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La Guerre de 1870/09

La bibliothèque libre.
Traduction par Ernest Jaeglé.
Librairie H. Le Soudier (p. 82-84).
ORGANISATION NOUVELLE DE L’ARMÉE


Le siège de Metz ne figurait pas dans le plan de campagne primitif ; on devait se contenter d’observer cette place, tandis que l’armée passerait à côté en marchant sur Paris. La division de réserve, forte de 18 bataillons, 16 escadrons et 36 pièces qui devait assumer cette tâche, allait arriver.

Mais la situation s’étant modifiée, l’investissement en bonne et due forme de Metz s’imposait, ce qui eut pour conséquence qu’il fallut faire subir des modifications profondes à l’organisation de l’armée tout entière. En vue du but indiqué ci-dessus, on forma une armée particulière placée sous les ordres du prince Frédéric-Charles et comprenant les Ier, VIIe et VIIIe corps qui jusqu’à ce moment constituaient la première armée, les IIe, IIIe, IXe et Xe empruntés à la deuxième, en outre la division de réserve, les 1re et 3e divisions de cavalerie, formant un total de 150 000 hommes.

La garde royale, les IVe et XIIe corps d’armée formèrent avec les 5e et 6e divisions de cavalerie une autre armée, forte de 138 000 hommes, qui reçut le nom d’armée de la Meuse et dont le commandement fut confié au prince royal de Saxe. Celle-ci et la troisième armée, forte de 223 000 hommes, étaient destinées à marcher contre la nouvelle armée française qui se constituait à Châlons.

L’armée d’investissement se trouvait être, il est vrai, plus faible que l’ennemi qu’il s’agissait d’enfermer à Metz. Il fallait s’attendre à voir celui-ci tenter de nouveaux efforts afIn de s’échapper dans la direction de l’ouest ; aussi fut-il décidé que la portion principale de la deuxième armée resterait sur la rive gauche de la Moselle.

Tous ces ordres, après avoir reçu l’approbation du roi, furent transmis à 11 heures aux généraux en chef.

Conformément aux dispositions prises par le prince Frédéric-Charles, le Xe corps occupa la contrée boisée qui s’étend entre le cours inférieur de la Moselle et Saint-Privat et le IIe la croupe de la hauteur depuis cette localité jusqu’à la ferme de Moscou, À sa droite vinrent prendre position les VIIIe et VIIe corps ; ce dernier sur les deux rives de la Moselle en amont de Metz. À la hauteur de Pouilly, le Ier corps était posté à droite et à gauche de la Seille ; il était spécialement chargé de couvrir les grands magasins qui allaient être établis à Rémilly et à Pont-àMousson. La 3e division de réserve alla occuper les environs de Retonfay, au nord-est de Metz. Les IXe et IIIe corps, formant la réserve, campaient à Sainte-Marie et à Vernéville. On procéda immédiatement à l’établissement d’ouvrages de campagne et à la construction des ponts militaires sur la Moselle, en aval et en amont de la place.

Quant aux corps qui constituaient à présent l’armée de la Meuse, le XIIe se réunit à Conflans, la garde royale à Mars-la-Tour, tandis que le IVe corps qui n’avait pas reçu l’ordre de rejoindre l’armée sous Metz, était déjà arrivé à Commercy.

Après avoir franchi la chaine des Vosges et détaché une brigade bavaroise chargée d’investir Toul, la troisième armée s’était avancée sur trois colonnes. Les corps seuls qui tenaient la tête avaient atteint la Meuse ; là, ils durent faire halte pendant deux jours, avant de se porter en avant à hauteur de l’armée de la Meuse. Dans l’intervalle, la cavalerie de la troisième armée battait le pays, à deux ou trois journées de marche en avant d’elle, jusque vers Châlons et Vitry, où, pour la première fois depuis Wœrth, elle eut le contact avec l’ennemi. C’étaient simplement des postes avancés établis le long de la voie ferrée dans la vallée de la Marne, qui rétrogradèrent dès que les transports de troupes sur cette ligne eurent pris fin.