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Ricetto

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Un ricetto est élément très spécifique de l'architecture et de l'histoire du nord de l'Italie. Au sens le plus restrictif du terme c'est une structure fortifiée destinée à abriter des petits bâtiments à usage de granges et de celliers où les paysans des environs pouvaient se réfugier dans les périodes troublées du bas Moyen Âge. Dans un sens plus large, s'y ajoutent de nombreux villages fortifiés construits dès le XIe siècle et habités de façon permanente qui ont conservé le même aspect que le village-refuge.

Le ricetto de Candelo

Définition

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Ricetto, /ri'tʃɛt:o/, Du latin receptŭs,ūs : refuge[1] : mot italien sans équivalent en français, pourrait être traduit par "refuge fortifié". Ce substantif masculin devient ricetti au pluriel. On le trouve sous diverses formes dans les archives des municipalités ; recetum, ricetum, reductum , reccetum. Il se transforme aussi occasionnellement en recetto, resetto, restretto[2]. Il est souvent mentionné sous la forme latine « receptum »[3] par exemple dans les archives de la ville de Mottalciata[4].

Un ricetto est une structure médiévale constituée de murs d'enceinte et de tours. Ces fortifications étaient essentiellement destinées à abriter les récoltes. Majoritairement construits à l'initiative des paysans, ces derniers s'y réfugiaient avec leurs troupeaux en période de danger. Les ricetti ont été édifiés du XIIIe au XVe siècle[5] pour faire face aux incursions de pillards ou se protéger des épidémies [6]. Mais le terme de ricetto est également appliqué par certains aux refuges fortifiés habités en permanence[2]. Dans ce cas les ricetti ont pu exister depuis le Xe ou le XIe siècle.

Une définition discutée

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La notion de ricetto construit à partir d'un noyau préexistant d'habitations, fortifié à l'aide de fossés et, ou de murs d'enceinte est contestée par certains historiens comme Aldo A. Settia [7] et Giancarlo Andenna qui pensent que les places fortes habitées de façon permanente dès le début de leur existence ne rentrent pas dans cette catégorie[8],[9]. Le village fortifié de Magnano, bourg franc fondé par la ville de Verceil, n'a pris le qualificatif de ricetto qu'au début du XXe siècle[10], Ghemme, bourg fortifié construit sur initiative populaire, ressemble plus à une ville neuve par sa taille et sa configuration, mais est néanmoins qualifié de ricetto[11],[12].

On peut distinguer deux types de ricetti[6]:

  • le ricetto populaire construit à l'initiative des villageois avec ou sans l'aide du seigneur local pour sécuriser leurs produits agricoles et se mettre à l'abri en cas d'attaque[13] comme ceux de Candelo, Oglianico[14], Sandigliano[15]. Il est construit principalement dans les plaines où les exploitations des paysans étaient isolées et sans protection.
  • le ricetto adjacent à un château féodal dont il constitue une sorte d'appendice fortifié (Valdengo[16], Roppolo[17], Viverone[18]). Il se trouve toujours en position inférieure par rapport au château avec lequel il a une muraille commune.

Localisation

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Dans le nord de l'Italie, ils sont principalement concentrés dans le Piémont où on en recense environ 200 d'après le centre de documentation sur les ricetti du Piémont de Candelo[19]. On en trouve aussi en Lombardie : à Scaldasole[20], à Moniga del Garda[21].

Le ricetto fait partie du paysage du nord de l'Italie et raconte une partie de son histoire. Il apparaît au bas Moyen Âge quand le château n'est plus en mesure de servir de refuge [5] pour des raisons diverses ; à partir de la fin du XIIe siècle les villes à la conquête du Contado exercent un contrôle de plus en plus important sur les campagnes et le pouvoir féodal s'amenuise[22]. Dans certaines régions les alleutiers sont nombreux et leurs communautés sont dynamiques[23], mais, comme les paysans qui louaient des terres à des propriétaires citadins par le biais de la mezzadria , ils n'étaient plus liés au pouvoir féodal qui leur imposait de lourdes charges mais accordait aussi une protection militaire[24]. Ils avaient besoin de trouver refuge lors des nombreux conflits entre communes, des luttes incessantes entre Guelfes et gibelins et des raids des mercenaires en déroute[22]. Construit par les paysans eux-mêmes, le ricetto appartenait à la collectivité qui était chargée d'administrer le complexe et d'entretenir et défendre les fortifications. Si les paysans avaient demandé l'aide d'un seigneur pour la concession du terrain, celui-ci pouvait avoir certains droits de regard dans les prises de décision mais n'était en aucun cas propriétaire des lieux. Les bâtiments qui servaient de greniers à grains, de resserres ou de caves à vin, et de maisons en cas de danger extérieur, se sont transformés au cours des siècles en habitations permanentes[2].

Le ricetto qui apparaît au bas Moyen Âge a la même fonction que le castrum ou castello du Xe siècle, souvent propriété collective[25] qui de château dépôt pour les récoltes devient centre habité, ou l'inverse suivant les circonstances [26]. Mais du XIe siècle au XIIe siècle le mot castrum prend un sens différent[27] car le village entouré de murs ou le receptum passe aux mains d'un seigneur laïc ou ecclésiastique et devient emblème du pouvoir féodal[28] Le ricetto n'a pas de vocation militaire comme les bourgs fortifiés , il n'est pas destiné à abriter une garnison. Il ne peut être assimilé à une place forte ni à une citadelle.

Le ricetto de Candelo a gardé son caractère médiéval d'origine car il a longtemps conservé sa vocation agricole et il n'a pas subi beaucoup de transformations. Les autres ricetti ont disparu en grande partie ; la plupart d'entre eux ne se devinent que par la présence de pans de murs d'enceinte, d'une tour-porte, parfois de quelques "cellules" et par la régularité de leur plan.

Architecture

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De forme plus régulière dans les plaines où ils sont très nombreux puisqu'ils étaient des lieux de refuge et de rassemblement en cas d'invasion pour les paysans dispersés dans les hameaux d'une campagne peu habitée, ils peuvent se plier aux exigences des reliefs dans les hauteurs. Les remparts qui entourent le ricetto sont défendus à chaque angle par des tours rondes ou en forme de parallélépipède et par une tour-porche qui permettait l'accès aux gens et aux charrettes. Ces tours porches étaient souvent défendues par un pont-levis comme à Candelo ou Oglianico[14] . Plusieurs dizaines de bâtiments standardisés à usage de grange, cellier ou remise séparés les uns des autres, qualifiés de cellules s'élevaient dans un périmètre de forme pentagonale, carrée ou rectangulaire, rarement arrondie comme à Sandigliano[15]. Ces cellules étaient disposées en alignement et étaient desservies par des « rue »[29], mot d'origine française adopté au singulier sous la forme "rua"[30]. Ces chemins d'accès étaient rectilignes et se coupaient à angle droit.

Ricetti du Piémont

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Provinces d'Asti et Biella

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Provinces de Coni et Novara

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Province de Turin

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Ricetti en Lombardie

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Notes et références

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  1. (it) Enciclopedia Treccani, il portale del sapere
  2. a b et c (it) « La rete dei ricetti nel Biellese », sur Ecomuseo del Biellese (consulté le ).
  3. receptum est l'accusatif au singulier du substantif latin receptus,us, 4e déclinaison
  4. (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Mottalciata », sur Archeocarta (consulté le ).
  5. a et b « Châteaux et pouvoir de commandement, discussion », sur Revue Archéologie Médiévale, CNRS éditions, CRAHAM, (consulté le ), section 5.1, intervention de A.Settia.
  6. a et b (en) English Historical Review, vol 118, issue 476; p 482-483
  7. Professeur d'histoire médiévale à la faculté des lettres de l'université de Pavie, Italie (en 2002)
  8. (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Sizzano », sur Archeocarta (consulté le ), Sizzano.
  9. site de la commune de Sizzano : Ricetto Medioevale (Sec. XIV ), consulté le 22 mars 2016
  10. (it) « Ricetto di Magnano », sur Spazi Medievali (consulté le ).
  11. (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Ghemme », sur Archeocarta (consulté le ).
  12. (it) « Castelli i fortificazioni, castello-ricetto , ghemme », sur I Cento Castelli di Novara (consulté le ).
  13. Nathalie Nicolas, La guerre et les fortifications du Haut-Dauphiné, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, .
  14. a et b (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Oglianico », sur Archeocarta (consulté le ).
  15. a et b (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Sandigliano », sur Archeocarta (consulté le ).
  16. (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Valdengo », sur Archeocarta (consulté le ).
  17. (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Roppolo », sur Archeocarta (consulté le ).
  18. (it) Gruppo Archeologico Torinese, « Viverone », sur Archeocarta (consulté le ).
  19. (it) Liste des ricetti recensés dans le Piémont
  20. (it) le ricetto accolé au château est entouré de fossés et protégé par des tours et un pont-levis. Il a été construit à la demande du seigneur des lieux Ardengo Folperti en 1404
  21. (it) castello-ricetto de Moniga del Garda, village fortifié sans résidence seigneuriale qui servait de refuge en cas de danger
  22. a et b Franco Franceschi et Ilaria Taddei, Les villes d'Italie du milieu du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle, Rosny-sous-Bois, éditions Bréal, , 223 p. (ISBN 2-7495-0436-8, lire en ligne), pages 51,71 et 62,63.
  23. Jean-Claude Maire Vigueur, « Villes et campagnes dans l’Italie communale : L’exemple de Padoue », Cairn info revue ,le Moyen-Age,‎ , p. 643-657 (lire en ligne).
  24. Patrick Gilli, Villes et sociétés urbaines en Italie : milieu XIIe-milieu XIVe siècle, Editions Sedes, , 304 p. (ISBN 978-2-301-00109-2, lire en ligne).
  25. Craham, châteaux et pouvoir de commandement, B2, les fortifications privées, 2.2 en Italie
  26. Du village fortifié au château dépôt, d'Aldo Settia sur Persée, texte en italien
  27. Craham, discussion du rapport III, B2,2 intervention d'A. Settia
  28. Jean Marie Martin, « L' "incastellamento" : mutation de l'habitat dans l'Italie du Xe siècle », sur Persée, (consulté le ), P 241,242,243.
  29. rua : variante de ruga, c'est-à-dire rue dans une ville, encore utilisée dans les toponymes de quelques villes : à Naples, Ascoli Piceno, Modène
  30. (it) Lexique des termes d'architecture utilisés à Candelo

Bibliographie

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  • Aldo A. Settia, Fortificazioni collettive nei villaggi medievali dell'Alta Italia : ricetti, ville forti, recinti, Deputazione Subalpina di Storia Patria, 1976, 91p
  • Aldo A.Settia, L'illusione della sicurezza. Fortificazioni di rifugio nell'Italia medievale «ricetti», «bastite», «cortine» 2001, Soc. Studi Stor. Archeologici.
  • Micaela Viglino Davico, I ricetti: difese collettive per gli uomini del contado nel Piemonte medioevale, Torino, 1978, pp. 154-159.
  • M. Viglino Davico, I ricetti del Piemonte, Torino 1979.
  • A. Marzi, Ricetti e borghi nuovi vercellesi: la pianificazione delle difese, in Ricetti e recinti fortificati nel basso medioevo, Atti del Convegno, a cura di R. Bordone e M. Viglino Davico, 2001, pp. 33-35.

Sujets connexes

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