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Capitulation de Yorktown

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Capitulation de Yorktown
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Reddition du Britannique Cornwallis après la bataille de Yorktown, 1781

Date
Lieu Yorktown

Aussitôt que la capitulation fut signée après la bataille de Yorktown, M. de Rochambeau fit venir auprès de lui M. de Lauzun et lui dit qu'il le destinait à porter cette grande nouvelle en France. Lauzun s'en défendit et lui conseilla d'envoyer de préférence M. de Charlus, qui y trouverait l'occasion de rentrer dans les bonnes grâces du duc de Castries, son père. Mais M. de Rochambeau lui répliqua que, puisqu'il avait commandé la première affaire, c'était à lui à porter le premier la nouvelle du succès, et que le comte Guillaume de Deux-Ponts ayant engagé la seconde action partirait sur une autre frégate pour porter les détails[1].

Lauzun s'embarqua le 24, sur la frégate la Surveillante, et parvint à Brest après vingt-deux jours de traversée. En même temps, le général Washington dépêchait son aide de camp, Tightman, au Congrès.

Déroulement

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Enthousiasme que la prise d'Yorktown répand à Philadelphie

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La nouvelle de la prise d'York, qui se répandit aussitôt dans Philadelphie, y causa une joie inexprimable[2].

Le Congrès se rassemble. Décisions prises comme marques de reconnaissance envers Washington, Rochambeau et de Grasse

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Le Congrès se rassembla le 29 et prit une résolution pour faire ériger une colonne de marbre à York, ornée d'emblèmes rappelant l'alliance entre les États-Unis et la France avec un récit succinct de la reddition de l'armée et de lord Cornwallis aux généraux Washington, Rochambeau et Grasse. Il décida également qu'il offrirait deux drapeaux au général Washington et quatre pièces de canon anglaises au comte de Rochambeau et au comte de Grasse, avec une inscription qui leur marquât la reconnaissance du Congrès des États-Unis pour la part glorieuse qu'ils avaient prise à cette brillante expédition.

G. de Deux-Ponts part en France porter des détails sur la capitulation

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Le 26, le comte Guillaume de Deux-Ponts, chargé des détails du siège et de la capitulation que lui avait donnés par écrit M. de Rochambeau ainsi que du rapport qu'il avait été chercher auprès du comte de Grasse à bord de la Ville de Paris, s'embarqua sur l'Andromaque, capitaine M. de Ravenel, avec MM. de Damas, de Laval et de Charlus, qui avaient obtenu l'autorisation de revenir en France. Les vents furent contraires jusqu'au 27 après-midi. Vers deux heures on appareilla. L'Andromaque avait passé les bancs de Middle-Ground, elle se trouvait à la hauteur du cap Henry, lorsque des signaux faits par la Concorde, en répétition de ceux de l'Hermione qui croisait entre les caps Charles et Henry, annoncèrent la présence d'une flotte anglaise. Elle était forte de vingt-sept vaisseaux et avait à bord le prince William-Henry, avec un corps de troupes de six mille hommes, venu de New York, aux ordres du général Clinton.

L'Andromaque fut obligée de rentrer dans la James River et d'attendre jusqu'au 1er novembre, sous la protection de l'escadre française, que la flotte anglaise eût tout à fait disparu. Elle put enfin sortir ce même jour, vers onze heures, sous la protection de l'Hermione, qui l'escorta jusqu'à la nuit. Le 20 novembre, l'Andromaque abordait à Brest sans avoir couru aucun danger sérieux, et, le 24, le comte de Deux-Ponts s'acquittait à la cour de la commission dont il était chargé.

La mort de Maurepas en empêche la réalisation

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Le roi accueillit avec la plus grande satisfaction MM. de Lauzun et de Deux-Ponts, et leur fit les plus belles promesses pour l'armée expéditionnaire et pour eux-mêmes; mais son premier ministre M. de Maurepas mourut sur ces entrefaites, et MM. de Castries et de Ségur en profitèrent pour ne pas tenir les promesses royales à l'égard de Lauzun et pour n'accorder de grâces ni à lui-même, ni aux officiers de son corps qui s'étaient le plus brillamment conduits. M. de Castries enleva même à ce colonel les quatre cents hommes de sa légion qui étaient restés à Brest pour les envoyer au Sénégal tenir garnison jusqu'à la fin de la guerre dans un pays célèbre par son insalubrité.

Chute à Londres du ministère North

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Tandis que la nouvelle de la capitulation d'York était à Versailles l'occasion de nouvelles fêtes, à Londres elle déterminait la chute du ministère North. On sentit, comme dans toute l'Europe, que cet échec avait décidé du sort de la querelle entre l'Angleterre et les États-Unis, et il ne fut plus question dès lors que de reconnaître l'indépendance de ces derniers à des conditions avantageuses pour la Grande-Bretagne.

La capitulation d'Yorktown décide de l'indépendance américaine

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Le général Washington et La Fayette auraient voulu profiter de la supériorité des forces du comte de Grasse pour attaquer Charleston et ce qui restait d'Anglais dans les États du Sud. La Fayette devait prendre son infanterie légère, les grenadiers et les chasseurs français, ainsi que le corps de Saint-Simon, et aller débarquer du côté de Charleston, pour coopérer avec le général Nathanael Greene, qui tenait dans la Caroline[3].

Mais le comte de Grasse se refusa obstinément à toute opération nouvelle sur les côtes de l'Amérique septentrionale. Il voulait retourner, comme ses instructions le lui recommandaient du reste, à la défense des Antilles.

Clinton se contente de mettre une faible garnison à Charleston

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Lorsque le général Clinton eut appris la prise d'York, il se retira avec la flotte, se contenta de jeter trois régiments dans Charleston et rentra à New-York.

Il rentre à New-York

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Mais sa présence donna lieu de soupçonner à M. de Rochambeau que les Anglais pourraient tenter de débarquer en dehors de la baie, entre le cap Henry et le grand marais appelé Dismal-Swamp, pour se jeter dans Portsmouth, sur la rivière d'Elisabeth. Ce poste, où s'était d'abord réfugié Arnold, avait été bien retranché, et lord Cornwallis, qui l'avait occupé avant de lui préférer Yorktown, en avait étendu et perfectionné les fortifications.

Dumas est chargé de détruire les retranchements de Portsmouth

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L'adjudant général Dumas fut chargé de détruire ces ouvrages le plus rapidement possible; on mit sous ses ordres, dans ce but, un bataillon de milices américaines. Dumas trouva ces retranchements dans un très bon état. Il profita d'un vent d'ouest très violent pour incendier les fascinages, les palissades et les abatis; mais il fut obligé d'employer ensuite plus de huit jours, avec l'aide de tous les miliciens et de tous les ouvriers qu'il put rassembler, pour en achever la destruction complète.

Départ de Grasse pour les Antilles

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Le comte de Grasse, aussitôt après la capitulation, avait fait ses préparatifs de départ. Pendant les journées des 1 et , il fit embarquer sur ses vaisseaux les soldats de Saint-Simon, prit des approvisionnements et le 4 il fit voile pour les Antilles, ne laissant dans la baie de Chesapeak qu'une petite escadre composée du Romulus, aux ordres de M. de La Villebrune, et de trois frégates.

Suspension des hostilités

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Le même jour, les bâtiments promis aux Anglais pour les transporter à New-York ou en Angleterre furent mis à leur disposition. Lord Cornwallis s'embarqua pour New-York. Les premiers succès de ce général avaient fait espérer aux Anglais qu'il allait devenir le conquérant des colonies révoltées et leur punisseur. Lui-même avait longtemps compté sur le succès.

Pendant toute la campagne de 1781, il ne cessait d'écrire à son gouvernement qu'il avait définitivement conquis les Carolines[4] Pourtant Cornwallis ne garda pas trop longtemps ses illusions. Six mois avant la chute d'York, comme on lui avait offert le titre de marquis[5]

Notes et références

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  1. M. de Lauzun dit dans ses mémoires que de Charlus ne pardonna jamais à M. de Rochambeau ni à lui-même de n'avoir pas été chargé de cette commission. Pourtant ce dernier partit aussi peu de jours après avec Guillaume de Deux-Ponts.
  2. «Plusieurs particuliers témoignèrent leur satisfaction par des illuminations (Cr. du Bourg), et cet événement a fourni matière aux gazetiers de se distinguer, chose que les Américains ne négligent pas plus que les Anglais. Trop heureux quand leurs papiers publics ne sont pas remplis de faussetés.»
  3. On dit même que lord Cornwallis, instruit de ce projet et voyant La Fayette monter sur un canot pour se rendre à la flotte du comte de Grasse, dit à quelques officiers anglais: «Il va décider de la perte de Charleston.» Il manifesta la même crainte quand il vit revenir La Fayette à York.
  4. Et comme cette conquête était toujours à refaire, on assimila plaisamment en Angleterre le succès de ce général à la capture qu'avait faite un soldat écossais d'un milicien américain. Il écrit à son capitaine: J'ai fait un prisonnier.--Eh bien! il faut l'amener.--Mais il ne veut pas.--Reviens toi-même alors.--Mais c'est qu'il ne veut pas me laisser aller.
  5. Voici ce qu'il écrivit au Lord Germain: «Je vous supplie de faire mes plus humbles remerciements à Sa Majesté pour ses bonnes intentions et de lui représenter en même temps tous les dangers de ma position. Avec le peu de troupes que j'ai, trois victoires de plus achèveront de me ruiner si le renfort que je demande n'arrive pas. Jusqu'à ce que j'en aie reçu un qui me donne quelque espoir de terminer heureusement mon expédition, je vous prie de ne me parler ni d'honneurs ni de récompenses.»

Thomas Balch, Les Français en Amérique pendant la guerre de l’Indépendance des États-Unis 1777-1783, [détail des éditions]