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« Robert Nicoïdski » : différence entre les versions

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{{Infobox Artiste
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|nom= Robert Nicoïdski
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'''Robert Louis Nicoïdski''', nom d'artiste de '''Willy Louis Robert-Nicoud'''<ref name="matchid">{{Lien web |auteur institutionnel=[[Insee]] |titre=Extrait de l'acte de décès de Willy Louis Robert-Nicoud |url=https://deces.matchid.io/id/aLfzFnQO_zSq |site=[[Fichier des personnes décédées#MatchID|MatchID]] }}</ref>, né le {{Date de naissance|5|12|1931}} à [[La Chaux-de-Fonds]] ([[canton de Neuchâtel]]) et mort le {{Date de décès|23|10|1996}} à [[Paris]], est un [[Artiste peintre|peintre]] et [[Gravure|graveur]] ([[eau-forte]], [[aquatinte]]) [[suisse]].
'''Robert Nicoïdski''' est un [[artiste peintre]] et [[Gravure|graveur]] suisse d'ascendance polonaise né à [[La Chaux-de-Fonds]] ([[Canton de Neuchâtel]], [[Suisse]]) le 5 décembre 1931. Il s'est installé à Paris en 1956. L'écrivain [[Clarisse Nicoïdski]] était son épouse. Il est mort à Paris le 23 octobre 1996.

Il était mariée à l'écrivaine [[Clarisse Nicoïdski]] (1938-1996).


== Biographie ==
== Biographie ==
[[File:00 la-chaux-de-fonds.jpg|thumb|left|redresse|[[La Chaux-de-Fonds]]]]
Robert Nicoïdski est élève de Lucien Schwob<ref>[http://cdf-bibliothèques.ne.ch/LucienSchwob Biblipothèque de la ville de la Chaux-de-Fonds, ''Biographie de Lucien Schwob] Source= Fonds manuscrits Lucien Schwob]</ref> à La Chaux-de-Fonds de 1950 à 1952, de l'[[Haute École d'art et de design Genève|École des beaux-arts de Genève]] de 1952 à 1955, de l'[[École nationale des beaux-arts]] de Paris de 1957 à 1960.
D'ascendance [[Pologne|polonaise]], Robert Nicoïdski {{citation|naît de père inconnu et est abandonné par sa mère à l'âge de 4 ans aux portes d'un orphelinat suisse où les éducateurs le battirent comme plâtre}}<ref>[http://lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/12/01/irremplacables-d-elie-robert-nicoud-tendres-hommages-d-un-fils-aimant_6021252_5473203.html Macha Séry, « "Irremplaçables", d'Élie Robert-Nicoud : tendres hommages d'un fils aimant », ''Le Monde'', 1er décembre 2019]</ref>. Enfant d'un tempérament solitaire dont la vocation artistique apparaît très tôt (avec cependant une seconde attirance pour la boxe), il commence à peindre en 1948, {{citation|et ceci, frénétiquement}}<ref name="JAD"/>. Il est élève de [[Lucien Schwob]]<ref>[http://cdf-bibliothèques.ne.ch/LucienSchwob Biblipothèque de la ville de la Chaux-de-Fonds, ''Biographie de Lucien Schwob''], Fonds des manuscrits Lucien Schwob].</ref> à [[La Chaux-de-Fonds]] de 1950 à 1952, puis entre à l'[[Haute École d'art et de design Genève|École des beaux-arts de Genève]] en 1952. S'y montrant indépendant et rebelle, reconnu très bon dessinateur mais créant déjà sa propre peinture en lieu et place de l'incontournable copie des classiques de l'art, la relation conflictuelle avec son maître de peinture l'en fait exclure en 1955<ref name="JAD"/>.
[[File:Paris 9e 11 boulevard de Clichy 96.JPG|thumb|left|redresse|11, [[boulevard de Clichy]], Paris]]
Arrivant à [[Paris]] en 1956 {{incise|où il vivra au 11, [[boulevard de Clichy]]<ref name="BNF">Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, ''De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes'', B.N.F., 1992.</ref>{{,}}<ref>[http://paris-promeneurs.com/Lieux-insolites/Ateliers-d-artistes-Boulevard-de Paris Promeneurs, ''Ateliers d'artistes, 11 boulevard de Clichy'']</ref>}}, Robert Nicoïdski fréquente l'[[Beaux-Arts de Paris|École nationale supérieure des beaux-arts]] de 1957 à 1960, travaillant successivement dans les ateliers de gravure d'[[Édouard Goerg]], dont il ne peut que remarquer {{citation|le caricatural douloureux dans ses nus et le traitement sans complaisance du thème de la volupté}}<ref>[[Jacques Busse]], « Édouard Goerg », in ''[[Dictionnaire Bénézit]]'', tome 6, Gründ, 1999, pages 242 et 243.</ref>, et de [[Jean-Eugène Bersier]], maître consensuel en ce qu'{{citation|il mêle sympathie pour l'archaïsme et curiosité pour les expressions contemporaines}}<ref>« Jean-Eugène Bersier », in ''Dictionnaire Bénézit'', tome 2, Gründ, 1999, page 203.</ref>. Bersier énoncera du reste une relation maître-élève qui fut bonne, voire complice, en évoquant Nicoïdski dans sa ''Petite histoire de la lithographie originale en France''<ref>Jean-Eugène Bersier, ''Petite histoire de la lithographie originale en France'', Éditions Estienne, 1970.</ref>. Le galeriste René Bréheret le découvre alors et est le premier à exposer Robert Nicoïdski à Paris.


En 1962, Robert Nicoïdski se rend à [[New York]] où c'est Karl Lunde (1931-2010)<ref>{{en}} [http://www.collegeart.org/obituaries/karllunde William A. Peniston, ''Karl Lunde'', College Art Association].</ref> qui le découvre à son tour et l'expose, une première fois en 1962, régulièrement ensuite, dans sa galerie The Contemporaries. Malgré son succès immédiat sur le marché américain<ref name="JAD"/>, l'artiste, refusant tout appât d'aisance financière ainsi offerte, tient à rester rigoureusement vigilant à ne pas {{citation|produire}} de la répétition et s'astreint pour cela, avec son épouse Clarisse (née Abinun, elle est la sœur du peintre Jacques Abinun<ref>[http://festivaloffavignon.com/en/program/2018/nicoidski-clarisse-a2316/ Festival off d'Avignon, ''Clarisse Nicoïdski'', juillet 2018]</ref>) et leur fils (qui sera écrivain sous les signatures de [[Louis Sanders]] et Élie Robert-Nicoud), à une discipline de vie recluse toute consacrée à la recherche picturale pour lui, à l'écriture pour elle, à une solitude donc qui restera consentie jusqu'en 1975. Il glisse durant cette période de l'[[abstraction lyrique]] vers la composition des ''Nus'', où {{citation|il déforme et torture le corps pour en faire un paysage, un monstre, un martyr, où il fait les portraits des gens qu'on assassine et de ceux qui les côtoient}}<ref name="JAD"/>, annonçant ses séries des ''Avortements'', de ''La mère et l'enfant'', des ''Décorporations'', des ''33 crucifixions''<ref name="CHA"/>. {{citation|Je me souviens, évoque ainsi [[Alain Bosquet]], du choc exceptionnel que j'avais ressenti, en 1974, en voyant les ''Avortements'', ces quelque quinze toiles de Nicoïdski, où des femmes nues, blafardes et courbées, se vidaient sur des avortons, des menstrues, du plasma, du sang impur mêlé de muscles et de boyaux rejetés de leur anatomie. Il y avait là un retour à l'animalité humaine, sans le truchement désormais éculé de la douleur peinte sur le visage… Ce qui en est resté n'est nullement une sensation d'horreur, tant il est vrai que le créateur a toujours raison, à un certain niveau de tension ou de dépassement. J'ai vite compris que Nicoïdski, comme [[Francisco de Goya|Goya]] ou [[Chaïm Soutine|Soutine]] avant lui, nous avait offert une part de notre enfer que nous n'avions guère l'habitude de contempler, et qu'il l'avait fait avec une pureté exemplaire}}<ref name="JAD"/>.
À Paris, il vit au 11, [[boulevard de Clichy]]<ref name="BNF"> Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, ''De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes'', B.N.F., 992.</ref>.
[[File:Galerie K Lyon.jpg|thumb|redresse|Galerie K., [[Lyon]]]]
La plus fulgurante rencontre de Robert Nicoïdski demeure en 1975 celle du lyonnais [[Roger Kowalski]]<ref>[http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Roger_KOWALSKI-166-1-1-0-1.html Christophe Dauphin et François Montmaneix, ''Roger Kowalski'', Les hommes sans épaules].</ref> dont il devient immédiatement l'ami, celui-ci l'accueillant pour l'accrochage aux cimaises de sa galerie K., à [[Lyon]], de la série de toiles ''Avortements''. Roger Kowalski mourra quelques semaines après cette exposition et Robert Nicoîdski brossera plusieurs importants portraits, hommages au poète-galeriste, intitulés ''Portrait de K.''<ref>Ader Nordmann, ''Catalogue de l'atelier Robert Nicoïdski'', 2015. Voir les ''Portraits de K.'', n°135 et 145.</ref>.


Si les relations entre Robert Nicoïdski et le faussaire [[Fernand Legros]] ne sont pas historiquement reconstituées, elles sont attestées par une suite de scènes et portraits peints par Nicoïdski, l'un de ces tableaux illustrant la couverture du livre de Fernand Legros (''Fausses histoires d'un faux marchand de tableaux'', Albin Michel, 1979)<ref>Ader Nordmann, ''Catalogue de l'atelier Robert Nicoïdski'', 2015. Voir les ''Portraits de Fernand Legros'', n°34, 40, 41, 42, 48, 50, 52, 53 et 106.</ref>.
== Expositions personnelles ==
[[File:JP Tower-2c.jpg|thumb|left|redresse|[[Sumo]], [[Japon]]]]
* Contemporary Gallery, [[Madison Avenue]], New-York, 1962.
Le prix Nichido qui est attribué à Robert Nicoïdski en 1976 est doté d'une exposition personnelle itinérante dans les grandes villes japonaises. Le peintre effectue alors un voyage au Japon où une fascination majeure se révèle pour le spectacle des [[sumo]]. Il y découvre une notion de l'esthétique qui conforte la sienne propre, où ce qui constitue selon les normes occidentales {{citation|de la disproportion et de l'énormité}} se transfigure, à ses yeux, en représentation du {{citation|beau essentiel}} : ses {{citation|toiles, où l'on voit s'entrelacer douloureusement ces guerriers nus destinés dès leur plus jeune âge à une mort précoce, portent en elles ce mélange inquiétant de douceur et de violence que suggère la puissante fragilité des formes}}<ref name="JAD"/>.
* ''Gravures de Robert Nicoïdski'', [[Musée d'art et d'histoire de Genève]], mai-juin 1963.

Clarisse Nicoïdski meurt le {{date-|23 décembre 1996}}<ref>[http://humanite.fr/node/147344 « La romancière Clarisse Nicoïdski est décédée au début de la semaine », ''L'Humanité'', 26 décembre 1996]</ref> en laissant comme ultime texte d'écrivain la biographie de son mari qu'elle remit au [[musée des Beaux-Arts de Chartres]] en vue de la rétrospective-hommage ''Robert Nicoïdski'' qui s'y ouvrit en {{date-|janvier 1997}} et à laquelle il était promis qu'elle assistât. {{citation|Travailleur infatigable, évoque-t-elle<ref name="CHA"/>, il interrogea tous les aspects du trait sans se donner de limite artificielle entre ce qui relève de l'[[art abstrait|abstrait]] et ce qui relève du [[Art figuratif|figuratif]]. Curieux à l'extrême de toutes les ressources que peuvent offrir à un plasticien les matériaux, il sera un des premiers à utiliser la peinture acrylique dans son association à d'autres types de peinture. Il est également un des premiers à avoir utilisé les résines plastiques pour en faire des [[Vitrail|vitraux]] et à collaborer à diverses œuvres architecturales}}<ref name="ACG"/>.

== Expositions ==
[[File:Musée des beaux-arts La Chaux-De-Fonds.jpg|thumb|redresse|[[Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds]]]]
[[File:Chartres Musée des Beaux-Arts.jpg|thumb|redresse|[[Musée des Beaux-Arts de Chartres]]]]
== Expositions personnelles ==
* [[Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds]], 1955.
* ''Gravures de Robert Nicoïdski'', [[La Hune]], 170, [[boulevard Saint-Germain]], Paris, 1962.
* Gallery, [[Madison Avenue]], NewYork, 1962.
* ''Gravures de Robert Nicoïdski'', [[ d' et d' de Genève]], mai-juin 1963.
* Musée de l'Athénée, Genève.
* ''Avortements'', galerie K. 25, quai de Bondy, [[Lyon]], 1975.
* Galerie Jade, [[Colmar]], 1976.
* Galerie Jade, [[Colmar]], 1976.
* Exposition itinérante au [[Japon]]: [[Tokyo]], [[Kyoto]], [[Nagoya]], 1976.
* Exposition itinérante au [[Japon]]: [[Tokyo]], [[Kyoto]], [[Nagoya]], 1976.
* Galerie Frédéric Gollomb, [[Saint-Paul-de-Vence]], 1976.
* Galerie Frédéric Gollomb, [[Saint-Paul-de-Vence]], 1976.
* Galerie Nichido, Paris, 1977.
* Galerie Nichido, Paris, 1977.
* ''Robert Nicoïdski, rétrospective-hommage'', [[Musée des beaux-arts de Chartres]], janvier-mars 1997.
* ''Robert Nicoïdski, rétrospective-hommage'', [[ des - de Chartres]], janvier-mars 1997.


== Expositions collectives ==
== Expositions collectives ==
* Galerie René Bréheret, 9, [[quai Malaquais]], Paris, vers 1960.
* [[Biennale de Paris]], Musée d'art moderne de la ville de Paris, 1961, 1965.
* ''Meubles tableaux'', [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou]], Paris, 1977.
* , [[ d' de ]], , .
* Exposition itinérante de gravures, [[São Paulo]], [[Stockholm]], [[Ljubljana]], Tokyo, 1970.
* ''Rétrospective de l'art européen, années 1950-1980'', Galerie [[Pierre Cardin]], New-York, octobre 1980.
* ''Meubles tableaux'', [[musée national d'Art moderne]], Paris, 1977.
* ''De Bonnard à Baselitz, dix ans d'enrichissements du cabinet des estampes'', Bibliothèque nationale de France, 1992<ref name="BNF"/>.
* [[Salon des indépendants]], [[Grand Palais (Paris)|Grand Palais]], Paris, 1977.
* ''Rétrospective de l'art européen, années 1950-1980'', [[Pierre Cardin]], NewYork, octobre 1980.
* ''10/10'', galerie J. Hahn, Paris, mars 1989<ref>[http://www.art-litterature-psychanalyse-sciberras.fr/437813412 Roger Sciberras, « De l'abstraction lyrique à la Nouvelle figuration », ''Art, littérature, psychanalyse'', mars 1989]</ref>.
* ''De Bonnard à Baselitz, dix ans d'enrichissements du cabinet des estampes'', Bibliothèque nationale de France, 1992<ref name="BNF"/>.
* Bollag Galleries, [[Zürich]], 2010.
* Bollag Galleries, [[Zürich]], 2010.
* ''Dessin, libertés. Trente cinq artistes français et internationaux - [[Pierre Alechinsky]], [[John Christoforou]], [[Roger-Edgar Gillet]], [[Ben-Ami Koller]], Robert Nicoïdski, [[Paul Rebeyrolle]], [[Jean Rustin]], [[Vladimir Velickovic]]...'', Maison des jeunes et de la culture Lillebonne Saint-Epvre, [[Nancy]], mai-{{date-|juin 2019}}<ref>[http://nancy.curieux.net/ZciSZ/agenda/sortie?row=18468&evenements=mjc-lillebonne-saint-epvre-dessin-libertes « Événement - Maison des jeunes et de la culture Lillebonne Saint-Epvre : ''Dessin, libertés », ''Nancy curieux'', mai 2019]</ref>{{,}}<ref> « Dessin, libertés », ''L'Est républicain'', 7 mai 2019.</ref>.

== Vente publique ==
* [[Ader-Nordmann]], ''Atelier Robert Nicoïdski'', [[hôtel Drouot]], [[Paris]], {{date-|octobre 2015}}<ref name="ADE">[http://www.ader-paris.com/uploads/File/CP%20Nicoidsky_22092015.pdf Morgane Hérault, ''Robert Nicoïdski, communiqué de presse'', Ader-Nordmann, septembre 2015].</ref>.


== Réception critique ==
== Réception critique ==
* {{citation|Un érotisme sauvage émane des nus de Nicoïdski. Les attitudes, les distorsions, certes le traduisent. On pourra le trouver obsédant encore dans les longues et lourdes chevelures qui voilent les trais ou les membres, dont le poids fait se cambrer les échines, dans les ''[[Négritude]]s'' aussi dont l'épiderme a la patine du bronze. Rien n'est plus éloigné de l'obscénité que cet [[érotisme]]-là qui reste gravé et tendu dans ses manifestations les plus directes.}} - [[Jean-Marie Dunoyer]]<ref> Jean-Marie Dunoyer, [[Le Monde]], 21 décembre 1974.</ref>
* {{citation|Un érotisme sauvage émane des nus de Nicoïdski. Les attitudes, les distorsions, certes le traduisent. On pourra le trouver obsédant encore dans les longues et lourdes chevelures qui voilent les trais ou les membres, dont le poids fait se cambrer les échines, dans les ''[[Négritude]]s'' aussi dont l'épiderme a la patine du bronze. Rien n'est plus éloigné de l'obscénité que cet [[érotisme]]-là qui reste gravé et tendu dans ses manifestations les plus directes.}} - [[Jean-Marie Dunoyer]]<ref>Jean-Marie Dunoyer, [[Le Monde]], 21 décembre 1974.</ref>
* {{citation|Cette peinture remet en question ce que nous possédons de plus sûr et en même temps de plus fragile: notre domaine physique. La peinture de Nicoïdski est la plus grave et la plus direste qui se puisse trouver. Mais il y a lieu de s'interroger sur ses prolongements mentaux qui sont infinis...}} - Alain Bosquet<ref> Alain Bosquet, ''Nicoïdski - une peinture de colosse'', Éditions Galerie Jade, Colmar, 1977.</ref>
* {{citation| peinture remet en question ce que nous possédons de plus sûr et en même temps de plus fragile: notre domaine physique. est la plus grave et la plus qui se puisse trouver. Mais il y a lieu de s'interroger sur ses prolongements mentaux qui sont .}} - Alain Bosquet<ref Alain Bosquet, ''Nicoïdski une peinture de colosse'', Éditions Galerie Jade, Colmar, 1977.</ref>
* {{citation|Avec obstination, Nicoïdski sonde les secrets du corps, du mystère de sa naissance à l'alchimie de ses évolutions, de l'éblouissement de sa création aux combats qu'il ne cessera jamais de mener. Aux explosions de la vie et des sens de la première série de dessins répondent les grands nus féminins aux corps déchirés par de violentes distorsions. L'effervescence du tracé laisse ici le pas à une violence dans le traitement de ces corps torturés, arc-boutés, enfermés dans des architectures qui semblent ne ménager aucune issue. Inexorablement seul dans son corps, l'être est à jamais assailli par les mutations qui le conduisent vers son devenir.}} - Maïthé Vallès-Bled<ref name="CHA"> Clarisse Nicoïdski, André Parinaud et Maïthé Vallès-Bled, ''Les derniers abstraits de Nicoïdski'', Éditions du Musée des beaux-arts de Chartres, 1997.</ref>
* {{citation|Avec obstination, Nicoïdski sonde les secrets du corps, du mystère de sa naissance à l'alchimie de ses évolutions, de l'éblouissement de sa création aux combats qu'il ne cessera jamais de mener. Aux explosions de la vie et des sens de la première série de dessins répondent les grands nus féminins aux corps déchirés par de violentes distorsions. L'effervescence du tracé laisse ici le pas à une violence dans le traitement de ces corps torturés, arc-boutés, enfermés dans des architectures qui semblent ne ménager aucune issue. Inexorablement seul dans son corps, l'être est à jamais assailli par les mutations qui le conduisent vers son devenir.}} - Maïthé Vallès-Bled<ref name="CHA">Clarisse Nicoïdski, André Parinaud et Maïthé Vallès-Bled, ''Les derniers abstraits de Nicoïdski'', Éditions du Musée des beaux-arts de Chartres, 1997.</ref>
* {{citation|On dirait le créateur composant l'équation qui autoriserait le vivant. Nous sommes au cœur du cytoplasme qui va faire naître les corps. Nicoïdski nous livre les signes et les formes de son ADN qui feront naître ses modèles.}} - André Parinaud<ref name="CHA"/>
* {{citation|On dirait le créateur composant l'équation qui autoriserait le vivant. Nous sommes au cœur du cytoplasme qui va faire naître les corps. Nicoïdski nous livre les signes et les formes de son ADN qui feront naître ses modèles.}} - André Parinaud<ref name="CHA"/>
* {{citation|Il a peint une série ''Avortements'' représentant des fœtus monstrueux et sanglants. Ses ''Nus féminins'' sont hypertrophiés, ce qui dénote sa puissance de déformation et de recomposition, et son goût pour le sanglant, conférant à ses compositions une étrangeté presque angoissée.}} - [[Dictionnaire Bénézit]]<ref> Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 10, page 199.</ref>
* {{citation|Il a peint une série ''Avortements'' représentant des fœtus monstrueux et sanglants. Ses ''Nus féminins'' sont hypertrophiés, ce qui dénote sa puissance de déformation et de recomposition, et son goût pour le sanglant, conférant à ses compositions une étrangeté presque angoissée.}} - [[Dictionnaire Bénézit]]<ref>Dictionnaire Bénézit, , , , page 199.</ref>
* {{citation|Nicoïdski est un enragé de peinture, ses œuvres proclament un amour passionné pour un art qui lui est aussi essentiel que de respirer... De la génération des [[Bernard Rancillac|Rancillac]] et [[Gérard Schlosser|Schlosser]], proche des artistes de la [[Nouvelle figuration]], sa nature gargantuesque, son œil dostoïevskien commandent à une main sûre qui fait de lui un admirable portraitiste... Mais l'artiste, disparu à 65 ans, n'a pas supporté d'être en avance sur son temps, incompris, jugé trop violent et pourtant profondément ancré dans son époque.}} - David Nordmann<ref> David Nordmann, ''Préface'', catalogue de la vente de l'atelier Robert Nicoïdski, Ader Nordmann, Paris, octobre 2015.</ref>
* {{citation|Nicoïdski est un enragé de peinture, ses œuvres proclament un amour passionné pour un art qui lui est aussi essentiel que de De la génération des [[Bernard Rancillac|Rancillac]] et [[Gérard Schlosser|Schlosser]], proche des artistes de la [[Nouvelle figuration]], sa nature gargantuesque, son œil dostoïevskien commandent à une main sûre qui fait de lui un admirable Mais l'artiste, disparu à 65 ans, n'a pas supporté d'être en avance sur son temps, incompris, jugé trop violent et pourtant profondément ancré dans son époque.}} - David Nordmann<ref>David Nordmann, ''Préface'', catalogue de la vente de l'atelier Robert Nicoïdski, Ader Nordmann, Paris, octobre 2015.</ref>


== Prix et distinctions ==
== ==
* Prix Nichido, Paris, 1976.
* Prix Nichido, Paris, 1976.


== Musées et collections publiques ==
== publiques ==
=== {{USA-d}} États-Unis ===
{{Colonnes|nombre=2|
* [[Cincinnati]], [[Cincinnati Art Museum]].
* [[Musée d'art moderne de la ville de Paris]].
* [[ d' d'Indianapolis]]
* [[Cabinet des estampes]] de la [[Bibliothèque nationale de France]], Paris<ref name="BNF"/>.
* [[Museum of Modern Art]], [[New-York]].
* [[ ]], [[]].
=== {{Drapeau|Suisse}} Suisse ===
* [[Musée d'art de Cincinnati]].
* [[Genève]] :
* [[Musée d'art d'Indianapolis]]
* ''Les '', sculpture-fontaine acierinox, du [[Fonds municipal d'art contemporain de Genève]]<ref>[http://www.ville-ge.ch/musinfo/bd/fmac/?=&page=&table=&critere=&= Fonds municipal d'art contemporain de Genève, '' ' ]</ref>
* Musée de l'Athénée, [[Genève]].
** école des Charmilles, hall central : fresques murales, 1965 ; classes, vestiaires, halls : 45 vitraux, 1967-1968, collections du Fonds municipal d'art contemporain de Genève<ref name="ACG"/>{{,}}<ref>[http://vitrosearch.ch/fr/buildings/2176560 Vitrosearch Suisse, ''l'école des Charmilles, Genève'']</ref>{{,}}<ref> Valérie Muller, ''Une ville collectionne - 1950-1990'', Fonds municipal de décoration, Genève, 1992, {{pp.|240-241}}]</ref>.
* [[Musée Rath]], Genève.
** musée de l'Athénée.
}}
** [[Musée d'Art et d'Histoire de Genève]]<ref>[http://e-periodica.ch/cntmng?pid=gen-001:1969:17:301 Musée d'Art et d'Histoire de Genève, ''Acquisitions de l'année 1968'']</ref> :

*** ''Temps modernes'', eau-forte et aquatinte ;
== Œuvres monumentales ==
*** ''Reflet d'eau'', eau-forte et aquatinte.
* ''Les orgues'', sculpture-fontaine acier-inox, installée 1, avenue d'Aire, Genève, propriété du [[Fonds municipal d'art contemporain de Genève]]<ref>[http://www.ville-ge.ch/musinfo/bd/fmac/?id=36501&page=detail&collections=&table=auteur&critere=Nicoïdski+Robert-Louis&lettre=N Fonds municipal d'art contemporain de Genève, ''Les orgues'' de Robert Nicoïdski]</ref>.
*** ''Cosmos'', eau-forte et aquatinte.
* [[Musée ]].
=== {{FRA-d}} France ===
* [[Paris]] :
* [[ des estampes de la Bibliothèque nationale de France]]<ref name="BNF"/>.
* [[ d' moderne de la ville de Paris


== Collections privées ==
== Collections privées ==
* Gilbert Delaine, fondateur d'art contemporain de Dunkerque<ref>[http://www.lavoixdunord.fr/region/dunkerque-gilbert-delaine-pere-du-musee-d-art-ia17b47588n1448878 Olivier Tartart, Gilbert Delaine, père du Musée d'art contemporain de Dunkerque, La Voix du Nord, 31 juillet 2013]</ref>.
* [[André Parinaud]].
* Alix de Rothschild.
* Gilbert Delaine, fondateur de Musée d'art contemporain de Dunkerque<ref>[http://www.lavoixdunord.fr/region/dunkerque-gilbert-delaine-pere-du-musee-d-art-ia17b47588n1448878 Olivier Tartart, ''Gilbert Delaine, père du Musée d'art contemporain de Dunkerque'', La Voix du Nord, 31 juillet 2013]</ref>.
* Harrison Eiteljorg, fondateur du {{Lien|fr=Eiteljorg Museum of American Indians and Western Art|lang=en|trad=Eiteljorg Museum of American Indians and Western Art|texte=Eiteljorg Museum of American Indians and Western Art}}, Indianapolis.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références|=}}


== Annexes ==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* [[Alain Bosquet]], ''Nicoïdski - Un colosse de la peinture'', Éditions Galerie Jade, Colmar, 1977.
* , '' de la '', Éditions , .
* [[Alain Bosquet]], ''Nicoïdski. Un colosse de la peinture'', Colmar, Éditions Galerie Jade, 1977.
* Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, ''De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes'', B.N.F., 1992.
* [[Jean Cassou]], Pierre Courthion, [[Bernard Dorival]], [[Georges Duby]], Serge Fauchereau, [[René Huyghe]], [[Jean Leymarie (historien d'art)|Jean Leymarie]], [[Jean Monneret (peintre)|Jean Monneret]], [[André Parinaud]], Pierre Roumeguère et [[Michel Seuphor]], ''Un siècle d'art moderne. Histoire du Salon des indépendants'', Denoël, 1984.
[[ ]], Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, ''De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes'', B.N.F., .
* Valérie Muller, ''Une ville collectionne - 1950-1990'', Fonds municipal de décoration, Genève, 1992.
* André Roussard, ''Dictionnaire des artistes à Montmartre'', Éditions André Roussard, 1995.
* André Roussard, ''Dictionnaire des artistes à Montmartre'', Éditions André Roussard, 1995.
* Clarisse Nicoïdski, André Parinaud, Maïthé Vallès-Bled, ''Les derniers abstraits de Nicoïdski'', Éditions du Musée des beaux-arts de Chartres, 1997.
* Clarisse Nicoïdski, André Parinaud, Maïthé Vallès-Bled, ''Les derniers abstraits de Nicoïdski'', Éditions du des - de Chartres, 1997.
* [[Emmanuel Bénézit]], ''Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs'', Gründ, 1999.
* [[Emmanuel Bénézit]], ''Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs'', Gründ, 1999.
* [[Jean-Pierre Delarge]], ''Dictionnaire des arts plastiques, modernes et contemporains'', Gründ, 2001 ([http://www.ledelarge.fr/4570_artiste_NICOIDSKI_Robert?PHPSESSID=3cded5214f1c0e0d014ff0f48b27f547 lire en ligne])
* [[Jean-Pierre Delarge]], ''Dictionnaire des arts plastiques, modernes et contemporains'', Gründ, 2001.
* Ader Nordmann, Paris, Catalogue de la vente de l'atelier Robert Nicoïdski, [[Hôtel Drouot]], vendredi 9 octobre 2015.
* AderNordmann, Paris, Catalogue de la vente de l'atelier Robert Nicoïdski, [[ Drouot]], 9 octobre 2015.
* [[Louis Sanders|Élie Robert-Nicoud]], ''Irremplaçables'', collection « La Bleue », Stock, 2019.


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Robert Louis Nicoïdski
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Biographie
Naissance
Décès
Nom officiel
Willy Louis Robert-NicoudVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Activités
Conjoint
Enfant
Autres informations
Mouvement
Maître
Genre artistique
Distinction
Prix Nichido 1976

Robert Louis Nicoïdski, nom d'artiste de Willy Louis Robert-Nicoud[1], né le à La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel) et mort le à Paris, est un peintre et graveur (eau-forte, aquatinte) suisse.

Il était mariée à l'écrivaine Clarisse Nicoïdski (1938-1996).

La Chaux-de-Fonds

D'ascendance polonaise, Robert Nicoïdski « naît de père inconnu et est abandonné par sa mère à l'âge de 4 ans aux portes d'un orphelinat suisse où les éducateurs le battirent comme plâtre »[2]. Enfant d'un tempérament solitaire dont la vocation artistique apparaît très tôt (avec cependant une seconde attirance pour la boxe), il commence à peindre en 1948, « et ceci, frénétiquement »[3]. Il est élève de Lucien Schwob[4] à La Chaux-de-Fonds de 1950 à 1952, puis entre à l'École des beaux-arts de Genève en 1952. S'y montrant indépendant et rebelle, reconnu très bon dessinateur mais créant déjà sa propre peinture en lieu et place de l'incontournable copie des classiques de l'art, la relation conflictuelle avec son maître de peinture l'en fait exclure en 1955[3].

11, boulevard de Clichy, Paris

Arrivant à Paris en 1956 — où il vivra au 11, boulevard de Clichy[5],[6] —, Robert Nicoïdski fréquente l'École nationale supérieure des beaux-arts de 1957 à 1960, travaillant successivement dans les ateliers de gravure d'Édouard Goerg, dont il ne peut que remarquer « le caricatural douloureux dans ses nus et le traitement sans complaisance du thème de la volupté »[7], et de Jean-Eugène Bersier, maître consensuel en ce qu'« il mêle sympathie pour l'archaïsme et curiosité pour les expressions contemporaines »[8]. Bersier énoncera du reste une relation maître-élève qui fut bonne, voire complice, en évoquant Nicoïdski dans sa Petite histoire de la lithographie originale en France[9]. Le galeriste René Bréheret le découvre alors et est le premier à exposer Robert Nicoïdski à Paris.

En 1962, Robert Nicoïdski se rend à New York où c'est Karl Lunde (1931-2010)[10] qui le découvre à son tour et l'expose, une première fois en 1962, régulièrement ensuite, dans sa galerie The Contemporaries. Malgré son succès immédiat sur le marché américain[3], l'artiste, refusant tout appât d'aisance financière ainsi offerte, tient à rester rigoureusement vigilant à ne pas « produire » de la répétition et s'astreint pour cela, avec son épouse Clarisse (née Abinun, elle est la sœur du peintre Jacques Abinun[11]) et leur fils (qui sera écrivain sous les signatures de Louis Sanders et Élie Robert-Nicoud), à une discipline de vie recluse toute consacrée à la recherche picturale pour lui, à l'écriture pour elle, à une solitude donc qui restera consentie jusqu'en 1975. Il glisse durant cette période de l'abstraction lyrique vers la composition des Nus, où « il déforme et torture le corps pour en faire un paysage, un monstre, un martyr, où il fait les portraits des gens qu'on assassine et de ceux qui les côtoient »[3], annonçant ses séries des Avortements, de La mère et l'enfant, des Décorporations, des 33 crucifixions[12]. « Je me souviens, évoque ainsi Alain Bosquet, du choc exceptionnel que j'avais ressenti, en 1974, en voyant les Avortements, ces quelque quinze toiles de Nicoïdski, où des femmes nues, blafardes et courbées, se vidaient sur des avortons, des menstrues, du plasma, du sang impur mêlé de muscles et de boyaux rejetés de leur anatomie. Il y avait là un retour à l'animalité humaine, sans le truchement désormais éculé de la douleur peinte sur le visage… Ce qui en est resté n'est nullement une sensation d'horreur, tant il est vrai que le créateur a toujours raison, à un certain niveau de tension ou de dépassement. J'ai vite compris que Nicoïdski, comme Goya ou Soutine avant lui, nous avait offert une part de notre enfer que nous n'avions guère l'habitude de contempler, et qu'il l'avait fait avec une pureté exemplaire »[3].

Galerie K., Lyon

La plus fulgurante rencontre de Robert Nicoïdski demeure en 1975 celle du lyonnais Roger Kowalski[13] dont il devient immédiatement l'ami, celui-ci l'accueillant pour l'accrochage aux cimaises de sa galerie K., à Lyon, de la série de toiles Avortements. Roger Kowalski mourra quelques semaines après cette exposition et Robert Nicoîdski brossera plusieurs importants portraits, hommages au poète-galeriste, intitulés Portrait de K.[14].

Si les relations entre Robert Nicoïdski et le faussaire Fernand Legros ne sont pas historiquement reconstituées, elles sont attestées par une suite de scènes et portraits peints par Nicoïdski, l'un de ces tableaux illustrant la couverture du livre de Fernand Legros (Fausses histoires d'un faux marchand de tableaux, Albin Michel, 1979)[15].

Sumo, Japon

Le prix Nichido qui est attribué à Robert Nicoïdski en 1976 est doté d'une exposition personnelle itinérante dans les grandes villes japonaises. Le peintre effectue alors un voyage au Japon où une fascination majeure se révèle pour le spectacle des sumo. Il y découvre une notion de l'esthétique qui conforte la sienne propre, où ce qui constitue selon les normes occidentales « de la disproportion et de l'énormité » se transfigure, à ses yeux, en représentation du « beau essentiel » : ses « toiles, où l'on voit s'entrelacer douloureusement ces guerriers nus destinés dès leur plus jeune âge à une mort précoce, portent en elles ce mélange inquiétant de douceur et de violence que suggère la puissante fragilité des formes »[3].

Clarisse Nicoïdski meurt le [16] en laissant comme ultime texte d'écrivain la biographie de son mari qu'elle remit au musée des Beaux-Arts de Chartres en vue de la rétrospective-hommage Robert Nicoïdski qui s'y ouvrit en et à laquelle il était promis qu'elle assistât. « Travailleur infatigable, évoque-t-elle[12], il interrogea tous les aspects du trait sans se donner de limite artificielle entre ce qui relève de l'abstrait et ce qui relève du figuratif. Curieux à l'extrême de toutes les ressources que peuvent offrir à un plasticien les matériaux, il sera un des premiers à utiliser la peinture acrylique dans son association à d'autres types de peinture. Il est également un des premiers à avoir utilisé les résines plastiques pour en faire des vitraux et à collaborer à diverses œuvres architecturales »[17].

Expositions

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Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds
Musée des Beaux-Arts de Chartres

Expositions personnelles

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Expositions collectives

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Vente publique

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Réception critique

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  • « Un érotisme sauvage émane des nus de Nicoïdski. Les attitudes, les distorsions, certes le traduisent. On pourra le trouver obsédant encore dans les longues et lourdes chevelures qui voilent les trais ou les membres, dont le poids fait se cambrer les échines, dans les Négritudes aussi dont l'épiderme a la patine du bronze. Rien n'est plus éloigné de l'obscénité que cet érotisme-là qui reste gravé et tendu dans ses manifestations les plus directes. » - Jean-Marie Dunoyer[22]
  • « Le plus souvent, les corps sont nus. Une jambe se replie, pour avaler un ventre. Un torse se gonfle, pour finir dans les doigts sans la transition d'une épaule. Une chevelure caresse une hanche : le visage en devient inutile. Deux pieds se rejoignent près de deux seins : ils en sont les prolongements naturels. Un poignet s'appuie sur le sol : que le corps entier s'élève en l'air pour en éprouver la force. Une croupe se renverse, soit pour doubler la longueur d'un talon, soit pour l'atrophier. Une paume cache un cou : il se pourrait qu'elle réussisse à le réduire à néant. Le corps se multiplie ou se replie sur soi, il est tantôt tentaculaire, et tantôt ramassé comme par une extrême pudeur. Il pense par le muscle et abdique devant une manière d'intériorité stoïque. Je le dis bien net : cette peinture remet en question ce que nous possédons de plus sûr et en même temps de plus fragile: notre domaine physique. Nicoïdski nous y ramère, à une époque où nos égarements sous ont fait pêcher des lunes inuties. Sa peinture est la plus grave et la plus directe qui se puisse trouver. Mais il y a lieu de s'interroger sur ses prolongements mentaux qui sont infinis… Il ne faudrait pas oublier de souligner combien sa démarche est aussi pudique : à partir de ce qu'il nous donne, il est nécessaire de poursuivre l'aventure la plus excitante qui soit : redéfinir notre corps, suany et pensant à la fois. » - Alain Bosquet[3]
  • « Avec obstination, Nicoïdski sonde les secrets du corps, du mystère de sa naissance à l'alchimie de ses évolutions, de l'éblouissement de sa création aux combats qu'il ne cessera jamais de mener. Aux explosions de la vie et des sens de la première série de dessins répondent les grands nus féminins aux corps déchirés par de violentes distorsions. L'effervescence du tracé laisse ici le pas à une violence dans le traitement de ces corps torturés, arc-boutés, enfermés dans des architectures qui semblent ne ménager aucune issue. Inexorablement seul dans son corps, l'être est à jamais assailli par les mutations qui le conduisent vers son devenir. » - Maïthé Vallès-Bled[12]
  • « On dirait le créateur composant l'équation qui autoriserait le vivant. Nous sommes au cœur du cytoplasme qui va faire naître les corps. Nicoïdski nous livre les signes et les formes de son ADN qui feront naître ses modèles. » - André Parinaud[12]
  • « Il a peint une série Avortements représentant des fœtus monstrueux et sanglants. Ses Nus féminins sont hypertrophiés, ce qui dénote sa puissance de déformation et de recomposition, et son goût pour le sanglant, conférant à ses compositions une étrangeté presque angoissée. » - Dictionnaire Bénézit[23]
  • « Nicoïdski est un enragé de peinture, ses œuvres proclament un amour passionné pour un art qui lui est aussi essentiel que de respirer… De la génération des Rancillac et Schlosser, proche des artistes de la Nouvelle figuration, sa nature gargantuesque, son œil dostoïevskien commandent à une main sûre qui fait de lui un admirable portraitiste… Mais l'artiste, disparu à 65 ans, n'a pas supporté d'être en avance sur son temps, incompris, jugé trop violent et pourtant profondément ancré dans son époque. » - David Nordmann[24]

Récompenses

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  • Prix Nichido, Paris, 1976.

Collections publiques

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États-Unis

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Collections privées référencées

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Notes et références

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  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Willy Louis Robert-Nicoud », sur MatchID
  2. Macha Séry, « "Irremplaçables", d'Élie Robert-Nicoud : tendres hommages d'un fils aimant », Le Monde, 1er décembre 2019
  3. a b c d e f et g Alain Bosquet, Nicoïdski : une peinture de colosse, Éditions Galerie Jade, Colmar, 1977.
  4. Biblipothèque de la ville de la Chaux-de-Fonds, Biographie de Lucien Schwob, Fonds des manuscrits Lucien Schwob].
  5. a b et c Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.
  6. Paris Promeneurs, Ateliers d'artistes, 11 boulevard de Clichy
  7. Jacques Busse, « Édouard Goerg », in Dictionnaire Bénézit, tome 6, Gründ, 1999, pages 242 et 243.
  8. « Jean-Eugène Bersier », in Dictionnaire Bénézit, tome 2, Gründ, 1999, page 203.
  9. Jean-Eugène Bersier, Petite histoire de la lithographie originale en France, Éditions Estienne, 1970.
  10. (en) William A. Peniston, Karl Lunde, College Art Association.
  11. Festival off d'Avignon, Clarisse Nicoïdski, juillet 2018
  12. a b c et d Clarisse Nicoïdski, André Parinaud et Maïthé Vallès-Bled, Les derniers abstraits de Nicoïdski, Éditions du Musée des beaux-arts de Chartres, 1997.
  13. Christophe Dauphin et François Montmaneix, Roger Kowalski, Les hommes sans épaules.
  14. Ader Nordmann, Catalogue de l'atelier Robert Nicoïdski, 2015. Voir les Portraits de K., n°135 et 145.
  15. Ader Nordmann, Catalogue de l'atelier Robert Nicoïdski, 2015. Voir les Portraits de Fernand Legros, n°34, 40, 41, 42, 48, 50, 52, 53 et 106.
  16. « La romancière Clarisse Nicoïdski est décédée au début de la semaine », L'Humanité, 26 décembre 1996
  17. a b et c Fonds municipal d'art contemporain de Genève, Robert Nicoïdski, intervention sur l'architecture et sculpture dans l'espace public.
  18. Roger Sciberras, « De l'abstraction lyrique à la Nouvelle figuration », Art, littérature, psychanalyse, mars 1989
  19. « Événement - Maison des jeunes et de la culture Lillebonne Saint-Epvre : Dessin, libertés », Nancy curieux, mai 2019
  20. « Dessin, libertés », L'Est républicain, 7 mai 2019.
  21. Morgane Hérault, Robert Nicoïdski, communiqué de presse, Ader-Nordmann, septembre 2015.
  22. Jean-Marie Dunoyer, Le Monde, 21 décembre 1974.
  23. Dictionnaire Bénézit, tome 10, Gründ, 1999, page 199.
  24. David Nordmann, Préface, catalogue de la vente de l'atelier Robert Nicoïdski, Ader Nordmann, Paris, octobre 2015.
  25. Vitrosearch Suisse, l'école des Charmilles, Genève
  26. Valérie Muller, Une ville collectionne - 1950-1990, Fonds municipal de décoration, Genève, 1992, pp. 240-241]
  27. Musée d'Art et d'Histoire de Genève, Acquisitions de l'année 1968
  28. Olivier Tartart, « Gilbert Delaine, père du Musée d'art contemporain de Dunkerque », La Voix du Nord, 31 juillet 2013.

Bibliographie

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  • Jean-Eugène Bersier, Petite histoire de la lithographie originale en France, Éditions Estienne, 1970.
  • Alain Bosquet, Nicoïdski. Un colosse de la peinture, Colmar, Éditions Galerie Jade, 1977.
  • Jean Cassou, Pierre Courthion, Bernard Dorival, Georges Duby, Serge Fauchereau, René Huyghe, Jean Leymarie, Jean Monneret, André Parinaud, Pierre Roumeguère et Michel Seuphor, Un siècle d'art moderne. Histoire du Salon des indépendants, Denoël, 1984.
  • Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.
  • Valérie Muller, Une ville collectionne - 1950-1990, Fonds municipal de décoration, Genève, 1992.
  • André Roussard, Dictionnaire des artistes à Montmartre, Éditions André Roussard, 1995.
  • Clarisse Nicoïdski, André Parinaud, Maïthé Vallès-Bled, Les derniers abstraits de Nicoïdski, Éditions du musée des Beaux-Arts de Chartres, 1997.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques, modernes et contemporains, Gründ, 2001.
  • Ader-Nordmann, Paris, Catalogue de la vente de l'atelier Robert Nicoïdski, hôtel Drouot, .
  • Élie Robert-Nicoud, Irremplaçables, collection « La Bleue », Stock, 2019.

Liens externes

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