Aller au contenu

At-Tahrim

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

66e sourate du Coran
L’Interdiction
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلتَّحْرِيمِ, At-Tahrim
Titre français L’Interdiction
Ordre traditionnel 66e sourate
Ordre chronologique 107e sourate
Période de proclamation Période médinoise
Nombre de versets (ayat) 12
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

At-Tahrim (arabe : سُورَةُ ٱلتَّحْرِيمِ, français : L’Interdiction) est le nom traditionnellement donné à la 66e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 12 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période médinoise.

Origine du nom

[modifier | modifier le code]

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate L’Interdiction[2], en référence au contenu du premier verset : « 1. Ô Prophète ! Pourquoi interdis-tu ce que Dieu t'a rendu licite, pour rechercher la satisfaction de tes épouses ? Dieu est Pardonneur, Miséricordieux. ».

Cette sourate médinoise de douze versets porte parfois d’autres titres comme « Le Prophète »[3].

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4],[5], cette sourate occupe la 107e place. Elle aurait été proclamée pendant la période médinoise, c'est-à-dire schématiquement durant la seconde partie de la vie de Mahomet, après avoir quitté La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8],[9], pour qui cette sourate est la 109e.

Malgré une apparence homogène, plusieurs sections de périodes différentes forment cette sourate. Le v.9, lui, n’appartient probablement pas originellement à cette sourate[3].

Interprétations

[modifier | modifier le code]

Versets 1-5 : adresse au Prophète

[modifier | modifier le code]

Le premier verset est une adresse au « Prophète », similaire à celle de la sourate précédente, At-Talaq (La Répudiation). Cependant, une différence apparaît dans le fait qu’elle soit interrogative. Néanmoins, Neuenkirchen se demande si la lecture du mot lima (« Pourquoi ? ») n’est pas une mauvaise interprétation du terme lam (particule impérative), les deux étant identiques dans les anciens Coran non vocalisés. Cette phrase serait donc un impératif, comme dans la sourate 5[3].

Ce premier est, comme très souvent dans le Coran, très allusif. Il est impossible, par le texte, d’identifier les protagonistes ou le contexte. Ce n’est qu’à posteriori que la tradition « tentera de faire parler ces silences »[3].

Le verset 2 semble déconnecté du précédent. Il trouve une correspondance dans un texte législatif de la communauté de Qumrân[3].

L’expression « le vertueux des croyants » n’apparaît nulle part ailleurs dans le Coran. Le sens reste inconnu, malgré les interprétations des exégètes musulmans. Pour Blachère, elle est une interpolation tardive. Pour Neuenkirchen, la phrase originale serait seulement : « Dieu est son allié, et de surcroît [son] assistance »[3].


Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • P. Neuenkirchen, "Sourate 66", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1755 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 1].

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

[modifier | modifier le code]
  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 978-2-221-06964-6, BNF 36204897)
  3. a b c d e et f P. Neuenkirchen, "Sourate 66", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1755 et suiv.
  4. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  5. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  6. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.