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Chanbara

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Le chanbara (チャンバラ?, ou chambara selon la méthode Hepburn traditionnelle) est un genre cinématographique et théâtral japonais de bataille de sabre souvent présenté comme un équivalent du film de cape et d'épée européen[1],[2].

Le mot « chanbara » provient de la contraction des onomatopées « chan-chan bara-bara » qui désignent le bruit de la lame tranchant la chair. Le genre est également appelé ken geki (剣劇) (film de sabre[3]) et est parfois assimilé à un sous-ensemble du « jidai-geki » (film historique).

Le kenjutsu.

Le genre obéit à des codes très précis quant à la définition des personnages, la forme visuelle et la structure de l'intrigue. Le héros est la plupart du temps un combattant solitaire, samouraï ou rōnin, qui doit suivre le bushido (littéralement « la voie du guerrier »), un code d'honneur dont l'irrespect entraînait le seppuku. Les combats sont souvent caractérisés par un rythme particulier : une longue attente suivie d'échanges de coups de sabre rapides et violents. Très sanglants, les films se terminent généralement en apothéose, avec une grande bataille ou un daikettō (littéralement « grand duel »).

Arts martiaux

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Le kenjutsu, l'art du sabre des samouraïs, est à la base des combats présentés dans les chanbara. Et de nombreux films font référence aux koryū, les anciennes écoles d'arts martiaux du Japon médiéval. Ainsi, le directeur des combats pour Les Sept Samouraïs est Sugino Yoshio, un maître de l'école Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū. Le style de Miyamoto Musashi, dans les films qui lui sont consacrés, est celui de l'école qu'il a fondée, le Hyōhō niten ichi ryū.

Le style pratiqué par le personnage de Baby Cart est censé être celui de l'école Suiō-ryū Iai Kenpo. Les membres du clan Yagyū, auxquels il est confronté, pratiquent le Yagyū Shingan-ryū. Dans Soleil rouge, le personnage de Toshirō Mifune utilise une technique enseignée par le Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū pour tuer le bandit qui fait irruption dans la grange. Il faut dire que l'acteur était lui-même un pratiquant de cette école. Enfin, dans Tabou de Nagisa Ōshima, on peut voir de nombreux styles d'escrime, ce qui illustre la grande variété des techniques enseignées dans les koryū de cette époque.

Le chanbara, comme le cinéma japonais en général, vient du théâtre traditionnel, le kabuki[4]. Au début du XXe siècle, Shōjirō Sawada propose des combats plus énergiques encore dans ses pièces, et surtout, plus réalistes[5]. La fascination du public pour les samouraïs est donc antérieure au cinéma. Kanamori Bansho (ja) révolutionne le genre dans les années 1920 en s'inspirant des pièces de Shōjirō Sawada et aussi du cinéma occidental. Il dynamise les combats grâce à une utilisation alors inédite des techniques de montage. Le genre devient alors très populaire avec des acteurs comme Denjirō Ōkōchi qui incarnent des héros mythiques. On peut notamment citer Tange Sazen, personnage fictif, borgne et manchot, héros du film Le Pot d'un million de ryō, réalisé en 1935 par Sadao Yamanaka.

Les réalisateurs Daisuke Itō avec Le Journal de voyage de Chuji (1927) et Masahiro Makino avec Duel à Takadanobaba (1937) ont également contribué au genre. Le début de la guerre en 1935 entraîne une censure sévère qui interdit les histoires pessimistes. Pendant cette période, on peut retenir les adaptations des romans de Eiji Yoshikawa par Hiroshi Inagaki, puis par Kenji Mizoguchi.

De l'après guerre aux années 1970

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Après la pause due à la guerre, le chanbara renaît en 1954 grâce au film de Akira Kurosawa Les Sept Samouraïs. Il mélange le film d'époque et le film de sabre, ce qui le rend plus accessible notamment pour le public occidental. La même année, Hiroshi Inagaki adapte l'histoire de Miyamoto Musashi dans une trilogie dont le premier épisode reçoit l'Oscar du meilleur film étranger en 1956 (La Légende de Musashi). Musashi est interprété par Toshirō Mifune qui devient l'un des plus célèbres acteurs japonais. Kurosawa donne ses lettres de noblesse au genre — qui était méprisé par la critique — avec trois autres films, La Forteresse cachée, Le Garde du corps (Yojimbo) et Sanjuro.

La même année que Sanjuro, en 1962, Masaki Kobayashi réalise Hara-kiri, qui donne un ton définitivement noir au genre. À travers le chanbara, le réalisateur vient interroger les valeurs communes de cette époque, à savoir l'honneur et le respect ; ces mêmes valeurs qui ont porté le Japon militariste durant la Seconde Guerre mondiale. Le genre porte alors les germes d'une vive critique sociale et politique. Le film recevra le Prix du Jury au Festival de Cannes en 1963. À la même période, c'est le début de la grande série des Zatoichi qui fera entrer l'acteur Shintarō Katsu dans la légende. La série est l'occasion pour le studio de la Daiei de mettre en avant de nouveaux réalisateurs : Kenji Misumi, Tokuzō Tanaka ou encore Kazuo Ikehiro. Et puisque ces années 1960 sont propices à la critique, même les grands mythes fondateurs sont revus, à l'exemple de Musashi. C'est Tomu Uchida qui s'occupera de réaliser les six films dans lesquels, à son tour, il questionne le bushido — littéralement « la voie du guerrier » — refusant continuellement de l'admettre comme un bien-fondé.

Dans la même idée, Kihachi Okamoto pose sur le genre un regard cynique teinté d'ironie. Il fait avec Le Sabre du mal la description d'un univers nihiliste où l'honneur des samouraïs n'est plus qu'une mascarade. Les hommes sont dominés par le respect des règles du bushido qui prend peu à peu possession d'eux jusqu’à en faire de véritables démons. Enfin, pour Hideo Gosha, les années 1960 représentent une belle période pendant laquelle il va explorer le chanbara, en jouant constamment avec ses codes. C'est ainsi que dès son premier film, Les Trois Samouraïs hors-la-loi, il renverse l'image habituelle du samouraï en le faisant patauger dans la boue. Mais surtout le réalisateur s'applique à travers ses personnages principaux à démontrer la contradiction morale de leur code de l'honneur. Un code qui les pousse à tuer, qui parle d'honneur quand il n'y a que lâcheté environnante et mépris des autres. Il amène ses personnages à se désolidariser du groupe pour suivre leur propre chemin, afin de s'épanouir spirituellement. Ce travail atteint son apogée en 1969, avec Gōyokin et Puni par le ciel. La décennie 1970 est marquée par la série Baby Cart de Kenji Misumi adaptée du manga de Kazuo Koike et Goseki Kojima, Lone Wolf and Cub. Six films seront réalisés.

Le chanbara a largement influencé les réalisateurs occidentaux, qui ont mis en scène des remakes ou des adaptations de films célèbres. On peut citer Les Sept Mercenaires de John Sturges (Les Sept Samouraïs), Pour une poignée de dollars de Sergio Leone (Le Garde du corps) et Star Wars de George Lucas (La Forteresse cachée). L'animation a donné également des films de sabre comme L'Épée de Kamui de Rintarō, Ninja Scroll de Yoshiaki Kawajiri ou Sword of the Stranger de Masahiro Andō, ainsi que la série animée Samurai champloo, relecture du genre entre parodie et hommage. Le genre a connu un véritable retour de flamme dans les années 2000 avec des films comme Zatōichi de Takeshi Kitano, Après la pluie de Takashi Koizumi, Le Samouraï du crépuscule de Yōji Yamada ou When the Last Sword Is Drawn de Yōjirō Takita.

Dans les années 2010, de nombreux mangas illustrent le genre, dont Bleach de Tite Kubo, qui reprend plusieurs codes du chanbara[réf. nécessaire].

Notes et références

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  1. Site le journal du Japon, article « Uzumasa Limelight : combat de sabres et voie du chanbara », publié le .
  2. Site du journal Le télegramme, article "Le chanbara : s'opposer en s'amusant, publié le 1er octobre 1999
  3. (en) Hill (2002).
  4. (en) « Kabuki: A Brief History » (consulté le ).
  5. (fr) « Les samourais, icônes d'un cinéma » (consulté le ).

Bibliographie

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Liens externes

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