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Imogen Cunningham

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Imogen Cunningham
Imogen Cunningham, 1907
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 93 ans)
San FranciscoVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Partridge, Mrs. Roi GeorgeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Roi George Partridge (en) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Rondal Partridge (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Imogen Cunningham, née le , à Portland (Oregon, États-Unis), et morte le à San Francisco, est une photographe américaine. Elle a vécu et travaillé à San Francisco.

Féministe militante — pour elle, la photographie est un métier — c'est une figure de proue de la photographie américaine du XXe siècle, à l’œuvre vaste et diversifiée.

Sa carrière s’étend sur plus de 70 ans. Pour chaque décennie, Imogen Cunningham adapte son art aux attentes et aux défis de celles-ci.

Jeunesse (1883-1903)

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Imogen Cunningham est l’aînée d’une famille de six enfants. Son père, Isaac, est un libre-penseur individualiste et excentrique. Imogen décrit sa mère Susan comme une femme douce, calme, « qui jamais n’exprima une opinion d’aucune sorte[1]. »

Vers 1890, la famille déménage de Port Angels (Washington) à Seattle. Elle connaît de sérieuses difficultés financières, ce qui influence Imogen. C’est notamment de l'expérience de la pauvreté que viennent son indépendance et son pragmatisme. Son père s’occupe lui-même de son éducation jusqu’à l’âge de huit ans, âge auquel elle entre à l’école.

En 1903, elle termine le lycée. À l'université de Washington à Seattle elle passe un diplôme de chimie, étudie la physique, la littérature, l’allemand et le français.

À partir de la seconde année, grâce à une amie d'université qui admire la portraitiste Gertrude Käsebier[2], Imogen suit les cours de photographie[3] (par correspondance). Et vers 1905 elle reçoit son premier appareil photo.

De à , elle est apprentie chez Edward S. Curtis où elle apprend la technique de retouche de négatifs et de tirage sur papier platine.

En 1909, grâce à une bourse de l’association féminine universitaire P. Beta Phi, elle part pour Dresde (Allemagne) où elle étudie la photochimie à la Technische Hochschule sous la direction de Robert Luther.

En , elle soutient une thèse intitulée « About Self-Production of Platinum Papers for Brown Tones ».

En , elle revient à Seattle où elle aménage un studio d’art et crée une petite entreprise.

Morning Mist and Sunshine (1911).
In Moonlight (1911).

En 1913, Imogen Cunningham publie un manifeste féministe Photography as a Profession for Women. Pour elle la photographie est « un art ou une profession où hommes et femmes ont les mêmes droits »[4].

L’influence stylistique des Photo-Sécessionnistes transparaît dans les photographies d'Imogen Cunningham. Ses premières images pictorialistes sont à la hauteur de celles publiées dans la revue d’Alfred Stieglitz, Camera Work, consacrée à la photo-Secession[5].

La photographe réalise d’étonnantes expérimentations. Elle teste entre autres les possibilités de latitude sur un unique négatif et produit deux tirages du même autoportrait : une vision claire intitulée Morning Mist and Sunshine et une variante, plus sombre, In Moonlight[6][source insuffisante].

Dans ses photos, elle intègre volontiers le nu ; ce qui est sûrement dû à ses années de formation au dessin d’après nature et à sa rencontre avec les artistes de Die Brücke.

Le , Imogen Cunningham épouse Roi Partridge, un graveur ayant longuement étudié en Europe. Celui-ci ouvre un atelier juste à côté de celui d’Imogen. Il lui sert de modèle pour de multiples clichés de nus, réalisés au mont Rainier.

The Town Crier, Roi Partridge par Imogen Cunningham.

En 1916, la publication de The Bather dans The Town Crier soulève à Seattle un scandale tel que Imogen Cunningham retire les négatifs de la circulation pendant plus de 50 ans. En effet, la photographe présente le corps de manière directe et provocante, consciente du choc que cela peut provoquer.

Le , Imogen Cunningham met au monde un garçon, Gryffyd. Ils déménagent pour San Francisco et le , elle donne naissance à des jumeaux, Rondal et Padraic.

En 1920, Roi Partridge est embauché au Mills College où il rencontre Maynard Dixon, Johan Hagemeyer, Dorothea Lange et Edward Weston qu’il présente à sa femme. Les artistes internationaux de passage dans ce collège inspirent Imogen Cunningham et certains posent même pour elle.

Le magazine Vanity Fair influence la photographe, qui en est une lectrice assidue. Bien vite, elle s’essaye aux abstractions lumineuses[7] et aux prises de vue présentées dans le magazine.

En 1921, Imogen Cunningham fait sa première série de portraits commerciaux sur le Ballet Adolph Bolm.

L’année 1921 constitue une année charnière pour Imogen Cunningham. En effet, elle affine sa vision de la nature, rapproche sa prise de vue et tente de mettre en relief les formes et les détails.

Très présentes dans l’œuvre de la photographe, les images doubles y reviennent comme un leitmotiv. Elles sont exécutées soit par prise double (sans manipulation, sur une même pellicule) soit par surimposition de deux négatifs. Ainsi, sont représentées dans ces œuvres l’image renvoyée par l’eau ou le verre, l’image multiple par superposition et la prise de vue directe de double trouvée dans la nature[8].

Entre 1923 et 1925, elle réalise des études de magnolias[9] de plus en plus simplifiées en raison de sa recherche de mise en évidence de la forme à l’intérieur de l’objet. Cet intérêt pour la botanique[10] lui est peut-être venu d’une publication de deux natures florales dans le Vanity Fair.

Imogen Cunningham est passionnée par la culture allemande. Elle lit beaucoup de publications allemandes qui durant la fin des années 1920 contiennent des photos de botanique, notamment d’Albert Renger-Patzsch. Pour certains, Imogen Cunningham reflète l’objectivité des Allemands.

À la demande de Richard Neutra pour l'exposition « Film and Foto » de 1929 à Stuttgart, Edward Weston recommande Imogen Cunningham dont il trouve le travail « beau, fort et honnête »[11]. Deux ans plus tard, à propos d’une exposition de galerie à Carmel, Edward Weston déclare dans une critique qu’Imogen Cunningham est « une véritable photographe. D’une rare finesse »[12].

Imogen Cunningham se consacre à la forme humaine, sans doute poussée par des études anatomiques parues dans Film und Foto et Photo-eye. Ainsi, elle photographie des éléments du corps de ses connaissances.

En , paraissent pour la première fois dans le Vanity Fair des clichés de la danseuse Martha Graham que la photographe rencontre lors d'un dîner à Santa Barbara. Pour Martha Graham, Imogen Cunningham est la première photographe avec qui elle peut créer en toute confiance.

De 1932 à 1935, Imogen Cunningham photographie des célébrités qu’elle présente hors plateau, telles que Cary Grant, James Cagney, Ernst Lubitsch, Joan Blondell, Spencer Tracy, Warner Oland, Frances Dee.

Elle partage les valeurs des « Photographes de la Baie de San Francisco » où de nombreux photographes sont installés[13] ; ils fondent ensemble, notamment avec Sonya Noskowiak[14] le Groupe f/64. Ce nom désigne la plus petite ouverture possible sur un appareil grand format et donc une plus grande profondeur de champ et davantage de détails. Les membres veulent créer des photographies pures, non manipulées, en utilisant toutes les possibilités techniques de l’appareil, et tirent sur contact, sans aucune retouche et sur papier brillant. Le groupe n’expose qu’une fois en 1932[15] mais demeure, depuis, légendaire.

À partir de 1932, Imogen Cunningham et Edward Weston sont reconnus internationalement comme de grands professionnels. Mais petit à petit Imogen Cunningham devint l’antithèse de Weston ; en effet, contrairement à lui, elle ne reste pas sur ses acquis et continue les expérimentations. Son dogme du tirage pur devient une considération dépassée.

En 1934, Vanity Fair lui propose un travail à New York, et contre l’avis de son mari, la photographe accepte. Ils divorcent peu de temps après. Lors de ce contrat Imogen Cunningham prend une multitude de photos sociales, à contenu pictural, qui vont des rues de Chinatown au portrait de la mère de Franklin D. Roosevelt. La juxtaposition de la richesse et de la pauvreté l’amène à prendre ce qu’elle va considérer comme sa première « photo volée », celle d’un clochard endormi sur le trottoir[16]. Ce qui intéresse Imogen Cunningham dans la photographie est « son rapport à l’esthétique, et le fait qu’il devrait y avoir un peu de beauté dans chaque chose »[17].

En Virginie, chez son ami John Butler, elle photographie principalement la vie quotidienne d’une femme noire, blanchisseuse et de ses enfants pauvres. Ce sont ses premières photos documentaires. Celles-ci amènent la photographe à prendre une nouvelle direction. Les « photos volées » que Imogen Cunningham prend tout au long de sa carrière sont des portraits expressifs et humanistes. Elle y marque son refus de s’immiscer dans la vie privée de ces personnes, d’interpréter ou de les juger ; cela sans doute car elle a connu la pauvreté dans sa jeunesse.

Imogen Cunningham s’intéresse également aux sujets industriels et architecturaux, inspirée par une photo de Margaret Bourke-White[18]. Durant les années de crise, elle photographie pour Sunset[réf. souhaitée]. Et pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fait des photos commerciales de militaires.

En 1942, elle loue sa demeure d’Oakland qu’elle vend après la guerre et déménage dans une petite maison près de Berkeley. Travailler en ville ravive son inspiration et elle retourne à la photo de rue.

En 1947, elle s’installe à San Francisco. Près de chez elle se trouvait la California School of Fine ArtsAnsel Adams dirige un département de photographie. De 1947 à 1950, Cunningham y enseigne et y rencontre Lisette Model, une photographe new-yorkaise avec qui elle se lie d’amitié. Grâce à celle-ci, elle fait connaissance de Helen Gee (en) qui tient une galerie d’art. En 1956, Helen lui offre une exposition individuelle. Pour Cunningham, âgée alors de 73 ans, il s’agit d’une nouvelle reconnaissance, d’une ré-appréciation.

Durant les années 1950 Cunningham tire ses plus beaux portraits, aussi bien des images préméditées et révélatrices d’artistes, d’écrivains et de poètes que des photos instantanées prises dans la rue. Ses photos traitent des questions qui ont frappé sa vie d’artiste, d’épouse, de mère et plus tard de femme divorcée. Dans ses photos apparaît l’affirmation d’un féminisme déterminé. Cunningham n’aime pas cette appellation de « féministe » mais son indépendance naturelle et son sens de l’égalité la classent bien dans cette catégorie[19].

Le , Cunningham embarque pour l’Europe afin de célébrer l’achat récent d’une importante rétrospective de son œuvre par la George Eastman House. Elle réalise des portraits de rue en s’intéressant tout particulièrement à l’environnement. Elle cherche également à rencontrer ses collègues photographes comme August Sander et Paul Strand. En octobre, elle visite l’Europe de l’Est.

Cunningham étend sa vision au-delà du portrait, à des sites référentiels qu’elle appelle « indicateurs de lieu » tels que des porches pittoresques, portails avec bicyclette, ... Parfois, l’autoportrait d’Imogen dans un reflet ou son ombre se fondent dans l’image en d’étonnantes juxtapositions.

Sa visite à Paris à Man Ray, le plus grand photographe expérimental du XXe siècle réveille son attrait pour le travail en chambre noire et les manipulations, comme le montre la photo A Man Ray Version of Man Ray.

Cunningham produit aussi des documents similaires à des prises doubles à partir de négatifs superposés comme dans l’image d’un nu recontextualisé dans un paysage de forêt.

Elle exprime ses sentiments de manière provocatrice dans une série de natures mortes évoquant les horreurs de la guerre.

Au début des années 1970, Imogen Cunningham demande une bourse à la fondation Guggenheim afin de financer le tirage d’anciens négatifs qu’elle a retrouvés lors d’un inventaire de son œuvre[20]. Cette bourse lui permet de réaliser un documentaire et de publier une monographie qui la rendent célèbre.

Imogen Cunningham crée le la Fondation Imogen Cunningham qui a pour but de gérer, promouvoir et commercialiser son œuvre.

Dans sa dernière série de photographies, appelée After Ninety, Imogen Cunnigham tente de capturer l’affirmation du passé, le résumé d’une vie dans l’expression d’un visage transformé par les années. Elle photographie certaines de ses anciennes connaissances, celles-ci confiant à l’appareil une certaine satisfaction ou leur défi face à la mort. Cette dernière série représente ainsi un hymne à la longue vie.

Le , Imogen Cunningham meurt à 93 ans, une semaine après son admission dans un hôpital de San Francisco.

Publications

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  • Impressions in Silver, Los Angeles Museum Art News,
  • Imogen Cunningham: Photographs, Seattle : University of Washington Press, 1970
  • After Ninety, Imogen Cunningham, Seattle : University of Washington Press, 1977
  • Imogen Cunningham a inspiré Robert Mapplethorpe plus spécialement par sa façon de révéler l'érotisme des fleurs, tel que dans les photographies d'arums[22],[23], également pour ses nus, ainsi que la représentations des mains et du visage[24].

Notes et références

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  • Lorenz R., Imogen Cunningham : Flora, Boston/New York/London, éd. Bulfinch, 2001
  • Lorenz R., Imogen Cunningham : On the Body, Boston/New York/Londres, éd. Bulfinch, 1998
  • Lorenz R., Imogen Cunningham : Portraiture, Boston/New York/Londres, éd. Bulfinch, 2001
  • Lorenz R., Imogen Cunningham: The Modernist Years, disponible sur le site consacré à l'artiste, page consultée le
  • Mozley A.V., Imogen Cunningham: Beginnings, disponible sur le site consacré à l'artiste, page consultée le
  • The Imogen Cunningham Trust, Imogen Cunningham, disponible sur cs.washington.edu, page consultée le
  • The Imogen Cunningham Trust, The Imogen Cunningham Trust, disponible sur le site consacré à l'artiste, page consultée le
  • The Photo-Seminars Staff, Photo Seminars. Learn more - Learn now, disponible sur le site Photo Seminars, page consultée le

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. MARGOLD J., Imogen Cunningham at 91 : Still Developing, Ms., vol. 3, n°8, février 1975, pp. 25-26.
  2. Romeo Martinez, "Cunningham Imogen (1883-1976)", Encyclopædia Universalis [1]
  3. Le Monde, 12 avril 2021, "La photographe Imogen Cunningham, un œil à tout faire", Claire Guillot [2]
  4. CUNNINGHAM I., Photography as a Profession for Women, The Arrow, vol. XXIX, n°2, janvier 1913, pp. 203-209.
  5. Weston E., Lorenz R., Imogen Cunnigham : 1883-1976, Köln, éd. Taschen, 2001, p. 171.
  6. Ibid.
  7. Cf. sa photo Agave design I des années 1920 : Smithsonian magazine, 1er décembre 2020, Isis Davis-Marks [3]
  8. Weston E., Lorenz R., Imogen Cunnigham : 1883-1976, Cologne, Éd. Taschen, 2001, p. 174.
  9. artsfuse.org, avec reproduction de "Magnolia Blossom (Tower of Jewels)", 1925, Museum of Fine Arts, Boston, article de Timothy Francis Barry [4]
  10. Photo Calla (Arum), 1925, sur philips.com [5]
  11. Lettre d'Edward Weston à Imogen Cunningham, non datée, vers la fin des années 1920, Imogen Cunningham Archives, The Imogen Cunningham Trust, Berkeley, CA.
  12. Extrait d'une lettre d'Edward Weston à Imogen Cunningham, 12 janvier 1928, Imogen Cunningham Archives, The Imogen Cunningham Trust, Berkeley, CA.
  13. Weston E., Lorenz R., Imogen Cunnigham : 1883-1976, Cologne, Éd. Taschen, 2001, p. 176.
  14. news.artnet.com, 21 avril 2022, "Rétrospective Imogen Cunningham", article de Taylor Dafoe, comprenant en particulier les œuvres : Amaryllis, 1933, et Stan, San Francisco, 1959 [6]
  15. L'exposition eut lieu du 15 novembre au 31 décembre au M.H. deYoung Museum, San Francisco.
  16. Under the Queensboro Bridge, 1934.
  17. Imogen Cunningham, interviewée par Edna Tartaul Daniel, juin 1959 [Berkeley : University of California, Regional Oral History Project, 1961], p. 194.
  18. Fort Peck Dam, 1936.
  19. Weston E., Lorenz R., Imogen Cunnigham : 1883-1976, Cologne, Éd. Taschen, 2001, p. 182.
  20. Formulaire de demande, Bourse de la Fondation Guggenheim, 1970, Imogen Cunningham Papers, rouleau 1634, Archives of American Art, Smithsonian Institution.
  21. « Planetary Names: Crater, craters: Cunningham on Mercury », sur planetarynames.wr.usgs.gov (consulté le )
  22. pictolic.com, "20 iconic photographs by Robert Mapplethorpe" [7]
  23. artnet.com, Two callas, 1925, (Deux arums) [8]
  24. monoeil, "Imogen Cunningham" : œuvre Cornish School Trio, 1935 [9]

Articles connexes

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Liens externes

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