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Lionel de Cesti

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Lionel de Cesti
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie Werther CestyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
MilitaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Grade militaire
signature de Lionel de Cesti
Signature

Marie Werther Cesty, dit Lionel de Cesti, né le à Bône (Algérie française) et mort le 2 janvier 1924 à Paris 9e[1], est un militaire, aventurier, agent électoral et escroc français.

Lionel de Cesti pendant le procès de l'affaire Max Lebaudy (dessin de Louis Malteste, 1896).

Marie Werther Cesty, qui se fera appeler plus tard Werther Lionel de Cesti[2] est né à Bône, place d'Armandy, le 15 octobre 1846[3]. Il est le fils de Marie Monserata Boldrini (1824-1894)[4] et de Werther Augustin Cesty, dit Curtius Augustin Werther de Cesti (1803-1879), chirurgien major au 2e régiment de la Légion étrangère[5].

Son père, né en 1803 dans les États pontificaux[6] ou dans le royaume d'Étrurie[7] puis naturalisé Français grâce à son service dans la Légion, a peut-être adopté à cette dernière occasion le nom de « Cesti », auquel il aurait ensuite ajouté une particule d'apparence nobiliaire (absente des annuaires militaires). Indiqué comme l'un de ses prénoms, « Werther » pourrait être son véritable patronyme[8].

Lionel Werther de Cesti[9] est encore mineur lorsqu'il s'engage, le , dans l'escadron du train des équipages de la Garde impériale. Après avoir pris part à la guerre franco-allemande, il est nommé sous-lieutenant le . Par la suite, il accède au grade de lieutenant au 1er escadron du train des équipages. Mal noté et endetté (il est muni d'un conseil judiciaire en )[10], il est mis en non-activité par retrait d'emploi le . Rappelé quelques mois plus tard, il quitte définitivement l'armée le [2] et mène à Paris une vie de rentier[7] et d'homme d'affaires.

Agent électoral engagé au service du boulangisme par le comte Dillon, Lionel de Cesti est l'un des organisateurs de la campagne victorieuse du général Boulanger lors de l'élection partielle de la Somme en [11]. Malgré le coût exagérément élevé de ses services, il continue d'être employé par les boulangistes et contribue ainsi à l'élection de Lucien Millevoye lors des législatives de 1889[12].

Dès cette époque, Lionel de Cesti suscite des méfiances dans son propre camp et sera bientôt suspecté d'être un informateur du ministre de l'Intérieur Ernest Constans. De fait, dans un rapport daté du , l'agent Guénée le mentionne parmi d'autres ex-agents de la Sûreté tels qu'Isaïe Levaillant, Maurice Souffrain et Eugène Dupas[13].

En 1893, il est mêlé à l'affaire Norton après avoir participé aux manipulations du faux document à l'origine de ce scandale politique[11] qui aboutit notamment à la démission de Millevoye. La même année, à l'occasion des élections législatives, il est le directeur de campagne d'Édouard Drumont, qui brigue la première circonscription d'Amiens après le retrait de Millevoye. Drumont est battu malgré les fortes sommes engagées, celles-ci ayant été en grande partie empochées par Lionel de Cesti[14].

En 1895, alors que Mathieu Dreyfus enquête afin de découvrir le véritable coupable de la trahison pour laquelle son frère a été condamné, Lionel de Cesti le dirige, moyennant finances, sur la (fausse) piste de l'officier Donin de Rosières tout en informant de sa démarche le colonel Henry, qui peut ainsi la rapporter à Esterhazy[13]. Un ouvrage relatif à l'affaire Dreyfus et paru à la fin du XXe siècle prétend que Cesti serait l'assassin du colonel Henry, dont le meurtre aurait été maquillé en suicide[15]. Cependant, l'historien Philippe Oriol, spécialiste du sujet, a démontré que cette affirmation n'est étayée par aucune source fiable[16].

Accusé de vivre luxueusement aux dépens de riches héritiers, Lionel de Cesti est condamné à treize mois de prison et 500 francs d'amende en pour avoir extorqué de l'argent au jeune millionnaire Max Lebaudy[2]. Il bénéficie cependant d'une libération conditionnelle dès le mois d'août suivant[17].

En , il réside toujours à Paris, au no 3 de la rue Duguay-Trouin[18]. En mai de la même année, il obtient la mainlevée de son conseil judiciaire[10].

Références

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  1. Archives de Paris, état civil du 9e arrondissement, registre des décès de l'année 1924
  2. a b et c Henri Chevalier-Marescq (dir.), Revue des Grands procès contemporains, t. XIV, 1896, p. 571-781.
  3. ANOM, état civil de Bône, registre des naissances de 1846, acte no 194 (vue 70 sur 88).
  4. Archives de Paris, état civil du 16e arrondissement, registre des décès de l'année 1894, acte no 131 du 4 février (vue 18 sur 29).
  5. Archives de Paris, état civil du 7e arrondissement, registre des naissances de l'année 1868, acte no 1099 du 9 septembre (vue 2 sur 31).
  6. Base Léonore, dossier LH/2754/31.
  7. a et b Archives départementales des Hauts-de-Seine, état civil de la commune de Châtillon, registre des décès de l'année 1879, acte no 49 du 16 septembre (vue 20 sur 29).
  8. Le Matin, 22 janvier 1896, p. 1.
  9. L'Intransigeant, 11 mars 1896, p. 2.
  10. a et b La Petite République, 22 mai 1913, p. 4.
  11. a et b La Justice, 30 juin 1893, p. 2.
  12. Gil Blas, 9 janvier 1896, p. 1.
  13. a et b Joseph Reinach, Histoire de l'affaire Dreyfus, vol. II, Paris, Fasquelle, 1903, p. 183 et 490.
  14. Bertrand Joly, Nationalistes et conservateurs en France (1885-1902), Paris, Les Indes savantes, 2008, p. 268.
  15. Armand Israël, Les Vérités cachées de l’affaire Dreyfus, Paris, Albin Michel, 2000, p. 256-270.
  16. Philippe Oriol, « "L’Histoire-canon". Au sujet de quelques ouvrages "du doute et du soupçon" », Blog de la Société internationale d'histoire de l'affaire Dreyfus, 2012 (consulté le 20 septembre 2017).
  17. Le Matin, 5 septembre 1896, p. 2.
  18. Archives de Paris, état civil du 16e arrondissement, registre des décès de l'année 1913, acte no 130 du 26 janvier (vue 17 sur 31).

Bibliographie

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  • Bertrand Joly, Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme français (1880-1900), Paris, Honoré Champion, 2005, p. 97.