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Sufentanil

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Sufentanil
Image illustrative de l’article Sufentanil
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Identification
Nom UICPA N-[4-(méthoxyméthyl)-1-(2-thiophen-2-yléthyl)-4-pipéridyl]-N-phényl-propanamide
No CAS 56030-54-7
No ECHA 100.168.858
Code ATC N01AH03
DrugBank DB00708
PubChem 41693
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C22H30N2O2S  [Isomères]
Masse molaire[1] 386,551 ± 0,026 g/mol
C 68,36 %, H 7,82 %, N 7,25 %, O 8,28 %, S 8,3 %,
pKa 8,0
Propriétés physiques
fusion 97 °C [2]
Solubilité 76 mg·l-1 (eau,25 °C) [2]
Écotoxicologie
LogP 3,95 [2]
Données pharmacocinétiques
Métabolisme Hépatique
Demi-vie d’élim. 265 minutes
Excrétion

rénale

Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique Analgésique opioïdeStupéfiant
Voie d’administration Intraveineuse
Précautions Dépresseur respiratoire
Caractère psychotrope
Catégorie Stupéfiant
Risque de dépendance Très élevé si usage
non-thérapeutique

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le sufentanil est un opioïde liposoluble de synthèse utilisé en anesthésie et dans les services de réanimation à des fins d'antalgique. Sur le plan structurel il diffère du fentanyl par l'ajout d'un groupe méthoxyméthyle sur l'anneau pipéridine (ce qui augmente sa puissance mais réduit sa durée d'action) et le remplacement de l'anneau phényle par un thiophène[3]. Le sufentanil a été synthétisé pour la première fois chez Janssen Pharmaceutica en 1974.

Usages en médecine

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Ampoule de sufentanil utilisée en anesthésie

Il est utilisé par les anesthésistes en France quotidiennement pour la majorité des interventions sous anesthésie générale à des fins d'analgésie per opératoire. Une induction anesthésique requiert de l'ordre de 0,2µg/kg de sufentanil, et les patients reçoivent de l'ordre de 10 à 50µg de sufentanil par intervention en moyenne.

Il peut être administré par voie péridurale ou inthrathécale (rachianesthésie) afin d'améliorer la qualité du bloc anesthésique et pour en prolonger les effets[4]. Un grand nombre des maternités de France utilisent le sufentanil en adjonction à la ropivacaïne dans le mélange anesthésique (0,25 à 0,5µg/mL) administré par voie péridurale lors du travail obstétrical.

Il est utilisé pour l'analgésie des patients sous ventilation mécanique, seul ou en adjonction au midazolam ou propofol, à une dose de l'ordre de 5 à 25µg/h IVSE (intraveineux à la seringue électrique).

Bien qu'assez rarement employé de cette façon, la morphine lui étant souvent préféré, le sufentanil peut s'employer en titration intraveineuse pour soulager une douleur aiguë post opératoire, ou sous forme de PCA.

Pharmacocinétique et pharmacodynamique[5]

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Le sufentanil agit comme un agoniste des récepteurs µ aux opioïdes et opiacés. Il s'agit d'un analgésique morphinomimétique très puissant, 10 fois plus puissant que le fentanyl, et 1000 fois plus puissant que la morphine chez l'homme.

En termes d'équivalences[6] : 1mg de morphine = 1 µg de sufentanil =10 µg de fentanyl = 1mg d'oxycodone ou de nalbuphine.

Le sufentanil est le plus souvent administré par voie intraveineuse, il possède cependant une excellent biodisponibilité par voie sous cutanée (99%), bonne par voie intranasale (70%) pour un usage pédiatrique et sublinguale (60%)(e.g. Zalviso®).

Le pic d'efficacité est atteint entre 2 et 6 minutes après l'administration selon la voie utilisée.

Le sufentanil est éliminé principalement par métabolisation. Le foie et l'intestin grêle sont les principaux sites de biotransformation. Au niveau hépatique, la métabolisation se fait principalement par le cytochrome P450 3A4.

Environ 80 % de la dose administrée est éliminée dans les 24 heures suivant l'administration, et les effets analgésiques ressentis dépassent rarement les 2h après l'administration.

Parce que le sufentanil est principalement métabolisé par le CYP450 3A4, les inhibiteurs enzymatiques de ce cytochrome(Jus de pamplemousse, amiodarone, cimétidine, erythromycine, fluconazole, réglisse, vérapamil...) sont à risque de majorer les effets indésirables du sufentanil et sa demi vie, et les inducteurs enzymatiques (carbamazépine, dexaméthasone, millepertuis, rifampicine...) vont accélérer son élimination.

Effets indésirables[5]

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Ce sont les effets habituellement rencontrés pour les opioïdes:

Myosis, euphorie, bradycardie, dépression respiratoire (bradypnée, apnée), trouble de conscience, coma, constipation, rétention d'urines, prurit, nausée et vomissements, risque de mésusage et de dépendance.

Le sufentanil fait partie des médicaments à faible risque de syndrome sérotoninergique lorsqu'il est associé à d'autres traitements comme les IMAO (e.g. Linézolide, bleu de méthylène, Sélégiline...) ou ISRS (e.g. fluoxétine) ou IRSNa (e.g. venlafaxine)[7].

sufentanil
Informations générales
Princeps
  • Sufenta (Belgique, France, Suisse)
Classe Anesthésiques opiacés : ATC code N01AH03
Forme solution injectable
Administration injection IV, péridurale
Sels sufentanil citrate
Laboratoire Eurocept,Piramal Critical Care, Mylan, Panpharma, Renaudin, Sandoz
Identification
No CAS 56030-54-7 Voir et modifier les données sur Wikidata
No ECHA 100.168.858
Code ATC N01AH03
DrugBank DB00708 Voir et modifier les données sur Wikidata

Tous les effets du sufentanil sont immédiatement et complètement antagonisables par l'utilisation de naloxone(Narcan®)[8].

Notes et références

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  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a b et c (en) « Sufentanil », sur ChemIDplus, consulté le 18 août 2009
  3. (en) S. Vuckovic, M. Prostran, M. Ivanovic et Lj Dosen-Micovic, « Fentanyl Analogs: Structure-Activity-Relationship Study », Current Medicinal Chemistry, vol. 16, no 19,‎ , p. 2468–2474 (lire en ligne, consulté le )
  4. Société Française d'Anesthésie Réanimation, « Recommandations : blocs périmédullaires de l'adulte »
  5. a et b « Résumé des caractéristiques du produit - SUFENTANIL VIATRIS 50 microgrammes/ml, solution injectable (IV ou péridurale) - Base de données publique des médicaments », sur base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr (consulté le )
  6. « Table: Équivalence de doses des antalgiques opiacés*,† », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le )
  7. (en) Brian A. Baldo, « The anaesthetist, opioid analgesic drugs, and serotonin toxicity: a mechanistic and clinical review », British Journal of Anaesthesia,,‎ (DOI 10.1016/j.bja.2019.08.010, lire en ligne)
  8. (en) Rachael Rzasa Lynn and JL Galinkin, « Naloxone dosage for opioid reversal: current evidence and clinical implications », Therapeutic Advances in Drug Safety,‎ (DOI 10.1177/2042098617744161, lire en ligne)

Liens externes

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