Dot sur le site des Amis des roses de San Feliu de Llobregat
  5. (en) Charles & Brigid Quest-Ritson, The RHS Encyclopaedia of Roses, Dorling Kindersley, 2003, p. 122. (ISBN 978-1-4053-3511-9)
  6. (en) American Rose Annual, entre 1925 et 1950.
  7. (en) Jean Lewis, « Depression-Era Roses », in Rosa Mundi, automne 2009–hiverr 2010, p. 55. Disponible en ligne, cf Depression-era Roses at Heritage Rose Foundation
  8. (en) The Modern Rose, American Rose Society.
  9. (en) Roger Phillips & Martyn Rix, The Quest for the Rose, BBC Books, 1993, p. 206. (ISBN 0-563-36442-4).
  10. (en) Charles Quest-Ritson, Climbing Roses of the World, Portland/Cambridge (GB), Timber Press, , 306 p. (ISBN 0-88192-563-2), p. 239 Also "Pedro Dot" in Charles & Brigid Quest-Ritson, Encyclopedia of roses, New York, Dorling-Kindersley, , 448 p. (ISBN 978-0-7566-8868-4), p. 122
  11. (en) Charles & Brigid Quest-Ritson, The RHS Encyclopaedia of Roses, Dorling Kindersley, 2003, p. 122. (ISBN 978-1-4053-3511-9).
  12. (en) Jean Lewis, "Depression-Era Roses", in Rosa Mundi, automne 2009–hiver 2010, p. 55. Lecture en ligne Depression-era Roses at Heritage Rose Foundation
  13. (en) Peter Harkness, "Notable Rose Breeders", entry for Dot, Pedro and Simon (Spain), p. 678 in Peter Beales and others, Botanica's Roses: the Encyclopaedia of Roses, 1998, Random House. (ISBN 0-09-183592-5).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Bunny Skran, "Pedro Dot and the Spanish Tradition", American Rose, 1999, pp. 30–33.
  • (en) Charles & Brigid Quest-Ritson, The RHS Encyclopaedia of Roses, Dorling Kindersley, 2003, p. 122. (ISBN 978-1-4053-3511-9).
  • (en) Peter Harkness, "Notable Rose Breeders", entry for Dot, Pedro and Simon (Spain), p. 678 in Peter Beales and others, Botanica's Roses: the Encyclopaedia of Roses, 1998, Random House. (ISBN 0-09-183592-5).

Liens externes

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