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Acionna

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Divinité gallo-romaine, liée aux eaux. Son existence est attestée dans l'Orléanais.

La stèle d'Acionna

En 1822, Jean-Baptiste Jollois, un des « inventeurs » de l'archéologie orléanaise, réalisa des sondages sur l'emplacement de la « fontaine de l'Étuvée », une ancienne source artificiellement tarie qu'il était alors question de redécouvrir pour alimenter en eau les fontaines publiques de la ville. Il mit au jour, dans ce qui lui paraissait être un ancien puisard, une stèle approximativement carrée (0,60 x 0,55 m.)portant une inscription votive. D'après son style, elle pourrait dater du IIe siècle. La gravure en est soignée et la lecture ne présente aucune difficulté :

AUG(ustae) ACIONNAE
SACRUM
CAPILLUS ILLIO
MARI F(ilius) PORTICUM
CUM SUIS ORNA
MENTIS V(otum) S(olvit) L(ibens) M(erito)
« Consacré à Augusta Acionna, Capillus fils d'Illiomarus, (a offert) ce portique avec ses ornements. Il s'est acquitté de son voeu de bon gré, comme il est juste »

Une divinité des eaux

Ancionna est inconnue par ailleurs, mais la finale en -onna indique indiscutablement un nom gaulois latinisé. La découverte de sa stèle dans une ancienne fontaine suggère une divinité liée aux eaux. Son nom peut être rapproché du nom de l'Essonne - Axiona, Exona, dans les textes médiévaux - qui prend sa source dans la déclivité nord de la forêt d'Orléans. (Le cours supérieur de cette rivière s'appelle aujourd'hui l'"Oeuf" et ne prend le nom d'"Essonne" qu'àprès sa jonction avec la Rimarde). Une autre rivière de la forêt d'Orléans, l'"Esse" ou "Ruisseau des Esses" qui, elle, s'écoule vers le sud, porte peut-être le même nom. L'Esse se jette dans la Bionne, au nom certainement celtique.

Ancionna avait-elle un sanctuaire à la Fontaine de l'Étuvée ? Capillus aurait-il été guéri par ses eaux, ce qui expliquerait l'exécution de son voeu ? Rien ne permet de l'affirmer véritablement. Autour de la stèle, Jollois n'a trouvé que d'abondants débris de céramique et de tuiles.

Capillus fils d'Illiomarus

On notera aussi que Capillus - nom latin - est le fils d'un Illiomarus au nom nettement gaulois. A se fier à l'anthroponymie, Capillus peut apparaître comme représentant la seconde génération d'une lignée de notables romanisés, mais qui n'a pas oublié, en cas de nécessité, le recours aux divinités traditionnelles.


La stèle d'Acionna, déposée au jeune Musée historique d'Orléans après sa découverte, a disparu. Mais Jollois l'avait fait dessiner et reproduire en lithographie. Surtout, le Musée des Antiquités nationales a eu le temps d'en prendre un moulage qui se trouve aujourd'hui... au musée d'Orléans.

Bibliographie

  • Jollois, J.-B.- Notice sur les nouvelles fouilles entreprises dans l'emplacement de la fontaine de l'Étuvée et sur les antiquités qu'on y a découvertes, in : Annales de la Société royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans, tome 7, 1824, pp. 143-167 - (publication princeps de l'inscription et reproduction lithographiée) ;
  • CIL, XIII, 3063 ;
  • Debal, J.- Cenabum, Aurelianis, Orléans.- Presses universitaires de Lyon, 1996 - (coll. Galliæ civitates) ISBN 2-7297-0554-6