Aller au contenu

Gilbert Joseph Martin Bruneteau

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Gilbert Joseph Martin Bruneteau
Gilbert Joseph Martin Bruneteau

Surnom Bruneteau de Sainte-Suzanne
Naissance
Mothé, près de PoivresAube
Décès (à 70 ans)
Ancien 10e arrondissement de Paris
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Arme Infanterie
Grade Général de division
Années de service 17791810
Commandement Armée d’Italie
Conflits Guerres de la Révolution
Guerres napoléoniennes
Distinctions Grand officier de la Légion d'honneur
Chevalier de Saint-Louis
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile
Autres fonctions Conseiller d’État
Membre du Sénat conservateur
Pair de France

Gilles[1] Joseph Martin Bruneteau, vicomte de Sainte-Suzanne, né le au Mothé près de Poivres (Aube), et mort le à Paris, est un général français de la Révolution et de l’Empire.

Carrière militaire

[modifier | modifier le code]

Sous-lieutenant des pages de la Comtesse de Provence, il passe lieutenant en premier au Régiment d'Anjou-Infanterie en 1779. Lorsque la Révolution française éclate, il en adopte les principes, est promu capitaine de grenadiers, combat avec distinction dans les rangs de ses défenseurs et se signale à la défense de Mayence. Il est ensuite envoyé en Vendée où il combat à la bataille de Cholet.

Il se fait remarquer à l’armée de Rhin-et-Moselle. Lorsque Desaix effectue le passage du Rhin, Sainte-Suzanne se porte à la rencontre des Autrichiens qui arrivent du Haut-Rhin, marche sur Simmern, Urloffen et Wischlingen dont il s’empare, et fait une centaine de prisonniers à l’ennemi qu’il contraint de battre en retraite. Au combat qui a lieu sur le Renchen, il est chargé de contenir les Autrichiens qui menacent l’aile gauche de l’armée française, mission qu’il exécute avec autant de vigueur que de succès. Le 16, il reçoit l’ordre de Desaix de s’emparer des positions inexpugnables de l’ennemi, entre Rastadt et Gerpach. Désespérant de les enlever de front, il s’avance rapidement vers le village d’Oos, s’en rend maître malgré la résistance la plus opiniâtre, tourne les hauteurs et force l’ennemi à se retirer avec précipitation.

À la bataille d'Ettlingen (en) livrée le 21 du même mois, c’est lui qui à la tête de son infanterie et de quelques régiments de cavalerie, débouche des bois de Sandwich ; mais le général Delmas chargé de le soutenir prend une fausse direction, ce qui compromet pendant quelques instants les troupes du général Sainte-Suzanne[2]. Il est promu général de brigade le .

Le , il donne encore des preuves d’une rare intrépidité au combat d’Alen. Le même jour, en récompense de sa belle conduite, le Général Moreau qui l'estime particulièrement, le nomme général de division. En l’an V, on l’investit du commandement de la 5e division militaire à Strasbourg. Après avoir été chargé de défendre la tête de pont de Kehl, il est appelé le , au bureau topographique de la guerre, où il se fait remarquer par l’étendue de ses connaissances. En l’an VII, le gouvernement lui a offert le commandement en chef par intérim de l’armée d’Italie, le général Sainte-Suzanne le refuse, mais il commande l’année suivante à l’armée du Danube, sous les ordres de Moreau, l’aile gauche forte de 16 000 hommes.

Le 5 floréal an VIII, on le voit traverser le Rhin vis-à-vis de Kehl, attaquer les Autrichiens avec impétuosité sur le Kinzig, leur tuer 1 200 hommes et les forcer à se replier sur Offenbourg. Il se dirige ensuite sur Ulm pour se conformer aux ordres de Moreau, et attaqué le 26 au matin, il comprend qu’il n’a qu’un moyen d’empêcher l’ennemi de percer sa ligne c’est de resserrer ses ailes qui sont trop étendues et d’abandonner momentanément la rive gauche du Danube qui lui sert d’appui[3].

Le général Sainte-Suzanne chargé d’organiser le corps de réserve qui se forme à Mayence, reçoit l’ordre de se mettre à la tête de ce corps, traverse la Nidda, le Mein, près de Francfort, et bat de nouveau l’ennemi à Neu-Wissembourg et à Hanau[4].

Carrière parlementaire

[modifier | modifier le code]

Appelé au bureau topographique (section de la Guerre) du Conseil d'État, par arrêté du , il s’y fait remarquer par sa compétence, son zèle et son dévouement.

Le 1er floréal an X, Napoléon Ier le nomme Sénateur. Membre de la Légion d'honneur depuis le 9 vendémiaire an XII, il est fait grand officier de l'Ordre le . Il est envoyé en par la Commission du Sénat à Linz (Autriche) pour complimenter l’Empereur sur ses dernières victoires (Ulm, Austerlitz).

Le , Napoléon Ier lui donne la sénatorerie de Pau, et en 1807 le commandement de la 2e légion de réserve. Nommé inspecteur des côtes de Boulogne, d'Ostende et de Hollande en 1809, il prend toutes les dispositions nécessaires pour les mettre dans un état de défense respectable. C'est lui qui annonce au ministre de la guerre l’arrivée d’une flotte anglaise devant Flessingue (Expédition de Walcheren), déclarant qu’il reste à son poste malgré le mauvais état de sa santé. C’est en récompense de sa conduite dans ces circonstances difficiles qu’il est créé comte de l'Empire le .

En 1814, il adhère aux actes du gouvernement provisoire, et devient Pair de France, chevalier de Saint-Louis, commandant d’armes à Landau en 1815, et le il obtient de Louis XVIII des lettres patentes qui lui confirment son titre de comte. Lors du procès du maréchal Ney, il refuse avec quatre de ses collègues de prendre part au jugement. Il reste sans activité publique durant les Cent-Jours.

Dans tout le cours de sa carrière législative, il ne cesse de faire partie de l’opposition constitutionnelle. Il publie en 1819 un ouvrage sur les places fortes qui a obtenu les suffrages du général Lamarque et du maréchal Saint-Cyr.

En 1830, bien qu'il soit fort malade, il se fait transporter à Paris pour y donner son adhésion au « retour du drapeau tricolore ». Il meurt le à Paris. Il est inhumé avec son épouse dans un tombeau familial de l’ancien cimetière de Hangenbieten (Bas-Rhin), contre le côté sud de la nef de l'église paroissiale.

Vie familiale

[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille de petite noblesse champenoise, il est le fils de Louis Gilles de Bruneteau de Sainte Suzanne et Françoise de La Mothe d'Haucourt. Sa fratrie se compose de :

Jean-Chrysostôme est souvent désigné à tort comme le fils de Gilles Joseph Martin Bruneteau de Sainte Suzanne : leur écart d'âge (13 ans) étant insuffisant.

Il se marie le avec Dorothée Catherine Zorn de Bulach ( † - La Robertsau, Strasbourg), ils ont comme enfants :

  • Joseph Auguste François ( - Strasbourg † - Château d'Écury, Marne), propriétaire, Pair de France, admis à siéger à la chambre des pairs le par droit héréditaire en remplacement de son père décédé, il donne sa démission le et ne reparait plus sur la scène politique,
    • Marié le avec Anne Marie Thérèse Virginie de Chamorin (1800 † 1882), dont postérité ;
  • Sophie Constance (1800 † , inhumée à Poivres),
    • Mariée en 1820 à Alexandre Nicolas Joseph Hennequin de Willermont (1796 † 1850) ;
  • Philippe (né le - Strasbourg),
    • Marié le (Les Monthairons) avec Charlotte Thérèse Henriette de Lacour ( † 1879), dont postérité ;
  • Ferdinand (né le ).

État de service

[modifier | modifier le code]
  • Page de Madame, Comtesse de Provence, belle-sœur de Louis XVI,
  • Sous-lieutenant au Régiment d'Anjou-Infanterie en 1779 ;
  • Lieutenant en second le  ;
  • Lieutenant en premier le  ;
  • Capitaine au 36e régiment d’infanterie, ci-devant Régiment d'Anjou-Infanterie le  ;
  • Capitaine de grenadiers en 1793 ;
  • Adjudant-général chef de bataillon à titre provisoire le  ;
  • Général de brigade en  ;
  • Général de division le  ;
  • Commandant de la 4e division de l'Armée du Rhin ( - ) ;
  • Commandant de la 5e division de l'Armée du Rhin à Strasbourg ( - ) ;
  • Commandant de la 5e division militaire à Strasbourg ( - ) ;
  • Commandant de la 1re division de l'Armée de Mayence ( - ) ;
  • Commandant d'une division de l'Armée d'Italie ( - ) ;
  • Commandant en chef par intérim de l’Armée d’Italie ( - ) ;
  • Commandant de la place de Milan ( - ) ;
  • Commandant des troupes françaises stationnées dans les États romains en août 1799 mais refuse ce commandement ;
  • Lieutenant du commandant en chef de l'armée du Rhin ( - ) ;
  • Commandant du corps de réserve de l'armée du Rhin ( - ) ;
  • Inspecteur-général de l’infanterie le  ;
  • Admis à la retraite le  ;
  • Rappelé au service en qualité de commandant de la 2e légion de réserve de l’armée de l’Intérieur le  ;
  • Inspecteur de la ligne de défense des côtes de Boulogne ( - ).

Campagnes et faits d'armes

[modifier | modifier le code]
  • Armée du Rhin (1792-1794) :
  • Guerre de Vendée :
  • Armée de Rhin-et-Moselle ( - ) :
    • Au passage du Rhin le , il commande une partie des troupes qui abordent les îles de ce fleuve, sous le feu de l’ennemi. Chargé de stopper à la marche des Autrichiens venant du Haut-Rhin, il mène ses troupes sur Urlafen et Simmern, repousse une des colonnes qui tentait de s'intercaler en lui faisant une centaine de prisonniers, et s’empare du village, ainsi que de Windschliegen.
    • Le , ses manœuvres et ses attaques permirent de contenir les troupes autrichiennes qui se portaient sur l’aile gauche de l’armée française.
    • Le , il reçoit du général Desaix l’ordre d’attaquer les positions inexpugnables que les Autrichiens occupaient entre Rastadt et Gerpach : il force donc le village d’Oos y fait quelques prisonniers et tourne les hauteurs de Kappenheim jugées inabordables de front, et oblige l’ennemi à la retraite.
    • À la bataille d’Ettlingen le , les accidents de terrain mirent en retard la brigade Delmas qui devait seconder l'attaque de l'infanterie de Sainte-Suzanne et de la première ligne de cavalerie depuis le bois de Sandwich. Ses troupes se trouvèrent bientôt battues de front, en flanc et en écharpe par le canon des ennemis. Cependant, l’artillerie légère s’étant mise en batterie par ordre de Delmas, elle parvient à rétablir l’égalité d’un combat, dont les résultats finirent par être totalement à l’avantage de l’armée française. Après la bataille la division du général Sainte-Suzanne est une de celle employée à la poursuite des ennemis dans la montagne d’Albe, où ce général se signale de nouveau par les marches et les manœuvres habiles qu’il fait exécuter.
    • À la bataille d’Aalen le , il est cité avec les plus grandes éloges sur sa conduite et ses talents militaires par le général en chef Moreau dans son rapport adressé au Directoire.
    • Siège de Kehl (1796-1797)
  • Bureau topographique de la Guerre ( - ) ;
  • Armée d'Allemagne ( - ) ;
  • Armée d'Italie ( - ) ;
  • Armée du Rhin ( - ) ;
  • Armée du Danube (1799-1800) :
    • Ayant passé le Rhin, face à Kehl le , il attaque les colonnes ennemies sur les rives de la Kinzig, et les force après un combat des plus opiniâtres à se replier sur [Offenbourg], leur infligeant une perte d’environ 1 200 hommes.
    • Le au matin, en Erbach et Asch, les lignes de son corps d’armée, s’avançant sur Ulm, sont attaquées et forcées. Ce n'est que la manœuvre habile et hardie qu'il fit faire à ses troupes qui les tira du pas dangereux où les combinaisons du général en chef les avaient engagées. Resserrant sa ligne et rétablissant le combat avec avantage, il est averti que le général Gouvion-Saint-Cyr va lui porter secours. Voyant les Autrichiens faire un mouvement rétrograde, il fait poursuivre vivement leur arrière-garde, et reprend les positions qu’il a été forcé d’abandonner.
    • Attaqué de nouveau à Erbach le , il résiste aux efforts de deux colonnes autrichiennes commandées par l’archiduc Ferdinand, leur fait éprouver des pertes assez considérables, et se maintient dans ses positions sur les bords du Danube : cette action est vive et très sanglante.
    • Après avoir organisé un corps de réserve qui s'était rassemblé à Mayence, il en prend le commandement et s'avance avec celui-ci vers la Franconie où il force le passage de la Nidda le , passe le Mein le , sur deux ponts qu’il a fait établir près de Francfort, prend position le même jour à Neu-Wissemburg et Hanau, et bat le lendemain, , un corps autrichien qui est venu attaquer ses avant-postes.
  • Armée de l'Intérieur (1807) ;
  • Armée des côtes de l'Océan ( - ) :

Autres fonctions

[modifier | modifier le code]
  • Conseiller d’État[5] :
    • En service ordinaire du 1er thermidor an IX () à l'an XI, rattaché à la section de la guerre,
    • En service extraordinaire en l'an XII et exerce alors les fonctions de général de division ;
  • Nommé sénateur par le Premier Consul le bénéficiaire de la sénatorerie de Pau le . Il siège au Sénat jusqu’en 1814 et y vote le , la déchéance de Napoléon et la création d’un gouvernement provisoire ;
  • Pair de France[6],[7] :
    • Ordonnance du  ;
    • Confirmation de pairie à titre héréditaire par l'ordonnance du  ;
    • Titre de comte-pair par l'ordonnance du , confirmé sur majorat de pairie, par lettres patentes du .

Hommage, honneurs, mentions,...

[modifier | modifier le code]
Noms gravés sous l'arc de triomphe de l'Étoile : pilier Est, 13e et 14e colonnes.

Publications

[modifier | modifier le code]

Décorations

[modifier | modifier le code]
Figure Blasonnement
Armes du comte Bruneteau de Sainte-Suzanne de l'Empire

Écartelé : au premier des comtes sénateurs ; au deuxième d'azur au lion lampassé d'or, surmonté d'une étoile du même adextrée et sénestrée d'une colombe d'argent ; au troisième d'azur à l'épée haute en pal d'argent ; au quatrième de gueules coupé d'or, à l'étoile d'argent à huit pointes sur le premier.[8],[7]

Armes du comte Bruneteau de Sainte-Suzanne, pair de France

Coupé, au I : parti, a) d’azur à l'épée d’argent montée d’or, b) d'azur au lion d’or surmonté d’une étoile du même et accosté de deux colonnes d’argent ; au II recoupé de gueules à l'étoile d’argent à huit rais, sur or.[6],[7]

On trouve aussi
Écartelé : aux 1 et 4, coupé : a. de gueules à une étoile à huit rays d'or ; b. d'or plein ; aux 2 et 3, d'azur, au lion d'or, accosté de deux colonnes d'argent et surmonté d'une étoile d'or.[9]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Il est parfois de manière erronée prénommé Gilbert dans certaines biographies anciennes
  2. Sans perdre de temps il ordonne de mettre son artillerie légère en batterie dans une position favorable, puis s’élançant sur l’ennemi avec la brigade du général Drouet, il culbute les Autrichiens et leur fait éprouver des pertes considérables
  3. Cette manœuvre est couronnée d’un plein succès, et elle permet à son corps d’armée, que les combinaisons du général en chef Moreau ont pendant quelque temps compromis, de reprendre tout le terrain qu’il a perdu
  4. C'est sa dernière opération militaire
  5. Source : Bruneteau Sainte Suzanne, Gilbert Joseph Martin, (1760-1830) sur www.napoleonica.org
  6. a et b François Velde, « Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) », Lay Peers, sur www.heraldica.org, (consulté le )
  7. a b et c « Tout sur l'héraldique : dessin de blasons et d'armoiries », Noblesse impériale, sur toutsurlheraldique.blogspot.com (consulté le )
  8. a b et c « BB/29/974 page 108. », Titre de comte accordé à Gilles, Joseph, Martin Bruneteau de Sainte-Suzanne. Bayonne ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
  9. Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887