Variraptor

genre de dinosaures

Variraptor est un genre de dinosaure carnivore du Crétacé supérieur (83 à 72 Ma). Découvert en France dans la formation des Grès à reptiles[1],[2] dans le Var (d'où son nom qui signifie voleur du Var[2]) mais aussi dans les Bouches-du-Rhône (dont la réserve naturelle de Sainte-Victoire) et l'Hérault[3]. Il appartient à la famille des Dromaeosauridae et est le premier membre de cette famille formellement décrit en France[4].

Datation et contexte géologique

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Les fossiles de Variraptor proviennent du Crétacé Supérieur, durant l'âge du Campanien suite à une révision stratigraphique durant la thèse du paléontologue Thierry Tortosa[4]. Les fossiles proviennent des siltites du faciès Rognacien inférieur[4].

Étymologie

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Le genre Variraptor est un taxon monospécifique qui a été créé en 1998[2],[5] par les paléontologues Éric Buffetaut et Jean Le Loeuf. Le nom de genre, Variraptor, signifie « voleur du Var » en référence au département du Var ainsi que le fleuve du même nom[2]. L'épithète spécifique mechinorum rend hommage aux paléontologues amateurs Patrick et Annie Méchin découvreurs des premiers restes fossiles de ce taxon[2].

Variraptor aurait pu s'appeler « Buccorhodaniraptor » signifiant « voleur des Bouches-du-Rhône » mais ce choix aurait été moins esthétique[4].

Historique de découverte et diagnose

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Première mention

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En 1992 les paléontologues Éric Buffetaut et Jean Le Loeuf ainsi que le couple Méchin (découvreur des fossiles) publient la description d'ossements de dromaeosauridés originaire de Roques-Hautes (département des Bouches-du-Rhône) et de Fox-Amphoux - Métisson (département du Var)[6].

Sont alors décrit :

  • un fémur gauche assez complet trouvé à Fox-Amphoux dont la longueur d'environ 23 cm laisse supposer l'appartenance à un animal d'1 m ou d'1,5 m de long[6]
  • les fossiles de Roque-Hautes constitués d'une vertèbre cervico-dorsale, d'une vertèbre sacro-caudale et de plusieurs fragments de côtes[6].
 
Moulage de l'humérus droit (MDE-D158) et du fémur gauche (CM-203) exposés au Musée des dinosaures d'Espéraza.

Dans cette étude ces fossiles sont rapprochés des taxons Elopteyx et Deinonychus.

Nouveaux restes et création de Variraptor

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C'est en 1998 après la découverte de nouveaux ossements découverts à Fox-Amphoux (sur un nouveau site au lieu-dit La Bastide Neuve) que le taxon Variraptor mechinorum a été érigé[2],[4]. Ces nouveaux fossiles, un humérus droit et un sacrum, furent considérés comme appartement au même taxon que les restes cités au paragraphe précédant[2]. Le Loeuff et Buffetaut proposèrent alors une diagnose qui a été critiquée dans des études ultérieurs par d'autres auteurs[7],[8],[9]. L'un des problèmes soulevé était la composition chimérique de Variraptor, cependant une publication de 2009 incluant de nouveaux de restes provenant de l'Hérault et du Var a clarifié la situation et rend invalide cette allégation de taxon « chimérique »[4],[10]. De plus la publication de 2009 explicite bien les différences entre Variraptor et les autres dromaeosauridés[10].

Diagnose émendée de Variraptor[4]

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  • Des vertèbres cervico-dorsales :
    • 1. avec des épipophyses proéminentes
    • 2. avec des hypapophyses très développées
    • 3. avec deux pleurocèles
  • Des vertèbres dorsales :
    • 4. avec un centrum antéropostérieurement court
  • Un sacrum :
    • 5. avec cinq vertèbres sacrées coossifiées
  • Une vertèbre sacro-caudale :
    • 6. avec un centrum de forme trapézoïdale
    • 7. avec des processus transverses « aliformes » (formant de petites ailettes)
  • Des humérus :
    • 8. avec une crête deltopectorale bien développée
    • 9. avec un tubercule interne bien développé
    • 10. avec un tubercule médial fortement développé
 
Fossiles de Variraptor présentés dans le cadre de l'exposition "Sur les traces des dinosaures de la montagne Sainte-Victoire" à Aix-en-Provence.

Validité du taxon

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La validité de ce taxon est débattue, la question de la synonymie entre Variraptor mechinorum et Pyroraptor olympius demeure toujours non résolue dans l'état actuel de la littérature scientifique[4],[11],[12],[13]. Néanmoins, ces deux taxons sont reconnus comme valide par plusieurs auteurs[4],[10],[13].

Caractéristiques

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Ce dinosaure mesurait moins de 2,5m de long[4] mais sa longueur maximale est estimée à 3 mètres[14]. Fragmentaire Variraptor est actuellement connu par divers éléments squelettiques[2],[4],[10]:

La forme du crâne est à l'heure actuelle inconnue puisqu'aucun reste n'a pour l'instant été découvert[15].

Présence de plumes

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Aucune plume fossilisée n'a été trouvée en association avec les restes de Variraptor[4]. Leur présence dans les reconstitutions de Variraptor est donc le résultat d'inférence sur la base d'autres membres de la famille des dromaeosauridés chez lesquels des plumes fossiles (ou des preuves matérielles de leur présence) ont été trouvées[16] comme chez Velociraptor[17], Microraptor[18] ou Zhenyuanlong[19].

 
Restitution paléoartistique du Variraptor mechinorum au muséum départemental du Var.

Phylogénie

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La position phylogénétique de Variraptor est variable selon les analyses. Pour l'instant seul son appartenance au clade des dromaoesauridés fait consensus.

Dans une étude de 2019 par le paléontologue et paléoartiste Scott Hartman et ses co-auteurs Variraptor est retrouvé en tant que groupe frère de Bambiraptor[20]. Cependant aucune des instituions dépositaires des fossiles ou le couple Méchin (propriétaire de certains restes) ne sont remerciés ou cités impliquant que l'inclusion de Variraptor a très probablement été faite sans consultations des restes. Les auteurs indiquent que seul le matériel holotyique, c'est-à-dire la vertèbre dorsale postérieure (MDE-D168) articulée avec le sacrum (MDE-D169), ainsi que l'ilion droit (CM-645) ont été pris en compte. Or cet ilion étant du matériel rapporté, il convient de noter que la logique voudrait que d'autres restes du matériel rapporté le soient aussi (au moins ceux provenant du même gisement). Ainsi cette analyse est donc incomplète et est donc très peu robuste pour Variraptor.

Dans une étude de 2020 et d'une étude 2022 (qui reprend les mêmes données) Variraptor est retrouvé au sein du clade des Unenlagiinae[21],[22] cependant là encore les résultats sont peu robustes.

Paléoécologie

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Reconstitution de Variraptor au Muséum d'histoire naturelle de Nîmes réalisée par le paléoartiste Michel Fontaine.

En se basant sur le taxon Deinonychus il est envisageable que Variraptor était un chasseur davantage solitaire avec des coopérations ponctuelles entre individus[23],[24]. En se basant sur des fossiles de Velociraptor il devait aussi être un charognard[25]. L'aspect charognard de son mode de vie est également cohérent avec le contexte taphonomique car les dents de Variraptor sont fréquemment associées à des restes d'herbivores[5].

Article connexe

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Références taxinomiques

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Références

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  1. (en) David B. Weishampel, Peter Dodson, Halszka Osmólska et Halszka Osmolska, The Dinosauria, University of California Press, , 861 p. (ISBN 978-0-520-24209-8, lire en ligne)
  2. a b c d e f g et h Jean Le Loeuff et Éric Buffetaut, « A new dromaeosaurid theropod from the Upper Cretaceous of southern France », ORYCTOS, vol. 1,‎ , p. 105-112 (lire en ligne [PDF])
  3. Y. Laurent, J. Le Loeuff, M. Bilotte et E. Buffetaut, « Chapter D10 Campanian-Maastrichtian continental-marine connection at the Aquitaine-Pyrenees-Provence area (S France) », dans Developments in Palaeontology and Stratigraphy, vol. 19, Elsevier, coll. « The Campanian-Maastrichtian stage boundary », , 657–674 p. (lire en ligne)
  4. a b c d e f g h i j k et l Thierry Tortosa et Éric Buffetaut, « RÉSERVE NATURELLE DE SAINTE-VICTOIRE : SOUS LES OEUFS, DES OS DE DINOSAURIENS », dans Thierry Tortosa, Monique Vianey-Liaud, Cahiers de la Réserve Naturelle de Sainte-Victoire, Département des Bouches-du-Rhône, , 159 p. (ISBN 978-2-9507010-1-5, lire en ligne), p. 116-121
  5. a et b « Variraptor, le voleur du Var », Pour la Science, no 256,‎ , p. 25 (lire en ligne  )
  6. a b et c Jean Le Loeuff, Éric Buffetaut, Patrick Méchin et Annie Méchin-Salessy, « The first record of dromaesaurid dinosaurs (Saurischia, Theropoda) in the Maastrichtian of Southern Europe; palaeobiogeographical implications », Bulletin de la Société Géologique de France, vol. 163, no 3,‎ , p. 337-343
  7. (en) Ronan Allain et Philippe Taquet, « A new genus of Dromaeosauridae (Dinosauria, Theropoda) from the Upper Cretaceous of France », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 20, no 2,‎ , p. 404–407 (ISSN 0272-4634 et 1937-2809, DOI 10.1671/0272-4634(2000)020[0404:ANGODD]2.0.CO;2, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Alan H. Turner, Peter J. Makovicky et Mark A. Norell, « A Review of Dromaeosaurid Systematics and Paravian Phylogeny », Bulletin of the American Museum of Natural History, vol. 371,‎ , p. 1–206 (ISSN 0003-0090, DOI 10.1206/748.1, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Ronan Allain et Xabier Pereda Suberbiola, « Dinosaurs of France », Comptes Rendus Palevol, vol. 2, no 1,‎ , p. 27–44 (DOI 10.1016/S1631-0683(03)00002-2, lire en ligne, consulté le )
  10. a b c et d (en) Phornphen Chanthasit et Eric Buffetaut, « New data on the Dromaeosauridae (Dinosauria: Theropoda) from the Late Cretaceous of southern France », Bulletin de la Société Géologique de France, vol. 180, no 2,‎ , p. 145–154 (ISSN 1777-5817 et 0037-9409, DOI 10.2113/gssgfbull.180.2.145, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Z. Csiki-Sava, « Island life in the Cretaceous - faunal composition, biogeography, evolution, and extinction of land-living vertebrates on the Late Cretaceous European archipelago. », Zookeys,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Rubén Molina-Pérez, Asier Larramendi, David Connolly et Gonzalo Ángel Ramírez Cruz, Dinosaur Facts and Figures : The Theropods and Other Dinosauriformes, Princeton University Press, , 288 p. (ISBN 978-0-691-18031-1, lire en ligne)
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  14. Dinosaures de France, LaHautTv (, 26:23 minutes), consulté le
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