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« Victor Masson (1849 - 1917) » : différence entre les versions

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{{Homon|Victor Masson|Masson}}

{{voir homonymie|Masson}}
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{{Infobox Artiste
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| nom = Victor Masson
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| Victor Masson
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'''Victor Masson''' est un artiste et industriel lorrain, né le {{date-|10 mai 1849}} à [[Pont-à-Mousson]] ([[Meurthe-et-Moselle]]) et mort à [[Toulon]] ([[Var (département)|Var]]) le {{date-|17 juillet 1917}}.
'''Victor Masson''' né le {{date-|10 mai 1849}} à [[Pont-à-Mousson]] ([[Meurthe]]) et mort à [[Toulon]] ([[Var (département)|Var]]) | .

Avant tout négociant en bois et charbon, il intègre à la fin des années 1860 le commerce issu de son père, Masson Frères, qu'il dirigera avec d'autres membres de sa famille avant de s’en séparer en 1913. En parallèle de cette profession, il consacre son temps libre à une pratique artistique en dilettante, sans ambition, créant ainsi des dessins et des peintures qu'il ne vend et n'expose pas. De fait, Victor Masson reste un artiste discret durant son existence. Il ne fait l’objet que de très peu d’écrits et ne reçoit aucune distinction en dehors de quelques récompenses lors de son enseignement artistique à [[Metz]].

Cette pratique artistique n'en est pas moins durable : Victor Masson s'y exerce de son enfance jusqu'à sa mort, et féconde : elle donne lieu à plusieurs centaines de dessins. Ceux-ci, hormis quelques exceptions, sont en majorité demeurés dans les collections particulières de ses descendants.

Il est l'oncle de l'écrivain [[Pierre-Maurice Masson]] (1879-1916) et le grand-père de la philanthrope [[Suzanne Masson (1915-1991)|Suzanne Masson]] (1915-1991).


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Premières années à Metz ===
=== ===
Victor Masson est le fils de Pierre Alexandre Masson (1813–1889), cultivateur puis négociant en bois et charbons, et d’Anne Ressejac (1822–1887). Ses parents ont trois autres enfants : Joseph Martial Masson (1842–1899), Pierre Eugène Masson (1843–1905) et Marie Émilie Masson (1855–1938)<ref name=":10">{{Lien web |titre=Arbre généalogique lapinhot - Geneanet |url=https://gw.geneanet.org/lapinhot?lang=fr&pz=cyril+tiekra+charles+pierre&nz=le+roy&m=D&p=alexandre+pierre+alexandre&n=masson&siblings=on&notes=on&t=T&v=6&image=on&marriage=on&full=on |site=gw.geneanet.org |consulté le=2020-10-19}}.</ref>.
Victor Masson {{incise|aussi connu sous le nom de ''Victor Masson de Metz''<ref name=":3" />}} commence par étudier l'art à l'école de dessin de [[Metz]], institution alors dirigée par [[Auguste Migette]] qui est également l'un des principaux représentants du mouvement artistique de l'[[école de Metz]]. En [[1867]], il obtient le [[c:File:Victor_Masson,_Premier_prix_d'après_nature,_1867.jpg|Premier prix d'après nature]] puis le [[c:File:Victor_Masson,_Prix_d'excellence,_1868.jpg|Prix d'excellence]], l'année suivante. En [[1870]], l'annexion de la ville par les [[Prussiens]] cause la dislocation du mouvement et de nombreux artistes s'exilent<ref>{{Harvsp|Christine Peltre|1988}}</ref>, dont plusieurs à [[Nancy]], parmi lesquels figure Victor Masson.

=== Enfance et jeunesse à Metz ===

Victor Masson naît à [[Pont-à-Mousson]], mais très rapidement sa famille s’installe au 29 bis, rue de la Fontaine à [[Metz]], ville où elle est recensée dès 1852. Victor Masson demeure à Metz jusque dans les années 1870.

C’est à cette période qu’il se forme au dessin, peut-être également à la peinture. Son professeur [[Auguste Migette]] précise dans l’un de ses manuscrits qu’il fait partie des lauréats de l’école municipale de dessin de Metz en 1864<ref name=":1">Auguste Migette, ''Histoire de l'École municipale de dessin de la ville de Metz'', manuscrit conservé à Metz, Médiathèque de Metz, cote Ms/1281, {{p.|118}}.</ref>. En 1867, il reçoit le [[:Fichier:Victor Masson, Premier prix d'après nature, 1867.jpg|premier prix d’après-nature]] puis [[:Fichier:Victor Masson, Prix d'excellence, 1868.jpg|celui d’excellence]] l’année suivante. Il entre dans la collection d’[[Auguste Migette]], un honneur partagé par douze élève de ce dernier<ref>Thibaud Dapremont, ''Victor Masson (1849-1917)'', mémoire de master 2 en Histoire de l'art, sous la direction de Thierry Laugée, Sorbonne-Université, volume de texte, {{pp.|119-134}}.</ref>. Toutes ces éléments sont autant de témoignages de la reconnaissance du travail de Victor Masson par ses professeurs.

[[Fichier:Le Style byzantin.jpg|vignette|Victor Masson, ''Le Style byzantin'', vers 1869, collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|61}}.</ref>.]]
Un carnet de dessin éclaire l’enseignement artistique reçu par Victor Masson à cette époque. On y découvre des croquis de diverses natures : des études d’après l’antique {{incise|réalisés d’après des plâtres}} et d’après le modèle vivant, des études de proportions et d’écorchés. Victor Masson s’intéresse également à de multiples styles architecturaux : les ordres grecs ou le style byzantin par exemple, qu’il représente en reproduisant les planches publiées dans la ''[[Grammaire des arts du dessin]]'' de [[Charles Blanc]]. En plus d'un apprentissage pratique du dessin, ce carnet dévoile l'existence un enseignement théorique. Certains travaux sont accompagnés d'éclaircissements divers et la fin du carnet contient une notice sur les « Mouvements des Arts parmi les Peuples qui ont le plus contribué à la civilisation actuelle »<ref name=":2">Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{pp.|1446-1478}}.</ref>.

En dehors de cet enseignement du dessin, cette période de la vie de Victor Masson est mal documentée. Au mieux, les tableaux annuels de population nous apprennent-ils qu’il est étudiant durant deux années au minimum {{incise|sans en préciser le domaine}} avant de devenir commis en 1872<ref name=":3">Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{pp.|19-22}}.</ref>. Et une brochure traitant d’une distribution de prix de 1868 le mentionne comme négociant<ref>[Anonyme], ''Société d’encouragement pour l’instruction des adultes'', Metz, Imprimerie J. Verronnais, 1868, {{p.|11}}.</ref>.
Ce qui est certain, c’est que Victor Masson n'a pas pour objectif de devenir un artiste professionnel, et ce en dépit de l'opinion de ses professeurs. L'un d'eux, [[Louis-Théodore Devilly]], lui propose une bourse qui doit lui permettre de poursuivre son enseignement artistique à [[Paris]], mais il la refuse<ref>Auguste Migette, ''Histoire de l'École municipale de dessin de la ville de Metz'', manuscrit, Metz, Médiathèque de Metz, cote Ms/1281, {{p.|134}}.</ref>. Il fait au contraire le choix, comme ses frères avant lui, d’intégrer le commerce de son père, ce qu’[[Auguste Migette]] déplore :[[Fichier:Scieries Masson Frères.jpg|vignette|Victor Masson, ''Scieries Masson Frères'', vers 1875, [[Nancy]], [[Musée lorrain]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1521}}.</ref>.|237x237px]]<blockquote>Masson Victor […] pouvait espérer, s'il s'était occupé uniquement de ses études artistiques, de marcher sur les traces de Weber et de Boilvin, il en avait les aptitudes inventives, mais il a préféré aux chances toujours incertaines d'un avenir plus brillant, une position ordinaire mais toute préparée par son père et que sans efforts il peut fructueusement continuer, c'est-à-dire vendre du bois et de la houille. Cependant son goût pour les arts est trop vivace pour pouvoir être complètement abandonné<ref name=":7">Auguste Migette, {{opcit}}, {{p.|133}}.</ref>.</blockquote>

Dans la notice qu’il écrit au sujet de Victor Masson, [[Adolphe Bellevoye]] se fait l’écho du même regret que Migette :<blockquote>Ce jeune homme aurait sans doute pu suivre avec succès la carrière des arts, mais il a cru devoir se soumettre au désir de ses parents et se livrer comme eux au commerce tout en réservant quelques moments pour donner suite à ses goûts et développer ses aptitudes naturelles, ce qu'il fait encore aujourd'hui avec succès<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Auguste Bellevoye|titre=Catalogue des tableaux et dessins exécutés par Aug. Migette et offerts par l'artiste à la ville de Metz|passage=p. 131-131|lieu=Metz|éditeur=Imprimerie Verronnais|date=1882|pages totales=135|isbn=|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6574413k/f145.item.r=masson}}.</ref>.</blockquote>

=== La guerre de 1870 et le départ pour Nancy ===
[[Fichier:Le Blocus de Metz.jpg|vignette|Victor Masson, ''Le Blocus de Metz'', 1870, collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|108}}.</ref>.|200x200px]]


Toujours à [[Metz]] lors de la [[Guerre franco-allemande de 1870|guerre franco-allemande]], Victor Masson se trouve dans l’une des régions les plus durement touchées. Son implication lors des conflits n’est pas connue mais cette période le marque profondément. C’est du moins ce qu'expriment certains dessins et un témoignage dans lequel sont évoquées ces {{cita|scènes lugubres dont [il] a encore les cuisants souvenirs<ref>Victor Masson, ''Douze jours à Paris'', manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, {{p.|117}}. Cité dans : Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|451}}.</ref>}}.

Après l’[[Annexions de l'Alsace-Lorraine|annexion]], en 1871, Victor Masson décide d’émigrer, mais pas immédiatement. En 1873, [[Auguste Migette]] écrit de lui qu’il {{cita|est resté à Metz<ref name=":1" />}}, où il est en effet recensé jusqu’en 1876<ref name=":3" />. Cette même année, il apparaît pour la première fois dans les tableaux de recensements de la ville de [[Nancy]]<ref>{{Lien web |langue= |auteur= |titre=Liste nominative, Nancy, dénombrement quinquennal de 1876, 3e section |url=http://archivesenligne.archives.cg54.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjAtMTAtMTkiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MTA4Njc7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=0%2C0&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=100 |site=archivesenligne.archives.cg54.fr |date= |consulté le=2020-10-19}}.</ref>. C’est donc vraisemblablement à cette période qu’il se décide à quitter Metz et s’installer dans sa nouvelle ville.

=== Mariage et descendance ===
[[Fichier:Victor, Louise, Thérèse et Pierre Masson.jpg|vignette|Victor Masson, sa femme et ses enfants en 1902, photographie anonyme, collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|285}}.</ref>|gauche]]

Dans les années qui suivent son installation à Nancy, en 1882, Victor Masson se marie avec Marie Louise Caroline Fautsch (1860–1946), fille de Joseph Fautsch, un conducteur des Ponts-et-Chaussé, lui aussi artiste amateur<ref>Il a notamment réalisé un dessin pour ''[[La Plume]]'', aujourd'hui conservé par la bibliothèque de l'INHA ([https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/21517-dessin-pour-le-concours-de-projet-de-marque-de-librairie?offset=1 en ligne sur bibliotheque-numerique.inha.fr]).</ref>. La rencontre qui précède ce mariage est évoqué par Victor Masson dans son manuscrit :<blockquote>La première ville, c’est [[Toul]] que je connais de longue date – c’est là, sous la capote du soldat, c’est sous l’uniforme du fantassin que j’ai conquis ma femme. Comme César, je suis venu, j’ai vu, et j’ai vaincu<ref>Victor Masson, ''Douze jours à Paris'', manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, {{p.|4}}. Cité dans : Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|350}}.</ref>.</blockquote>Ensemble, ils ont cinq enfants : Paul Masson (1884–1969), Jean Masson (1886–1914), Thérèse Masson (1890–1979), Pierre Masson (1895–1927) et Marie Masson (1898–1964)<ref>{{Lien web |titre=Arbre généalogique lapinhot - Geneanet |url=https://gw.geneanet.org/lapinhot?lang=fr&pz=cyril+tiekra+charles+pierre&nz=le+roy&m=D&p=victor+jean+nicolas+victor&n=masson&siblings=on&notes=on&t=T&v=6&image=on&marriage=on&full=on |site=gw.geneanet.org |consulté le=2020-10-19}}.</ref>. La famille demeure à Nancy, au 6, rue de La Salle, jusqu’en 1913<ref>{{Lien web |langue= |auteur= |titre=Liste nominative, Nancy, dénombrement quinquennal de 1913, {{3e|section}} |url=http://archivesenligne.archives.cg54.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjAtMTAtMTkiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MTA5MTk7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=0%2C0&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=69 |site=archivesenligne.archives.cg54.fr |date= |consulté le=19 octobre 2020}}.</ref>.


=== Nancy ===
=== Nancy ===
[[Fichier:Le Boulanger.jpg|vignette|Victor Masson, ''Le Boulanger'', fin du {{s-|XIX}}, [[Nancy]], [[Musée lorrain]]. Épreuve signée et adressée à Lucien Wiener par Victor Masson<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1447}}.</ref>.|300x300px]]
Victor Masson va vivre dans cette nouvelle ville durant près de 40 ans. Bien que l'artiste soit décrit comme quelqu'un de discret<ref name=":0">{{Article|langue=français|auteur1=Edgard Auguin|titre=L'Exposition des Beaux-arts à Nancy|périodique=Nancy Artiste|date=01/06/1884|issn=|lire en ligne=http://www.kiosque-lorrain.fr/plugins/NewspaperReader/files/B543956101_755814_18840601/B543956101_755814_18840601.pdf|pages=4}}</ref>, il participe à certains événements lors desquels son travail est salué. On peut ainsi citer la représentation théâtrale de ''Nancy ! Tout le monde descend'' de [[1880]] pour laquelle il réalise les dessins des costumes<ref>{{Lien web|langue=Français|titre=Fonds Wiener: A14- Partie 04|url=http://wiener.societe-histoire-lorraine.com/recherche-simple?searchedWord=&selectedTome=SHLML_WIENER_A_14&zoomLevel=1&selectedDoc=SHLML_WIENER_A_14_part__04.pdf|site=http://www.societe-histoire-lorraine.com/|date=|consulté le=06/01/2017}}</ref>, le ''Salon de Nancy'' de [[1884]] où il présente un dessin intitulé ''Entr'acte au théâtre''<ref name=":0" /> ou la Kermesse du 13 juillet de la même année lorsqu'il réalise son ''Concours de gymnastique''<ref name=":1">{{Lien web|langue=français|titre=Fonds Wiener: A24 - Partie 17|url=http://wiener.societe-histoire-lorraine.com/recherche-simple?searchedWord=&selectedTome=SHLML_WIENER_A_24&zoomLevel=1&selectedDoc=SHLML_WIENER_A_24_part__17.pdf|site=http://www.societe-histoire-lorraine.com/|date=|consulté le=06/01/2017}}</ref>.
[[Fichier:Programme du Concert du Cercle.jpg|vignette|Victor Masson, ''Programme du Concert du Cercle'', 1885, [[Nancy]], [[Musée Lorrain]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1474}}.</ref>.|gauche|311x311px]]
Victor Masson va vivre à [[Nancy]] durant près d’une quarantaine d’années, période marquée par les morts successives de membres de sa famille : son père en 1889, ses deux frères Martial en 1899 et Pierre-Eugène en 1905, et de l’un de ses neveux en 1909<ref name=":10" />. En dehors de ces évènements, Victor Masson semble mener une vie plutôt stable, continuant probablement de s’occuper de son commerce, dont il ne se séparera qu’en 1913, et de pratiquer le dessin en dilettante. Il restera certes toute sa vie un artiste distant du contexte artistique qui l'entoure, en témoigne Edgard Auguin qui voit en lui quelqu’un de {{cita|trop modeste et qui n’expose jamais<ref>[Edgard Auguin], « Nos illustrations », ''Nancy Artiste'', {{date-|1er juin 1884}}, {{p.|4}}.</ref>}}.


Mais il s'intègre tout de même dans le vie artistique nancéienne en se liant d’amitié avec des membres de ce milieu artistique, ou du moins en les fréquentant. Il évoque par exemple s’être rendu dans l’atelier d’[[Émile Friant]]<ref>Victor Masson, ''Douze jours à Paris'', manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, {{p.|71}}. Cité dans : Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|414}}.</ref>. Il collectionne les œuvres de divers artistes de sa région comme [[Edmond Marie Petitjean|Edmond Petitjean]], [[Léon et Jules Voirin|Jules Voirin]], Edgard Auguin ou encore [[Hokkai Takashima]]<ref name=":0">Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{pp.|171-205}}.</ref>, qui sont autant de personnalités qui fréquentent à un moment donné le milieu artistique nancéien. Son propre travail est lui-même collectionné par [[Lucien Wiener]] et son fils [[René Wiener|René]], tous deux collectionneurs à Nancy :<blockquote>Quand on écrira [la biographie] de l'habile artiste qui a illustré ce livre de 30 charmantes compositions, {{M.|Victor Masson}}, de Metz, il ne faudra pas oublier les nombreux dessins et croquis à la plume qui nous ont déjà prouvé son talent et dont nous citerons les suivants que nous avons admirés dans la belle collection iconographique lorraine de {{M.|Lucien Wiener}} : 1° Programme du Concert du Cercle, 1885 ; 2° concours de gymnastique ; 5° l'entr'acte au théâtre; 4° banquet des anciens élèves du lycée de Metz 5° les lutteurs, 1886 ; 6° dragons du 7<sup>e</sup> régiment, menu ; 7° « ta photo ou la vie, » carte pour {{M.|E. Didion}} ; 8° le boulanger ; 9° circulaires illustrées{{etc}}<ref>G.S, « Livres d’art lorrains », ''La Lorraine artiste'', {{18e|année}}, {{n°|1}}, {{date-|1er avril 1900}}, {{p.|31}}.</ref>.</blockquote>
De cette manière, Victor Masson rencontre et fréquente le milieu culturel nancéien de l'époque: [[Léon et Jules Voirin|Jules Voirin]], [[Émile Friant]], le rédacteur en chef de Nancy Artiste: Edgard Auguin, etc. Il est d'ailleurs cité dans l'un des poèmes de [[Émile Goutière-Vernolle]]<ref name=":1" /> en [[1884]] pour son travail lors de la Kermesse. De plus, certaines de ses œuvres comme ''[[c:File:Victor_Masson,_Les_Lutteurs,_1886,_Nancy,_Musée_lorrain.jpg|Les lutteurs]]'' ou le ''[[c:File:Victor_Masson,_Concours_de_gymnastique,_1884,_Nancy,_Musée_lorrain.jpg|Concours de gymnastique]]'' entrent dans la collection de [[Lucien Wiener]]<ref name=":2">{{Article|langue=français|auteur1=|titre=Livres d'art lorrains|périodique=La Lorraine Artiste|date=01/04/1900|issn=|lire en ligne=http://www.kiosque-lorrain.fr/plugins/NewspaperReader/files/B543956101_755814_19000401/B543956101_755814_19000401.pdf|pages=31}}</ref>, un collectionneur nancéien et conservateur du [[Musée lorrain]] de l'époque (collection donnée par son fils, [[René Wiener]], au musée en question<ref>{{Lien web|langue=|titre=Portrait de Lucien Wiener|url=https://musee-lorrain.nancy.fr/fr/collections/les-oeuvres-majeures/portrait-de-lucien-wiener-18|site=https://musee-lorrain.nancy.fr/fr|date=|consulté le=07/01/2017}}</ref>).


Ainsi entouré, Victor Masson s’implique dorénavant dans certains évènements. Il est notamment l’un des « artistes-peintres » de la Kermesse de Nancy qui se déroule le {{date-|13 juillet 1884}}<ref name=":5">{{Lien web |titre=Fond Wiener |url=http://wiener.societe-histoire-lorraine.com/FR/recherche_simple?%7B%22zoom%22:%20%221%22,%22pdf_path%22:%20%22/pdf/SHLML_WIENER_A_24_part__17.pdf%22,%22search_term%22:%20%22%22,%22tome%22:%20%22SHLML_WIENER_A_24%22,%22context_size%22:%20%2260%22%7D |site=wiener.societe-histoire-lorraine.com |consulté le=2020-10-18}}.</ref>. Il livre à cet effet un dessin, ''Le Concours de gymnastique'', qui est reproduit dans la brochure de l’évènement et que René Wiener expose durant sept jours dans sa vitrine<ref>{{Article |langue=français |auteur1=[Anonyme] |titre=Deux tableaux de Friant |périodique=Nancy-Artiste |date=20 juillet 1884 |issn= |lire en ligne=https://kiosque.limedia.fr/ark:/31124/d54nv30853hh0d5q/p1.item.r=masson%20friant |pages=p. 5. }}</ref>. À cette occasion [[Émile Goutière-Vernolle]] le mentionne dans un poème :
Au-delà de son travail d'artiste, Victor Masson est connu à Nancy comme négociant en bois dans l'industrie Maison Massons Frères qu'il dirige avec son frère Pierre-Eugène Masson<ref>{{Lien web|langue=|titre=Fonds Wiener: D26 - Partie 68|url=http://wiener.societe-histoire-lorraine.com/recherche-multiple?searchedWord=victor+masson&selectedWord=&zoomLevel=1&selectedDoc=SHLML_WIENER_D_26_part__68.pdf|site=http://www.societe-histoire-lorraine.com/|date=|consulté le=06/01/2017}}</ref>, celui-ci ayant été également présent dans la vie culturelle de l'époque comme collectionneur et membre de plusieurs sociétés
<poem>
<ref>{{Lien web|langue=|titre=Nécrologie|url=http://www.kiosque-lorrain.fr/newspaper-reader/index/read?item=11135&query=|site=kiosque-lorrain.fr|date=16 juillet 1909|consulté le=9 janvier 2017|page=3|périodique=L'Est républicain}}</ref>, par exemple, la [[Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine|Société d'archéologie de Lorraine]] ou celle des ''collectionneurs d'ex-libris et de reliures historiques''. Par ailleurs, Victor Masson est également l'oncle de l'écrivain [[Pierre-Maurice Masson]] et le grand-père de [[Suzanne Masson (1915-1991)|Suzanne Masson]].
C’est la fête qu’ont dessinée
Friant… Masson… Wiener… Voirin… !<ref name=":5" />
</poem>
[[Fichier:La Meurthe et la Moselle.jpg|vignette|redresse|Victor Masson, ''La Meurthe et la Moselle'', 1907, collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1463}}.</ref>.]]
Il participe également à deux expositions. La première, qui a lieu en 1885 et où il présente le dessin d’un certain Frère Bruno, est destinée à aider les orphelins de deux artistes<ref>{{Article |langue=français |auteur1=[Anonyme] |titre=L'Exposition de la Loterie |périodique=Nancy-Artiste |date=4 janvier 1885 |issn= |lire en ligne=https://kiosque.limedia.fr/ark:/31124/dq3rjpxkq8p6jpxz/p6 |pages=p. 6. }}</ref>. Lors de la seconde, en 1907, il y présente les projets d’un concours de timbres et d’affiches pour l'[[Exposition internationale de l'Est de la France de 1909|Exposition internationale de l'Est de la France]] qui a lieu deux ans plus tard. Le timbre que Victor Masson propose pour ce concours est ainsi décrit dans le journal ''L’Exposition de Nancy en 1909'' :<blockquote>''Campanule des bois''. – C’est un fort joli travail, avec un encadrement tiré du ''Recueil'' des grilles de Jean Lamour. Plusieurs figures sont bien traitées. Reste à savoir ce que cela donnera à la réduction et en couleurs<ref>{{Article |langue=français |auteur1=[Anonyme] |titre=Le Concours du Timbre et de l'Affiche de l'Exposition |périodique=L'Exposition de Nancy en 1909 |date=novembre 1907 |issn= |lire en ligne=http://wiener.societe-histoire-lorraine.com/FR/recherche_simple?{%22zoom%22:%20%221%22,%22pdf_path%22:%20%22/pdf/SHLML_WIENER_C_14_part__16.pdf%22,%22search_term%22:%20%22%22,%22tome%22:%20%22SHLML_WIENER_C_14%22,%22context_size%22:%20%2260%22} |pages=194 p. }}</ref>.</blockquote>


Et à l’affiche d’être ensuite mentionnée :<blockquote>À côté, une quatrième affiche satisfaisait beaucoup de visiteurs, à la condition de modifier les têtes des belles dames, sortant de la barque de la Moselle.
A une date inconnue, Victor Masson déménage à [[Toulon]] où il meurt le {{date-|17 juillet 1917}}<ref>{{Lien web|url=www.kiosque-lorrain.fr/newspaper-reader/index/read?item=4577&query=|titre=Nécrologie|site=kiosque-lorrain.fr|périodique=Le Journal de la Meurthe|date=28 juillet 1917|page=2|consulté le= 9 janvier 2017}}</ref>, à l'âge de 68 ans.


Un canal et des navires sur la place Stanislas, c’est un peu risqué… mais l’idée est ingénieuse… et ce qu’il y a de mieux, c’est la perspective du fond et l’encadrement, copié d’une belle porte de la rue de la Source, ce qui a permis d’enrouler les inscriptions (trop longues) autour des deux colonnes<ref name=":6">{{Article |langue=français |auteur1=[Anonyme] |titre=Le Concours du Timbre et de l'Affiche de l'Exposition |périodique=L'Exposition de Nancy en 1909 |date=novembre 1907 |issn= |lire en ligne=http://wiener.societe-histoire-lorraine.com/FR/recherche_simple?{%22zoom%22:%20%220.5%22,%22pdf_path%22:%20%22/pdf/SHLML_WIENER_C_14_part__16.pdf%22,%22search_term%22:%20%22%22,%22tome%22:%20%22SHLML_WIENER_C_14%22,%22context_size%22:%20%2260%22} |pages=p. 195. }}</ref>.</blockquote>
== Œuvres ==
Victor Masson est l'auteur d'un corpus qui semble a priori posséder une certaine diversité.


À l’issue du concours, aucun des deux projets n’est retenu, mais Victor Masson les réemploie dans un menu pour le ''Congrès national du commerce des bois de France''. Le timbre sera également réutilisé comme illustration d’un carton d’invitation de son neveu Pierre-Eugène Masson (1873–1909)<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{pp.|1461 et 1468}}.</ref>.
Il est l'auteur d'un certain nombre d'illustrations : vingt-deux qui sont actuellement conservées à la [[Maison de Victor Hugo]] à [[Paris]] et qui représentent des scènes d'ouvrages de [[Victor Hugo]], de [[Miguel de Cervantes]] et d'[[Ernst Theodor Amadeus Hoffmann]] et qui ont été réalisées en [[1868]]<ref>{{Lien web|langue=Français|titre=Vingt-deux dessins illustrant les oeuvres de Victor Hugo, Cervantès et E.T. A. Hoffmann|url=http://parismuseescollections.paris.fr/fr/maison-de-victor-hugo/oeuvres/vingt-deux-dessins-illustrant-les-oeuvres-de-victor-hugo-cervantes-et#infos-principales|site=http://parismuseescollections.paris.fr/fr|date=|consulté le=07/01/2017}}</ref> ou encore trente conçues pour le poème messin ''[[Chan Heurlin]]'' publié en [[1900 au Québec|1900]]<ref name=":2" />{{,}}<ref>{{Harvsp|Adolphe Van Bever|1922|p=196}}</ref> dont l'édition et les illustrations ont obtenu une certaine reconnaissance à l'époque<ref name=":3">{{Article|langue=français|auteur1=|titre=Chronique bibliographique|périodique=L'Est républicain|date=15/01/1900|issn=|lire en ligne=http://www.kiosque-lorrain.fr/newspaper-reader/index/read?item=7848&query=victor%20masson%20de%20metz|pages=3}}</ref>. Il semble également qu'il ait réalisé des illustrations pour les [[Les Mille et Une Nuits]] vers [[1890]]<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=Claire Coelho-Roucher, Jean Izarn, Caroline Izarn|titre=Librarie Chrétien - Catalogue du Salon de la Bibliophilie|passage=26|lieu=Paris|éditeur=|année=2016|pages totales=|isbn=|lire en ligne=https://issuu.com/librairiechretien/docs/catalogue-lc-juin2016}}</ref>''.''


Masson est également amené à contribuer à certains projets. Il réalise par exemple les dessins des costumes pour la pièce ''Nancy ! Tout le monde descend'', montrée au public en 1880<ref>{{Lien web |titre=Fond Wiener |url=http://wiener.societe-histoire-lorraine.com/FR/recherche_simple?%7B%22zoom%22:%20%221%22,%22pdf_path%22:%20%22/pdf/SHLML_WIENER_A_14_part__04.pdf%22,%22search_term%22:%20%22%22,%22tome%22:%20%22SHLML_WIENER_A_14%22,%22context_size%22:%20%2260%22%7D |site=wiener.societe-histoire-lorraine.com |consulté le=2020-10-18}}.</ref>. Six ans plus tard, il est au nombre de ceux qui illustrent ''La Lorraine illustrée'' avec deux dessins : l’un représentant un chapiteau du cloître de l’église [[Collégiale Saint-Gengoult de Toul|Saint-Gengoult de Toul]], l’autre une vue de l’église de [[Dommartin-lès-Toul]]<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=Edgard Auguin [et al.]|titre=La Lorraine illustrée|passage=p. 612 et 617.|lieu=Nancy|éditeur=Berger-Levrault|date=1886|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. En 1900, une nouvelle édition du poème en patois messin ''[[Chan Heurlin]]'' est publiée avec trente illustrations de Victor Masson<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Albert Brondex, Didier Mory|titre=Chan Heurlin|passage=|lieu=Nancy|éditeur=librairie Sidot|date=1900|pages totales=108|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Enfin, durant la période qui s’étend du milieu des années 1880 à 1909, il réalise sporadiquement quelques dessins publicitaires : menus, cartes, affiches{{etc}}, que ce soit pour son propre commerce ou pour des tiers<ref name=":2" />.
Avec les illustrations qui représentent vraisemblablement une part majeur du corpus artistique, on rencontre également dans ce dernier des réalisations à but publicitaire pour des commanditaires de diverses sortes telles que le ''Programme du Concert du Cercle'' de [[1885]] ou ''Ta photo ou la vie'', carte réalisée pour M. E. Didion.
[[Fichier:Page 36 du manuscrit de Victor Masson.jpg|vignette|redresse|Trente-sixième page du manuscrit de Victor Masson, 1889, collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|384}}.</ref>.]]
Au-delà de son intégration toute relative à la vie artistique de sa ville, Victor Masson profite de quelques voyages lorsqu’il est établi à Nancy. Ainsi se rend-il à [[Chaumont (Haute-Marne)|Chaumont]] en 1881, comme le montrent quelques paysages réalisés dans un carnet, ou bien à [[Gourgeon]], petit village de [[Haute-Saône]], en 1896, ce dont témoignent quelques aquarelles. Dans le premier cas, la raison de son déplacement n’est pas connue. Dans le second, il est fort probable qu'il se soit rendu à cet endroit car la sœur de sa femme y résidait<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{pp.|100-101}}.</ref>.


Les voyages les plus marquants sont à bien des égards ceux qui le conduisent à [[Paris]] en 1878 et en 1889. À ces occasions, Victor Masson se rend aux [[Exposition universelle|expositions universelles]] et visite aussi la ville, s’intéresse aux monuments et se prend d’intérêt pour la foule qui l'anime. Tout cela l’inspire, l’amenant à dépeindre ce qu'il voit : les pavillons des expositions universelles, les étrangers qui s’y trouvent, la ville en elle-même, son atmosphère<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{pp.|119-134}}.</ref>{{etc}} En 1889, il rédige un manuscrit narrant le récit de ses douze jours passés à Paris, témoin de l’importance que ce voyage revêt pour lui<ref>Victor Masson, ''Douze jours à Paris'', manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, {{nb p.|181}} Cité dans : Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{pp.|347-500}}.</ref>.
D'autres dessins réalisés par Victor Masson représentent souvent des scènes d'une vie qui lui était quotidienne comme le prouvent les œuvres citées précédemment. L'une de celles-ci, qui représente le village de [[Dommartin-lès-Toul]] avec son église<ref group="N">[[c:File:Victor_Masson,_Dommartin-lès-Toul,_Emplacement_inconnu.png|Dessin consultable ici]]</ref>, parait en [[1886]] dans l'ouvrage intitulé ''La Lorraine illustrée''<ref>{{Article|langue=|auteur1=|titre=Nos gravures|périodique=Nancy-Artiste|date=31/01/1886|issn=|lire en ligne=http://www.kiosque-lorrain.fr/newspaper-reader/index/read?item=13103&query=|pages=3 et 8}}</ref>.


Mais en dépit de ces rares excursions, Victor Masson voyage peu, n'allant jamais hors de France et se considérant être de {{cita|tous ceux qui ne voyagent pas beaucoup<ref name=":4">Victor Masson, ''Douze jours à Paris'', manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, {{p.|3}}. Cité dans : Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|349}}.</ref>}}
Victor Masson semble également avoir réalisé des peintures<ref>{{Lien web|langue=français|titre=Victor Masson (1849-1917)|url=http://www.akoun.com/ARTIST/masson_victor|site=http://www.akoun.com/|date=|consulté le=07/01/2017}}</ref> bien qu'aucune ne soit officiellement connue.

=== Toulon, les dernières années ===
[[Fichier:Bateaux dans la rade de Toulon.jpg|vignette|Victor Masson, ''Bateaux dans la rade de Toulon'', après 1913, collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1442}}.</ref>.|gauche|241x241px]]
[[Fichier:Victor et Louise Masson sur la plage de Toulon.jpg|vignette|Victor et Louise Masson à [[Toulon]], vers 1913, photographie anonyme, collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|110}}.</ref>.|194x194px]]
Au début des années 1910, l'entreprise Masson Frères est cédée pour {{Unité|307455,6|francs}}. Le {{date-|9 décembre 1913}}, une facture est adressée à Monsieur Kuhn, administrateur délégué de la Société anonyme des anciens établissements Kuhn et Fleichel<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{pp.|39-41}}.</ref>. Mais dès l’été 1912 apparaissent dans l’''Est forestier'' des publicités évoquant la réunion des maisons Culot et Masson<ref>{{Article |langue=français |auteur1=[Anonyme] |titre=publicité |périodique=L'Est forestier |date=10 juin 1912. |issn= |lire en ligne= |pages= }}.</ref>.

Cette décision de vendre le commerce s’accompagne d’un déménagement. En 1913, Victor Masson quitte [[Nancy]] et s’installe à [[Toulon]] au 6, rue Émile Zola, où il passe ses dernières années. Durant cette période, il continue son loisir artistique, créant quelques marines {{incise|les seules de son corpus}} et un portrait de sa fille Marie<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{pp.|1439-1445 et 1559}}.</ref>. Ce moment voit également la disparition de deux membres de sa famille à la guerre : Jean, son fils, en 1914, et [[Pierre-Maurice Masson|Pierre-Maurice]], son neveu, en 1916<ref name=":10" />. Il meurt à son domicile le {{date-|17 juillet 1917}}<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{pp.|15-16}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue= |auteur= |titre=Nécrologie |url=https://kiosque.limedia.fr/ark:/31124/dxp6rs8w91ng2lst/p2.item.r=bois |site=kiosque.limedia.fr |périodique=Le Journal de la Meurthe et des Vosges |date=28 juillet 1917 |consulté le=19 octobre 2020 |page=2}}. {{cita|Nous apprenons avec regret la mort, survenue à Toulon, de {{M.|Victor Masson}}, l’ancien et sympathique négociant en bois, si honorablement connu à Nancy.}}</ref>.

== Œuvre ==
=== Thématique ===
Victor Masson s’est intéressé à des genres et sujets variés, donnant à son corpus une indéniable diversité. Cela ne signifie pas que l’artiste soit adepte de tous les genres picturaux. La [[Peinture d'histoire|peinture d’histoire]] et la [[nature morte]], par exemple, ne l’intéressent pas. Les genres auxquels il s'adonne n’apparaissent pas tous à la même fréquence dans le corpus. Les [[Peinture animalière|sujets animaliers]], par exemple, sont bien peu présents en comparaison des [[Peinture de paysage|paysages]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{nb p.|1617}}</ref>. Un paragraphe inscrit dans son manuscrit offre un aperçu de ses goûts :<blockquote>Lassés de ces mondes disparus, les artistes s’avisèrent de regarder autour d’eux. Ils s’aperçurent que notre monde moderne était aussi très intéressant, et ils se mirent à faire ce qu’ils voyaient. C’est à cette phase que nous en sommes arrivés, et je crois que nous ferons bien d’en rester là. Faire ce que l’on voit, ce que l’on croit voir ou ce que l’on rêve. C’est déjà quelque chose. Les amants de la nature, et ceux de l’idéal trouveront suffisamment à puiser à ces deux sources<ref>Victor Masson, ''Douze jours à Paris'', manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, {{p.|112}}. Cité dans : Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{p.|448}}.</ref>.</blockquote>

[[Fichier:Le Marché aux fleurs.jpg|vignette|Victor Masson, ''Le Marché aux fleurs'', collection particulière<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1507}}.</ref>.|261x261px]]
Ce {{cita|monde moderne}} et cette question d’observation ainsi nommés transparaissent fortement dans le corpus. S’appliquant à faire ce qu’il écrit ici, l'artiste prend comme sujets des scènes de la vie quotidienne ou des paysages qu’il a pu voir. Il s’intéresse également à la figure humaine, que ce soit comme sujet de satires, voire de caricatures, ou de simple représentation<ref name=":8">Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{pp.|81-118}}.</ref>.

Toutefois, Victor Masson ne s’arrête pas à de tels sujets de représentations. En écrivant devoir faire {{cita|ce que l’on rêve}} (bien que ce concept soit flou<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{p.|135}}.</ref>), il suppose l’existence d’inspirations supplémentaires. Les projets d’illustrations sont un bon exemple à cet égard puisqu'ils montrent une diversité de sujets réalisés autrement que par l'observation de la vie quotidienne : ''[[Les Mille et Une Nuits]]'', ''[[Japoneries d'automne]]'' de [[Pierre Loti]], les contes d’[[Ernst Theodor Amadeus Hoffmann|Hoffmann]] ou certains écrits de [[Victor Hugo]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{pp.|1076-1409}}.</ref>. Mais d’autres œuvres offrent un constat similaire, tels les dessins publicitaires<ref name=":2" />.

Par ailleurs, le fait qu’il ne vende pas et n’expose presque jamais suppose l'absence de contraintes pour satisfaire à un public ou un commanditaire donné. Par conséquent, il faut considérer les thèmes de Victor Masson comme les reflets de ses goûts<ref name=":9">Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{pp.|63-64}}.</ref>.

=== Influences ===
Les œuvres que crée Victor Masson doivent être vues comme les reflets de certaines idées ou personnes, de certains mouvements par lesquels il est influencé, et ces influences sont multiples.

La volonté avec laquelle il s’attache à représenter le monde moderne par un travail d’observation renvoie à des valeurs esthétiques et artistiques qui sont alors en vogue à son époque, notamment chez les [[Impressionnisme|impressionnistes]] ou certains contemporains nancéiens comme les [[Léon et Jules Voirin|frères Voirin]] : la représentation du progrès technique ou des paysages campagnards en sont des exemples<ref name=":8" />.
[[Fichier:Victor Masson, Mademoiselle Esméralda, v. 1868. Maison de Victor Hugo. Paris.jpg|vignette|Victor Masson, ''Vous ne mangez pas, mademoiselle Esméralda'', vers 1868, [[Paris]], [[maison de Victor Hugo]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1241}}.</ref>.|275x275px]]
Dans ses projets d’illustration, Victor Masson ne s’inspire pas obligatoirement de ses lectures. Il puise également dans des illustrations d'artistes qui l'ont précédé, que les passages représentés soient identiques ou non, allant parfois jusqu’à frôler le plagiat. Par exemple, certaines illustrations des ''[[Les Mille et Une Nuits|Mille et Une Nuits]]'' renvoient fortement aux travaux de [[Gustave Doré]] pour le même récit<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{pp.|167-186}}.</ref>.

Résidant à Nancy, Victor Masson est proche de l’[[École de Nancy (art)|École de Nancy]] et des idées favorables à l’[[Art nouveau]] diffusées par celle-ci. L’influence n’a pas un grand impact chez l'artiste mais elle se retrouve toutefois dans quelques œuvres où le monde végétal, valeur essentielle de l'École de Nancy, est central, comme par exemple dans une étude préparatoire pour le timbre de l’[[Exposition internationale de l'Est de la France de 1909]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{pp.|137-148}}.</ref>.

Dans les premières années qu’il passe à [[Metz]], Victor Masson se laisse également toucher par le [[Peinture romantique|post-romantisme]] alors en vogue dans cette ville. Cette influence apparaît par exemple dans des projets d’illustrations de cette époque, aujourd’hui conservés à [[Paris]] à la [[maison de Victor Hugo]]. Elle semble aussi se retrouver en toile de fond de considérations qu'il expose dans son manuscrit, notamment la comparaison entre les sculptures antiques et médiévales, ou bien l'évocation de l'atmosphère de [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume de texte, {{pp.|149-166}}.</ref>.

Si Victor Masson se laisse parfois volontiers influencer par de telles sources, il faut néanmoins faire la distinction avec la copie, pratique contre laquelle il proteste :<blockquote>Pourquoi refaire ce qui a déjà été fait direz-vous ? Que copiaient-ils ces anciens direz-vous encore ? Ceux qui sont là, à copier, sont des copistes à vie pour la plupart du moins, et ils trouvent dans ce travail un moyen de gagner leur vie, maigrement sans doute, si l’on en juge à leur mine<ref>Victor Masson, ''Douze jours à Paris'', manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, {{pp.|48-49}}. Cité dans : Thibaud Dapremont, {{opcit}}, volume d'annexes, {{pp.|393-394}}.</ref>.</blockquote>

Il faut en effet remarquer que le corpus de Victor Masson ne contient pas de reproductions d’œuvres, en dépit des dessins d’après l’antique réalisés lors de son apprentissage et d’un rapide croquis d'après ''[[:Fichier:Emile Friant La Lutte.jpg|La Lutte]]'' d’[[Émile Friant]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{pp.|17-81 et 565}}.</ref>.

=== Postérité ===
[[Fichier:Le Loueur de chaises de la Cathédrale.jpg|vignette|redresse|Victor Masson, ''Le Loueur de chaises de la cathédrale'', 1870, [[Metz]], [[musée de la Cour d'Or]], détruit en 1944<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|1522}}.</ref>.]]
À la mort de Victor Masson, la majorité de sa production demeure chez ses descendants, où elle se trouve aujourd’hui encore le plus souvent. Il existe quelques exceptions comme le dessin donné à [[Auguste Migette]] pour sa collection léguée à la Ville de [[Metz]]<ref name=":7" />, reversé au [[musée de la Cour d'Or]] avant d’être détruit durant la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref>Thibaud Dapremont, {{opcit}}, catalogue d'œuvres, {{p.|334}}.</ref>. Des œuvres de Masson figuraient dans la collection [[Lucien Wiener|Wiener]], dont certaines furent léguées à [[Nancy]] au [[Musée lorrain]]. Vingt-deux projets d’illustrations acquis par la [[maison de Victor Hugo]] en 2012 proviennent de la collection de la [[famille Hugo]]<ref>{{Lien web |titre=Vingt-deux dessins illustrant les œuvres de Victor Hugo, Cervantès et E.T. A. Hoffmann {{!}} Paris Musées |url=https://www.parismuseescollections.paris.fr/de/node/374611#infos-principales |site=www.parismuseescollections.paris.fr |consulté le=2020-10-18}}.</ref>, mais contrairement aux dessins des collections [[Auguste Migette|Migette]] et Wiener, la provenance des œuvres de Masson dans la collection Hugo n’est pas connue.

Si, en dehors de ces exemple peu nombreux, l’essentiel du corpus demeure encore aujourd’hui chez les descendants de Victor Masson, c’est parce que la volonté de ce dernier est avant tout de conserver son propre travail en l’entretenant et en le mettant en valeur. Des ensembles de dessins sont ainsi réunis en albums, d’autres classées dans des pochettes. Certains dessins ont été montés sur des supports. Il en existe aussi que Victor Masson encadre et expose chez lui, en témoigne une photographie montrant ''Les Conteurs vénitiens'' accroché au mur de son salon. Rares sont les œuvres à n’avoir fait l’objet d’aucun traitement. Victor Masson agit avec son propre travail comme s’il s’agissait d’une véritable collection personnelle<ref name=":9" />.

N'ayant pratiquement pas exposé ni jamais rien vendu pour garder l’essentiel de sa production, la réception critique de son œuvre est quasi inexistante en dehors d'un nombre réduit d'articles<ref name=":9" />.


<gallery heights="120" px="" mode="packed">
Fichier:Victor Masson, Entr'acte au théâtre, 1884.png|<center>''Entr'acte au théâtre'' (1884)
Fichier:Victor Masson, Concours de gymnastique, 1884, Nancy, Musée lorrain.jpg|<center>''Concours de gymnastique'' (1884).
Fichier:Victor Masson, Programme du concert du cercle, 1885.jpg|vignette|upright=0.7|<center>Programme du concert du cercle (1885).
Fichier:Victor Masson, Les Lutteurs, 1886, Nancy, Musée lorrain.jpg|<center>''Les lutteurs''.
Fichier:Victor Masson, Ta photo ou la vie, Nancy, Musée lorrain.jpg|<center>''Ta photo ou la vie''.
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
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=== Références ===
=== Références ===
{{Références|taille=30}}
<references />


== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Victor Masson}}
{{Autres projets
|commons=Victor Masson
}}
=== Bibliographie ===
* Auguste Bellevoye, ''Catalogue des tableaux et dessins exécutés par Aug. Migette et offerts par l'artiste à la ville de Metz'', Metz, Imprimerie Verronnais, 1882, {{nb p.|135}}
* {{ouvrage|auteur=Paul Digot|titre=Les Contemporains de Nancy pour 1883|année=1882|éditeur=Sidot Frères|lieu=Nancy|pages=55|asin=B001CB1VB8}}.
* Thibaud Dapremont, ''Victor Masson (1849-1917)'', mémoire de master 2 en Histoire de l'art, sous la direction de Thierry Laugée, Sorbonne-Université, 3 vol. : {{nb p.|217}}, {{nb p.|505}}, {{nb p.|1617}} ([https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00687064 notice en ligne sur agorha.inha.fr]).


=== Liens externes ===
== Bibliographie ==
* {{Autorité}}
* http://parismuseescollections.paris.fr/fr/maison-de-victor-hugo/oeuvres/vingt-deux-dessins-illustrant-les-oeuvres-de-victor-hugo-cervantes-et#infos-secondaires-detail
* {{Bases}}
* http://www.kiosque-lorrain.fr/
* {{dictionnaires}}
* http://www.societe-histoire-lorraine.com/choix-wiener/
* [https://www.parismuseescollections.paris.fr/de/recherche/type/oeuvre/auteur/Masson%2C%20Victor « Vingt-deux dessins illustrant les œuvres de Victor Hugo, Cervantès et E.T. A. Hoffmann »] sur ''parismuseescollections.paris.fr''.
* {{Ouvrage|auteur=Christine Peltre|titre=L'École de Metz : 1834-1870|passage=|lieu=Nancy|éditeur=Presses Universitaires de Nancy|année=1988|pages totales=|isbn=|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1990_num_88_1_347843_t1_0085_0000_005}}
* [https://www.millon.com/lot/100116/10869171 « Lot {{n°|181}} : Victor Masson (Pont-à-Mousson 1849 - Toulon 1917). Un album comprenant 73 planches… »] sur ''Millon.com''.
* {{ouvrage|langue=|auteur1=Albert Brondex|auteur2=Didier Maury|titre=Chan Heurlin ou Les Fiançailles de Fanchon|lieu=Nancy|éditeur=Sidot Frères|année=1900|pages totales=|isbn=|lire en ligne=|page=}}
* [https://www.millon.com/lot/100116/10869060 « Lot {{n°|182}} : Victor Masson (Pont-à-Mousson 1849 - Toulon 1917.) ''Élégante chez la fleuriste'' et 16 projets d’illustrations divers »] sur ''Millon.com''.
* {{ouvrage|auteur=Paul Digot|titre=Les Contemporains de Nancy pour 1883|année=1882|éditeur=Sidot Frères|lieu=Nancy|pages=55|asin=B001CB1VB8}}
* {{ouvrage|auteur=Adolphe Van Bever|titre=Les poètes du Terroir du XVème au XXème siècle|année=1922|éditeur=Ch. Delagrave|lieu=Paris|volume=3|pages=550|asin=B01AT4FSOY}}


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{{DEFAULTSORT:Masson, Victor}}
[[Catégorie:Illustrateur français du XIXe siècle]]

[[Catégorie:Personnalité lorraine]]
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[[Catégorie:Peintre français du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Peintre français du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Naissance à Pont-à-Mousson]]
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[[Catégorie:Personnalité liée à la Lorraine]]
[[Catégorie:Industriel français du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Industriel français du XXe siècle]]
[[Catégorie:Naissance en mai 1849]]
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[[Catégorie:Décès en juillet 1917]]
[[Catégorie:Décès en juillet 1917]]
[[Catégorie:Décès à Toulon]]
[[Catégorie:Décès à 68 ans]]
[[Catégorie:Décès à 68 ans]]

Dernière version du 20 juillet 2024 à 00:34

Victor Masson
Victor Masson en 1902,
collection particulière.
Naissance
Décès
(à 68 ans)
Toulon (Var)
Nom de naissance
Jean Nicolas Victor Masson
Nationalité
Activités
Autres activités
Formation
École de dessin de Metz
Maître
Parentèle
Distinction
Premier prix d'après nature
(école de dessin de Metz, 1867),
Prix d'excellence
(école de dessin de Metz, 1868)
signature de Victor Masson
Signature

Victor Masson né le à Pont-à-Mousson (Meurthe) et mort le à Toulon (Var) est un industriel, peintre et illustrateur français.

Avant tout négociant en bois et charbon, il intègre à la fin des années 1860 le commerce issu de son père, Masson Frères, qu'il dirigera avec d'autres membres de sa famille avant de s’en séparer en 1913. En parallèle de cette profession, il consacre son temps libre à une pratique artistique en dilettante, sans ambition, créant ainsi des dessins et des peintures qu'il ne vend et n'expose pas. De fait, Victor Masson reste un artiste discret durant son existence. Il ne fait l’objet que de très peu d’écrits et ne reçoit aucune distinction en dehors de quelques récompenses lors de son enseignement artistique à Metz.

Cette pratique artistique n'en est pas moins durable : Victor Masson s'y exerce de son enfance jusqu'à sa mort, et féconde : elle donne lieu à plusieurs centaines de dessins. Ceux-ci, hormis quelques exceptions, sont en majorité demeurés dans les collections particulières de ses descendants.

Il est l'oncle de l'écrivain Pierre-Maurice Masson (1879-1916) et le grand-père de la philanthrope Suzanne Masson (1915-1991).

Filiation et fratrie

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Victor Masson est le fils de Pierre Alexandre Masson (1813–1889), cultivateur puis négociant en bois et charbons, et d’Anne Ressejac (1822–1887). Ses parents ont trois autres enfants : Joseph Martial Masson (1842–1899), Pierre Eugène Masson (1843–1905) et Marie Émilie Masson (1855–1938)[1].

Enfance et jeunesse à Metz

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Victor Masson naît à Pont-à-Mousson, mais très rapidement sa famille s’installe au 29 bis, rue de la Fontaine à Metz, ville où elle est recensée dès 1852. Victor Masson demeure à Metz jusque dans les années 1870.

C’est à cette période qu’il se forme au dessin, peut-être également à la peinture. Son professeur Auguste Migette précise dans l’un de ses manuscrits qu’il fait partie des lauréats de l’école municipale de dessin de Metz en 1864[2]. En 1867, il reçoit le premier prix d’après-nature puis celui d’excellence l’année suivante. Il entre dans la collection d’Auguste Migette, un honneur partagé par douze élève de ce dernier[3]. Toutes ces éléments sont autant de témoignages de la reconnaissance du travail de Victor Masson par ses professeurs.

Victor Masson, Le Style byzantin, vers 1869, collection particulière[4].

Un carnet de dessin éclaire l’enseignement artistique reçu par Victor Masson à cette époque. On y découvre des croquis de diverses natures : des études d’après l’antique — réalisés d’après des plâtres — et d’après le modèle vivant, des études de proportions et d’écorchés. Victor Masson s’intéresse également à de multiples styles architecturaux : les ordres grecs ou le style byzantin par exemple, qu’il représente en reproduisant les planches publiées dans la Grammaire des arts du dessin de Charles Blanc. En plus d'un apprentissage pratique du dessin, ce carnet dévoile l'existence un enseignement théorique. Certains travaux sont accompagnés d'éclaircissements divers et la fin du carnet contient une notice sur les « Mouvements des Arts parmi les Peuples qui ont le plus contribué à la civilisation actuelle »[5].

En dehors de cet enseignement du dessin, cette période de la vie de Victor Masson est mal documentée. Au mieux, les tableaux annuels de population nous apprennent-ils qu’il est étudiant durant deux années au minimum — sans en préciser le domaine — avant de devenir commis en 1872[6]. Et une brochure traitant d’une distribution de prix de 1868 le mentionne comme négociant[7].

Ce qui est certain, c’est que Victor Masson n'a pas pour objectif de devenir un artiste professionnel, et ce en dépit de l'opinion de ses professeurs. L'un d'eux, Louis-Théodore Devilly, lui propose une bourse qui doit lui permettre de poursuivre son enseignement artistique à Paris, mais il la refuse[8]. Il fait au contraire le choix, comme ses frères avant lui, d’intégrer le commerce de son père, ce qu’Auguste Migette déplore :

Victor Masson, Scieries Masson Frères, vers 1875, Nancy, Musée lorrain[9].

Masson Victor […] pouvait espérer, s'il s'était occupé uniquement de ses études artistiques, de marcher sur les traces de Weber et de Boilvin, il en avait les aptitudes inventives, mais il a préféré aux chances toujours incertaines d'un avenir plus brillant, une position ordinaire mais toute préparée par son père et que sans efforts il peut fructueusement continuer, c'est-à-dire vendre du bois et de la houille. Cependant son goût pour les arts est trop vivace pour pouvoir être complètement abandonné[10].

Dans la notice qu’il écrit au sujet de Victor Masson, Adolphe Bellevoye se fait l’écho du même regret que Migette :

Ce jeune homme aurait sans doute pu suivre avec succès la carrière des arts, mais il a cru devoir se soumettre au désir de ses parents et se livrer comme eux au commerce tout en réservant quelques moments pour donner suite à ses goûts et développer ses aptitudes naturelles, ce qu'il fait encore aujourd'hui avec succès[11].

La guerre de 1870 et le départ pour Nancy

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Victor Masson, Le Blocus de Metz, 1870, collection particulière[12].


Toujours à Metz lors de la guerre franco-allemande, Victor Masson se trouve dans l’une des régions les plus durement touchées. Son implication lors des conflits n’est pas connue mais cette période le marque profondément. C’est du moins ce qu'expriment certains dessins et un témoignage dans lequel sont évoquées ces « scènes lugubres dont [il] a encore les cuisants souvenirs[13] ».

Après l’annexion, en 1871, Victor Masson décide d’émigrer, mais pas immédiatement. En 1873, Auguste Migette écrit de lui qu’il « est resté à Metz[2] », où il est en effet recensé jusqu’en 1876[6]. Cette même année, il apparaît pour la première fois dans les tableaux de recensements de la ville de Nancy[14]. C’est donc vraisemblablement à cette période qu’il se décide à quitter Metz et s’installer dans sa nouvelle ville.

Mariage et descendance

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Victor Masson, sa femme et ses enfants en 1902, photographie anonyme, collection particulière[15]

Dans les années qui suivent son installation à Nancy, en 1882, Victor Masson se marie avec Marie Louise Caroline Fautsch (1860–1946), fille de Joseph Fautsch, un conducteur des Ponts-et-Chaussé, lui aussi artiste amateur[16]. La rencontre qui précède ce mariage est évoqué par Victor Masson dans son manuscrit :

La première ville, c’est Toul que je connais de longue date – c’est là, sous la capote du soldat, c’est sous l’uniforme du fantassin que j’ai conquis ma femme. Comme César, je suis venu, j’ai vu, et j’ai vaincu[17].

Ensemble, ils ont cinq enfants : Paul Masson (1884–1969), Jean Masson (1886–1914), Thérèse Masson (1890–1979), Pierre Masson (1895–1927) et Marie Masson (1898–1964)[18]. La famille demeure à Nancy, au 6, rue de La Salle, jusqu’en 1913[19].

Victor Masson, Le Boulanger, fin du XIXe siècle, Nancy, Musée lorrain. Épreuve signée et adressée à Lucien Wiener par Victor Masson[20].
Victor Masson, Programme du Concert du Cercle, 1885, Nancy, Musée Lorrain[21].

Victor Masson va vivre à Nancy durant près d’une quarantaine d’années, période marquée par les morts successives de membres de sa famille : son père en 1889, ses deux frères Martial en 1899 et Pierre-Eugène en 1905, et de l’un de ses neveux en 1909[1]. En dehors de ces évènements, Victor Masson semble mener une vie plutôt stable, continuant probablement de s’occuper de son commerce, dont il ne se séparera qu’en 1913, et de pratiquer le dessin en dilettante. Il restera certes toute sa vie un artiste distant du contexte artistique qui l'entoure, en témoigne Edgard Auguin qui voit en lui quelqu’un de « trop modeste et qui n’expose jamais[22] ».

Mais il s'intègre tout de même dans le vie artistique nancéienne en se liant d’amitié avec des membres de ce milieu artistique, ou du moins en les fréquentant. Il évoque par exemple s’être rendu dans l’atelier d’Émile Friant[23]. Il collectionne les œuvres de divers artistes de sa région comme Edmond Petitjean, Jules Voirin, Edgard Auguin ou encore Hokkai Takashima[24], qui sont autant de personnalités qui fréquentent à un moment donné le milieu artistique nancéien. Son propre travail est lui-même collectionné par Lucien Wiener et son fils René, tous deux collectionneurs à Nancy :

Quand on écrira [la biographie] de l'habile artiste qui a illustré ce livre de 30 charmantes compositions, M. Victor Masson, de Metz, il ne faudra pas oublier les nombreux dessins et croquis à la plume qui nous ont déjà prouvé son talent et dont nous citerons les suivants que nous avons admirés dans la belle collection iconographique lorraine de M. Lucien Wiener : 1° Programme du Concert du Cercle, 1885 ; 2° concours de gymnastique ; 5° l'entr'acte au théâtre; 4° banquet des anciens élèves du lycée de Metz 5° les lutteurs, 1886 ; 6° dragons du 7e régiment, menu ; 7° « ta photo ou la vie, » carte pour M. E. Didion ; 8° le boulanger ; 9° circulaires illustrées, etc.[25].

Ainsi entouré, Victor Masson s’implique dorénavant dans certains évènements. Il est notamment l’un des « artistes-peintres » de la Kermesse de Nancy qui se déroule le [26]. Il livre à cet effet un dessin, Le Concours de gymnastique, qui est reproduit dans la brochure de l’évènement et que René Wiener expose durant sept jours dans sa vitrine[27]. À cette occasion Émile Goutière-Vernolle le mentionne dans un poème :

C’est la fête qu’ont dessinée
Friant… Masson… Wiener… Voirin… ![26]

Victor Masson, La Meurthe et la Moselle, 1907, collection particulière[28].

Il participe également à deux expositions. La première, qui a lieu en 1885 et où il présente le dessin d’un certain Frère Bruno, est destinée à aider les orphelins de deux artistes[29]. Lors de la seconde, en 1907, il y présente les projets d’un concours de timbres et d’affiches pour l'Exposition internationale de l'Est de la France qui a lieu deux ans plus tard. Le timbre que Victor Masson propose pour ce concours est ainsi décrit dans le journal L’Exposition de Nancy en 1909 :

Campanule des bois. – C’est un fort joli travail, avec un encadrement tiré du Recueil des grilles de Jean Lamour. Plusieurs figures sont bien traitées. Reste à savoir ce que cela donnera à la réduction et en couleurs[30].

Et à l’affiche d’être ensuite mentionnée :

À côté, une quatrième affiche satisfaisait beaucoup de visiteurs, à la condition de modifier les têtes des belles dames, sortant de la barque de la Moselle. Un canal et des navires sur la place Stanislas, c’est un peu risqué… mais l’idée est ingénieuse… et ce qu’il y a de mieux, c’est la perspective du fond et l’encadrement, copié d’une belle porte de la rue de la Source, ce qui a permis d’enrouler les inscriptions (trop longues) autour des deux colonnes[31].

À l’issue du concours, aucun des deux projets n’est retenu, mais Victor Masson les réemploie dans un menu pour le Congrès national du commerce des bois de France. Le timbre sera également réutilisé comme illustration d’un carton d’invitation de son neveu Pierre-Eugène Masson (1873–1909)[32].

Masson est également amené à contribuer à certains projets. Il réalise par exemple les dessins des costumes pour la pièce Nancy ! Tout le monde descend, montrée au public en 1880[33]. Six ans plus tard, il est au nombre de ceux qui illustrent La Lorraine illustrée avec deux dessins : l’un représentant un chapiteau du cloître de l’église Saint-Gengoult de Toul, l’autre une vue de l’église de Dommartin-lès-Toul[34]. En 1900, une nouvelle édition du poème en patois messin Chan Heurlin est publiée avec trente illustrations de Victor Masson[35]. Enfin, durant la période qui s’étend du milieu des années 1880 à 1909, il réalise sporadiquement quelques dessins publicitaires : menus, cartes, affiches, etc., que ce soit pour son propre commerce ou pour des tiers[5].

Trente-sixième page du manuscrit de Victor Masson, 1889, collection particulière[36].

Au-delà de son intégration toute relative à la vie artistique de sa ville, Victor Masson profite de quelques voyages lorsqu’il est établi à Nancy. Ainsi se rend-il à Chaumont en 1881, comme le montrent quelques paysages réalisés dans un carnet, ou bien à Gourgeon, petit village de Haute-Saône, en 1896, ce dont témoignent quelques aquarelles. Dans le premier cas, la raison de son déplacement n’est pas connue. Dans le second, il est fort probable qu'il se soit rendu à cet endroit car la sœur de sa femme y résidait[37].

Les voyages les plus marquants sont à bien des égards ceux qui le conduisent à Paris en 1878 et en 1889. À ces occasions, Victor Masson se rend aux expositions universelles et visite aussi la ville, s’intéresse aux monuments et se prend d’intérêt pour la foule qui l'anime. Tout cela l’inspire, l’amenant à dépeindre ce qu'il voit : les pavillons des expositions universelles, les étrangers qui s’y trouvent, la ville en elle-même, son atmosphère[38]etc. En 1889, il rédige un manuscrit narrant le récit de ses douze jours passés à Paris, témoin de l’importance que ce voyage revêt pour lui[39].

Mais en dépit de ces rares excursions, Victor Masson voyage peu, n'allant jamais hors de France et se considérant être de « tous ceux qui ne voyagent pas beaucoup[40] »

Toulon, les dernières années

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Victor Masson, Bateaux dans la rade de Toulon, après 1913, collection particulière[41].
Victor et Louise Masson à Toulon, vers 1913, photographie anonyme, collection particulière[42].

Au début des années 1910, l'entreprise Masson Frères est cédée pour 307 455,6 francs. Le , une facture est adressée à Monsieur Kuhn, administrateur délégué de la Société anonyme des anciens établissements Kuhn et Fleichel[43]. Mais dès l’été 1912 apparaissent dans l’Est forestier des publicités évoquant la réunion des maisons Culot et Masson[44].

Cette décision de vendre le commerce s’accompagne d’un déménagement. En 1913, Victor Masson quitte Nancy et s’installe à Toulon au 6, rue Émile Zola, où il passe ses dernières années. Durant cette période, il continue son loisir artistique, créant quelques marines — les seules de son corpus — et un portrait de sa fille Marie[45]. Ce moment voit également la disparition de deux membres de sa famille à la guerre : Jean, son fils, en 1914, et Pierre-Maurice, son neveu, en 1916[1]. Il meurt à son domicile le [46],[47].

Thématique

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Victor Masson s’est intéressé à des genres et sujets variés, donnant à son corpus une indéniable diversité. Cela ne signifie pas que l’artiste soit adepte de tous les genres picturaux. La peinture d’histoire et la nature morte, par exemple, ne l’intéressent pas. Les genres auxquels il s'adonne n’apparaissent pas tous à la même fréquence dans le corpus. Les sujets animaliers, par exemple, sont bien peu présents en comparaison des paysages[48]. Un paragraphe inscrit dans son manuscrit offre un aperçu de ses goûts :

Lassés de ces mondes disparus, les artistes s’avisèrent de regarder autour d’eux. Ils s’aperçurent que notre monde moderne était aussi très intéressant, et ils se mirent à faire ce qu’ils voyaient. C’est à cette phase que nous en sommes arrivés, et je crois que nous ferons bien d’en rester là. Faire ce que l’on voit, ce que l’on croit voir ou ce que l’on rêve. C’est déjà quelque chose. Les amants de la nature, et ceux de l’idéal trouveront suffisamment à puiser à ces deux sources[49].

Victor Masson, Le Marché aux fleurs, collection particulière[50].

Ce « monde moderne » et cette question d’observation ainsi nommés transparaissent fortement dans le corpus. S’appliquant à faire ce qu’il écrit ici, l'artiste prend comme sujets des scènes de la vie quotidienne ou des paysages qu’il a pu voir. Il s’intéresse également à la figure humaine, que ce soit comme sujet de satires, voire de caricatures, ou de simple représentation[51].

Toutefois, Victor Masson ne s’arrête pas à de tels sujets de représentations. En écrivant devoir faire « ce que l’on rêve » (bien que ce concept soit flou[52]), il suppose l’existence d’inspirations supplémentaires. Les projets d’illustrations sont un bon exemple à cet égard puisqu'ils montrent une diversité de sujets réalisés autrement que par l'observation de la vie quotidienne : Les Mille et Une Nuits, Japoneries d'automne de Pierre Loti, les contes d’Hoffmann ou certains écrits de Victor Hugo[53]. Mais d’autres œuvres offrent un constat similaire, tels les dessins publicitaires[5].

Par ailleurs, le fait qu’il ne vende pas et n’expose presque jamais suppose l'absence de contraintes pour satisfaire à un public ou un commanditaire donné. Par conséquent, il faut considérer les thèmes de Victor Masson comme les reflets de ses goûts[54].

Les œuvres que crée Victor Masson doivent être vues comme les reflets de certaines idées ou personnes, de certains mouvements par lesquels il est influencé, et ces influences sont multiples.

La volonté avec laquelle il s’attache à représenter le monde moderne par un travail d’observation renvoie à des valeurs esthétiques et artistiques qui sont alors en vogue à son époque, notamment chez les impressionnistes ou certains contemporains nancéiens comme les frères Voirin : la représentation du progrès technique ou des paysages campagnards en sont des exemples[51].

Victor Masson, Vous ne mangez pas, mademoiselle Esméralda, vers 1868, Paris, maison de Victor Hugo[55].

Dans ses projets d’illustration, Victor Masson ne s’inspire pas obligatoirement de ses lectures. Il puise également dans des illustrations d'artistes qui l'ont précédé, que les passages représentés soient identiques ou non, allant parfois jusqu’à frôler le plagiat. Par exemple, certaines illustrations des Mille et Une Nuits renvoient fortement aux travaux de Gustave Doré pour le même récit[56].

Résidant à Nancy, Victor Masson est proche de l’École de Nancy et des idées favorables à l’Art nouveau diffusées par celle-ci. L’influence n’a pas un grand impact chez l'artiste mais elle se retrouve toutefois dans quelques œuvres où le monde végétal, valeur essentielle de l'École de Nancy, est central, comme par exemple dans une étude préparatoire pour le timbre de l’Exposition internationale de l'Est de la France de 1909[57].

Dans les premières années qu’il passe à Metz, Victor Masson se laisse également toucher par le post-romantisme alors en vogue dans cette ville. Cette influence apparaît par exemple dans des projets d’illustrations de cette époque, aujourd’hui conservés à Paris à la maison de Victor Hugo. Elle semble aussi se retrouver en toile de fond de considérations qu'il expose dans son manuscrit, notamment la comparaison entre les sculptures antiques et médiévales, ou bien l'évocation de l'atmosphère de Notre-Dame de Paris[58].

Si Victor Masson se laisse parfois volontiers influencer par de telles sources, il faut néanmoins faire la distinction avec la copie, pratique contre laquelle il proteste :

Pourquoi refaire ce qui a déjà été fait direz-vous ? Que copiaient-ils ces anciens direz-vous encore ? Ceux qui sont là, à copier, sont des copistes à vie pour la plupart du moins, et ils trouvent dans ce travail un moyen de gagner leur vie, maigrement sans doute, si l’on en juge à leur mine[59].

Il faut en effet remarquer que le corpus de Victor Masson ne contient pas de reproductions d’œuvres, en dépit des dessins d’après l’antique réalisés lors de son apprentissage et d’un rapide croquis d'après La Lutte d’Émile Friant[60].

Postérité

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Victor Masson, Le Loueur de chaises de la cathédrale, 1870, Metz, musée de la Cour d'Or, détruit en 1944[61].

À la mort de Victor Masson, la majorité de sa production demeure chez ses descendants, où elle se trouve aujourd’hui encore le plus souvent. Il existe quelques exceptions comme le dessin donné à Auguste Migette pour sa collection léguée à la Ville de Metz[10], reversé au musée de la Cour d'Or avant d’être détruit durant la Seconde Guerre mondiale[62]. Des œuvres de Masson figuraient dans la collection Wiener, dont certaines furent léguées à Nancy au Musée lorrain. Vingt-deux projets d’illustrations acquis par la maison de Victor Hugo en 2012 proviennent de la collection de la famille Hugo[63], mais contrairement aux dessins des collections Migette et Wiener, la provenance des œuvres de Masson dans la collection Hugo n’est pas connue.

Si, en dehors de ces exemple peu nombreux, l’essentiel du corpus demeure encore aujourd’hui chez les descendants de Victor Masson, c’est parce que la volonté de ce dernier est avant tout de conserver son propre travail en l’entretenant et en le mettant en valeur. Des ensembles de dessins sont ainsi réunis en albums, d’autres classées dans des pochettes. Certains dessins ont été montés sur des supports. Il en existe aussi que Victor Masson encadre et expose chez lui, en témoigne une photographie montrant Les Conteurs vénitiens accroché au mur de son salon. Rares sont les œuvres à n’avoir fait l’objet d’aucun traitement. Victor Masson agit avec son propre travail comme s’il s’agissait d’une véritable collection personnelle[54].

N'ayant pratiquement pas exposé ni jamais rien vendu pour garder l’essentiel de sa production, la réception critique de son œuvre est quasi inexistante en dehors d'un nombre réduit d'articles[54].

Notes et références

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Références

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  1. a b et c « Arbre généalogique lapinhot - Geneanet », sur gw.geneanet.org (consulté le ).
  2. a et b Auguste Migette, Histoire de l'École municipale de dessin de la ville de Metz, manuscrit conservé à Metz, Médiathèque de Metz, cote Ms/1281, p. 118.
  3. Thibaud Dapremont, Victor Masson (1849-1917), mémoire de master 2 en Histoire de l'art, sous la direction de Thierry Laugée, Sorbonne-Université, volume de texte, pp. 119-134.
  4. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 61.
  5. a b et c Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, pp. 1446-1478.
  6. a et b Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, pp. 19-22.
  7. [Anonyme], Société d’encouragement pour l’instruction des adultes, Metz, Imprimerie J. Verronnais, 1868, p. 11.
  8. Auguste Migette, Histoire de l'École municipale de dessin de la ville de Metz, manuscrit, Metz, Médiathèque de Metz, cote Ms/1281, p. 134.
  9. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1521.
  10. a et b Auguste Migette, op. cit., p. 133.
  11. Auguste Bellevoye, Catalogue des tableaux et dessins exécutés par Aug. Migette et offerts par l'artiste à la ville de Metz, Metz, Imprimerie Verronnais, , 135 p. (lire en ligne), p. 131-131.
  12. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 108.
  13. Victor Masson, Douze jours à Paris, manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, p. 117. Cité dans : Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 451.
  14. « Liste nominative, Nancy, dénombrement quinquennal de 1876, 3e section », sur archivesenligne.archives.cg54.fr (consulté le ).
  15. Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 285.
  16. Il a notamment réalisé un dessin pour La Plume, aujourd'hui conservé par la bibliothèque de l'INHA (en ligne sur bibliotheque-numerique.inha.fr).
  17. Victor Masson, Douze jours à Paris, manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, p. 4. Cité dans : Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 350.
  18. « Arbre généalogique lapinhot - Geneanet », sur gw.geneanet.org (consulté le ).
  19. « Liste nominative, Nancy, dénombrement quinquennal de 1913, 3e section », sur archivesenligne.archives.cg54.fr (consulté le ).
  20. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1447.
  21. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1474.
  22. [Edgard Auguin], « Nos illustrations », Nancy Artiste, , p. 4.
  23. Victor Masson, Douze jours à Paris, manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, p. 71. Cité dans : Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 414.
  24. Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, pp. 171-205.
  25. G.S, « Livres d’art lorrains », La Lorraine artiste, 18e année, no 1, , p. 31.
  26. a et b « Fond Wiener », sur wiener.societe-histoire-lorraine.com (consulté le ).
  27. [Anonyme], « Deux tableaux de Friant », Nancy-Artiste,‎ , p. 5. (lire en ligne)
  28. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1463.
  29. [Anonyme], « L'Exposition de la Loterie », Nancy-Artiste,‎ , p. 6. (lire en ligne)
  30. [Anonyme], « Le Concours du Timbre et de l'Affiche de l'Exposition », L'Exposition de Nancy en 1909,‎ , p. 194 p. (lire en ligne)
  31. [Anonyme], « Le Concours du Timbre et de l'Affiche de l'Exposition », L'Exposition de Nancy en 1909,‎ , p. 195. (lire en ligne)
  32. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, pp. 1461 et 1468.
  33. « Fond Wiener », sur wiener.societe-histoire-lorraine.com (consulté le ).
  34. Edgard Auguin [et al.], La Lorraine illustrée, Nancy, Berger-Levrault, , p. 612 et 617..
  35. Albert Brondex, Didier Mory, Chan Heurlin, Nancy, librairie Sidot, , 108 p..
  36. Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 384.
  37. Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, pp. 100-101.
  38. Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, pp. 119-134.
  39. Victor Masson, Douze jours à Paris, manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, 181 p. Cité dans : Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, pp. 347-500.
  40. Victor Masson, Douze jours à Paris, manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, p. 3. Cité dans : Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 349.
  41. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1442.
  42. Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 110.
  43. Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, pp. 39-41.
  44. [Anonyme], « publicité », L'Est forestier,‎ 10 juin 1912..
  45. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, pp. 1439-1445 et 1559.
  46. Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, pp. 15-16.
  47. « Nécrologie », sur kiosque.limedia.fr, Le Journal de la Meurthe et des Vosges, (consulté le ), p. 2. « Nous apprenons avec regret la mort, survenue à Toulon, de M. Victor Masson, l’ancien et sympathique négociant en bois, si honorablement connu à Nancy. »
  48. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, 1 617 p.
  49. Victor Masson, Douze jours à Paris, manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, p. 112. Cité dans : Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, p. 448.
  50. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1507.
  51. a et b Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, pp. 81-118.
  52. Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, p. 135.
  53. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, pp. 1076-1409.
  54. a b et c Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, pp. 63-64.
  55. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1241.
  56. Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, pp. 167-186.
  57. Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, pp. 137-148.
  58. Thibaud Dapremont, op. cit., volume de texte, pp. 149-166.
  59. Victor Masson, Douze jours à Paris, manuscrit, Cognac, collection particulière, 1889, pp. 48-49. Cité dans : Thibaud Dapremont, op. cit., volume d'annexes, pp. 393-394.
  60. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, pp. 17-81 et 565.
  61. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 1522.
  62. Thibaud Dapremont, op. cit., catalogue d'œuvres, p. 334.
  63. « Vingt-deux dessins illustrant les œuvres de Victor Hugo, Cervantès et E.T. A. Hoffmann | Paris Musées », sur www.parismuseescollections.paris.fr (consulté le ).

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Bibliographie

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  • Auguste Bellevoye, Catalogue des tableaux et dessins exécutés par Aug. Migette et offerts par l'artiste à la ville de Metz, Metz, Imprimerie Verronnais, 1882, 135 p.
  • Paul Digot, Les Contemporains de Nancy pour 1883, Nancy, Sidot Frères, , 55 p. (ASIN B001CB1VB8).
  • Thibaud Dapremont, Victor Masson (1849-1917), mémoire de master 2 en Histoire de l'art, sous la direction de Thierry Laugée, Sorbonne-Université, 3 vol. : 217 p., 505 p., 1 617 p. (notice en ligne sur agorha.inha.fr).

Liens externes

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