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Bernard Gui

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Bernard Gui
Image illustrative de l’article Bernard Gui
Bernard Gui présentant son ouvrage à Jean XXII.
Biographie
Nom de naissance Bernard Guidoni
Naissance
Royère aujourd'hui commune de La Roche-l'Abeille
Ordre religieux Ordre des Prêcheurs
Décès
Lauroux
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Lodève
Évêque de Tui
Autres fonctions
Fonction religieuse
Inquisiteur de Toulouse
Fonction laïque
Ordre des Prêcheurs

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Bernard Gui (nom latin Bernardus Guidonis), né en 1261 dans l'ancienne paroisse de Royère aujourd'hui hameau de la commune de La Roche-l'Abeille dans le Limousin, et mort en 1331 à Lauroux dans l'actuel département de l'Hérault, est un dominicain français, évêque de Lodève et de Tui (Galice) en Espagne (pays qui n’existait pas à son époque). Il a été connu pour son rôle d'inquisiteur de l'hérésie en Languedoc.

Bernard Gui embrasse les ordres à l'âge de dix-neuf ans en entrant comme novice au couvent dominicain de Limoges. Il y étudie la logique puis se rend à Bordeaux au début des années 1280 pour y étudier la philosophie[1]. Une fois ses études terminées, en 1291, il se met à enseigner la théologie aux dominicains. Il devient prieur d'Albi en 1294, puis de Carcassonne, de Castres et de Limoges[2]. Finalement, il est nommé inquisiteur de Toulouse en 1308 et occupe cette fonction jusqu'en 1323.

Médiocre théologien, il donne toute sa mesure dans ses nouvelles fonctions. Durant sa charge, il doit faire face aux trois grands types d'hérésies de son époque : le catharisme (1307–1323), le valdéisme (1316–1322) et les Béguards et Béguines (1319–1323).

Il appartient à la troisième génération d'inquisiteurs, laquelle rend à l'institution inquisitoriale son poids et son efficacité après une période de contestations. Il en est aussi le grand ordonnateur juridique. Réputé pour la sévérité de ses sentences (mais aussi pour la rigueur de ses enquêtes contradictoires), il envoie notamment au bûcher Peire Authié, dernier «  bon homme » hérétique actif en Languedoc (avril 1310). Il participa aussi au procès du franciscain et opposant à l'Inquisition Bernard Délicieux (1319).

Son Liber sententiarum (Livre des sentences) recueille les actes de 11 sermons généraux (appelés sermo generalis) et ses 916 décisions de justice prises, pendant son mandat d'inquisiteur à Toulouse, contre 636 personnes (décisions individuelles ou concernant toute une communauté). Les sermons révèlent que le but premier de l'Inquisition est la conversion des hérétiques et non leur anéantissement. Contrairement à l'image de l'inquisiteur implacable, ce registre montre la variété de ses sanctions : 30 % des décisions sont des libérations de peine, environ 6 % sont des condamnations au bûcher (principalement pour les relaps), plus de 50 % sont des condamnations à la prison (prison perpétuelle avec mise aux fers pour les cas les plus graves) ou la pénitence du port de la croix jaune[2].

Ses promotions en tant qu'évêque lui sont octroyées par le pape Jean XXII en récompense des services rendus en tant qu'inquisiteur. En août 1323, il est nommé évêque de Tuy en Galice (Espagne) ; aucun document ne permet de savoir s'il s'y rendit. Il reçoit ensuite en 1324 le modeste évêché de Lodève.

Historien et hagiographe de son ordre, il est l'auteur de nombreux ouvrages de grande importance dont, entre autres, le premier des manuels d'Inquisition, la Practica Inquisitionis hæreticae pravitatis (Manuel de l'inquisiteur), rédigé entre 1319 et 1323, et portant sur les pratiques et les méthodes de l'inquisition à l'usage de ses frères.

Il rédige également un arbre de la généalogie des rois des Francs. Cinq éditions furent produites entre 1313 et 1331. C'est la première fois qu'on trouve les mots « arbre » et « généalogie » dans un titre. À l'époque, la notion d'arbre généalogique n'est pas encore arrêtée. C'est également la première fois qu'on applique à une généalogie royale les représentations d'ordinaire réservées aux généalogies bibliques[3].

Son corps est transporté à Limoges et inhumé dans l’église des Prêcheurs, à gauche de l’autel.

Œuvres littéraires

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  • Fleurs des chroniques
  • Chronique abrégée des empereurs
  • Chronique des rois de France
  • Catalogue des évêques de Limoges
  • Traité sur les saints du Limousin
  • Traité sur l'histoire de l'abbaye Saint-Augustin-lès-Limoges
  • Chronique des prieurs de Grandmont
  • Chronique des prieurs de l'Artige
  • Chronique des évêques de Toulouse
  • Sanctoral ou miroir des Saints
  • Vie des Saints
  • Traité sur les soixante-douze disciples et sur les apôtres
  • Traité sur l'époque de la célébration des conciles
  • Compilation historique sur l'ordre des Dominicains
  • Pratique de l'Inquisition
  • Catalogus episcoporum Lodovensium (catalogue des évêques de Lodève)

Dans la fiction

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Il est l'un des principaux personnages du roman Le Nom de la rose d'Umberto Eco, dans lequel il se sert de la lutte contre l'hérésie dolcinienne dans la querelle politico-théologique sur la « pauvreté de Jésus » qui oppose le pape Jean XXII, dont il est l'envoyé, à l'empereur romain germanique Louis IV du Saint-Empire et aux franciscains menés par Michel de Césène et Ubertin de Casale.

On retrouve ce personnage dans l'adaptation cinématographique du roman par Jean-Jacques Annaud, où il est interprété par le comédien américain F. Murray Abraham. Toutefois, le nom du personnage est un peu modifié (il devient Bernardo Gui) et son sort diffère à la fin du film.

Dans la mini-série italo-allemande de 2019, réalisée par Giacomo Battiato, l’inquisiteur Bernard Gui est interprété par le comédien britannique Rupert Everett.

Notes et références

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  1. Ecrit, pouvoirs et société. Occident. XIIe-XIVe, Neuilly-sur-Seine/58-Clamecy, Atlande, , 623 p. (ISBN 978-2-35030-603-2), p. 497
  2. a et b Julien Théry, Le Livre des sentences de l'inquisiteur Bernard Gui, CNRS éd., .
  3. Didier Lett, Christiane Klapisch-Zuber, L'Ombre des ancêtres. Essai sur l'imaginaire médiéval de la parenté, vol. 20, t. 41, Médiévales, (lire en ligne), p. 176-180.

Bibliographie

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  • « Les ouvrages de Bernard Gui », dans Bibliothèque de l'École des chartes, 1877, tome 38, p. 381-389 (lire en ligne)
  • Célestin Douais, « Un nouveau manuscrit de Bernard Gui et des Chroniques des papes d'Avignon », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. 14,‎ 1886-1889, p. 417-452 (lire en ligne)
  • Célestin Douais, Un nouvel écrit de Bernard Gui, le Synodal de Lodève (1325-1326), accompagné du "Libellus de articulis fidei" du même, Alphonse Picard libraire-éditeur, Paris, 1894 (lire en ligne)
  • Agnès Dubreil-Arcin, Vies de saints, légendes de soi. L'écriture hagiographique dominicaine jusqu'au « Speculum sanctoral » de Bernard Gui (+ 1331), Turnhout, Brepols, 2011
  • Agnès Dubreil-Arcin, « Un hagiographe à l'œuvre : Bernard Gui et les légendes de saint-Saturnin de Toulouse », dans Annales du Midi, 1999, tome 111, no 226, p. 217-231 (lire en ligne)
  • Bernard Guenée, Entre l'Église et l'État. Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1987 [p. 49–85]
  • Bernard Gui et son monde, Cahiers de Fanjeaux, 16, 1981 (réédité en 1995), Privat, Toulouse (ISBN 2708934155)
  • Anne-Marie Lamarrigue, Bernard Gui, 1261-1331 : un historien et sa méthode, Honoré Champion, Paris, 2000 (ISBN 2745302035)
  • Annette Pales-Gobilliard (traduction et annotation), Livre des sentences de l'inquisiteur Bernard Gui (1308-1323), coffret 2 volumes novembre 2002, CNRS Éditions
  • Auguste Molinier, « 2844. Bernard Gui », dans Les sources de l'histoire de France, Alphonse Picard et fils éditeurs, Paris, 1903, tome III, Les capétiens (1180-1328), p. 184-187 (lire en ligne)
  • Julien Théry (éd., trad. et introduction), Le Livre des sentences de l'inquisiteur Bernard Gui, Paris, CNRS, 2010, compte-rendu par Julien Véronèse, dans Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2010

Articles connexes

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Liens externes

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