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Tramontane

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Rose des vents sur la mer Méditerranée[1]
Nuages lenticulaires engendrés par des ondes orographiques associées à un épisode de tramontane au-dessus de Port Leucate.
Mer agitée par la tramontane (Pyrénées-Orientales).

La tramontane est le nom donné à plusieurs vents de Méditerranée occidentale. En Catalogne et en Languedoc, la tramontane est le vent du nord-nord-ouest provenant des massifs montagneux et soufflant en direction du golfe du Lion. Il est en ce lieu l'opposé du vent d'autan[2],[3].

Étymologie

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Le mot est attesté depuis la fin du XIIIe siècle, dans l'œuvre de l'écrivain florentin de langue française Brunetto Latini Li livres dou trésor (publié aux alentours de 1265) sous la forme tramontaine de septentrion qui désigne l'Étoile polaire (ou étoile du Nord). Il est également attesté dans l'œuvre du Catalan Raymond Lulle sous les formes tremuntana et tremontana, puis sous la forme tramontane dans le Le Livre de Marco Polo (1298)[4], rédigé en français par Rustichello de Pise, écrivain et compagnon de détention du célèbre Vénitien. Enfin, dans le manuscrit L’entrée d’Espagne (Anonyme, vers l'an 1320), il est question du vent du golfe du Lion, la tramontaine (li vant de tramontaine, vers 1786, tome 2)[5]. Le terme provient du latin transmontanus et il désigne ici un vent du nord-ouest soufflant en Catalogne ou en bas Languedoc où les monts sont les Pyrénées (ou les Corbières, plus au nord).

Caractéristiques : la tramontane et les tramontanes

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La tramontane est corrélée à deux principales conditions météorologiques à l'échelle synoptique qui sont comparables à celles qui engendrent le mistral en vallée du Rhône et sur le littoral varois, et le libeccio sur le nord-ouest de la Corse : au printemps et en été, la zone anticyclonique sur le proche Atlantique (issue de la remontée latitudinale de l'anticyclone des Açores qui s'est avancé sur le Nord de l'Espagne et le Sud-Ouest de la France) dirige vers les régions méditerranéennes un flux de nord-ouest à nord (souvent sous forme d'un front froid) qui franchit le seuil de Naurouze[6] où il est canalisé par les deux massifs des Pyrénées et de la montagne Noire, en raison de l'effet Venturi. En automne et en hiver, la Méditerranée reste très chaude, ce qui rend la dépression du golfe de Gênes la plus active, laquelle « aspire » la tramontane[7].

La tramontane est un vent froid, sec et violent, qui souffle depuis les reliefs pyrénéens ou languedociens vers le golfe du Lion. Cependant, dans le langage populaire, le mot tramontane peut désigner un vent de la Méditerranée occidentale soufflant du continent vers la mer et qui dégage le ciel.

Lors des épisodes hivernaux, la tramontane peut souffler à plus de 100 km/h en rafales, notamment dans le département des Pyrénées-Orientales.

En tant que vent du nord-ouest, il souffle sur le Languedoc où il prend le nom de cers (qui a donné le nom au dieu romain Cersius), la plaine du Roussillon, la plaine de l'Empordà et l'île de Minorque aux Baléares. La tramontane s'accélère en passant entre les Pyrénées et le sud du Massif central, car le flux rencontre un goulot, ce qui provoque son accélération, et a également pour conséquence un effet Venturi à la verticale de ce goulot. La tramontane est proche du mistral par son origine et ses effets, mais il s'agit de deux vents différents[8],[9].

La tramontane souffle plus de 100 jours par an sur la plaine du Roussillon, elle a son maximum en hiver où les rafales peuvent atteindre 90 à 100 km/h et passe par un minimum en été.

Les habitants de la région Languedoc-Roussillon parlent d'une « règle des 3, 6, 9 » qui veut que quand la tramontane se lève, elle peut souffler 3, 6 ou 9 jours.

Le mistral et la tramontane ont les mêmes causes météorologiques et sensiblement les mêmes effets. Cependant, les couloirs montagneux utilisés sont différents entre les deux vents. Les couloirs d'accélération utilisés sont :

  • pour la tramontane : entre le nord des Pyrénées et le sud du Massif central,
  • pour le mistral : entre l'est du Massif central et l'ouest des Alpes (vallée du Rhône).

Georges Brassens a mis en musique le poème de Victor Hugo Gastibelza, dans lequel ce dernier dit :

« Le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou (... m'a rendu fou)[10]. »

Diminution des épisodes de tramontane

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La disparition progressive de la tramontane est observée par les météorologistes français depuis plusieurs années. Depuis 3 ans[Quand ?], le nombre de jours de tramontane est en dessous de la moyenne. Ainsi, en 2022, on n'a décompté que 90 jours de tramontane, 2 à 3 fois moins qu'entre 1981 et 2010. Ce phénomène, causé par le réchauffement climatique, est observé depuis quelques années. La tramontane est pourtant nécessaire pour le climat local du Languedoc et du Roussillon, notamment pour assécher l'air près du sol et en conduisant à une chute des eaux de surface de la mer en se mélangeant à celles du fond leur apportant de grande quantité d’oxygène et de nutriments primordiaux pour l'écosystème. Sans tramontane, tout l'équilibre des fonds marins est donc menacé.

Par ailleurs, en soufflant dans les plaines du Languedoc et du Roussillon, la tramontane est essentielle à l'assainissement des sols de la région, réputée pour ses vignes et ses arbres fruitiers[11].

À l'époque classique, le terme prend le sens de « guide » (1557). En 1636 apparaît la locution figurée perdre la tramontane pour être désorienté[12]. Cette expression se retrouve dans des vers de Molière du Bourgeois gentilhomme : « Le Ballet des Nations, Première Entrée, autre gascon : Je perds la tramontane »

Georges Brassens utilise cette expression dans sa chanson Je suis un voyou :

« J'ai perdu la tramontane en trouvant/perdant Margot... »

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Notes et références

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  1. Cette rose des vents était utilisée par les marins sur la mer Méditerranée pour se repérer. La direction, le nom et les effets de chacun de ces vents peuvent varier suivant les régions (en particulier, les directions du Mistral et de la Tramontane sont permutées dans la région du Languedoc).
  2. Diagramme de la tramontane et de l'autan.
  3. Les vents régionaux - Météo-France.
  4. Lire en ligne.
  5. Anonyme, « « L’entrée d’Espagne », chapitre 2, vers 1786 », Wikisources, ca 1320, restauré en 1913.
  6. « Les vents régionaux », sur meteo.fr (consulté le ).
  7. Raymond Jaussaud, Les vents de Provence, Association Sciences et culture, , p. 103.
  8. METEO FRANCE - tramontane.
  9. Mistral et tramontane.
  10. Voir le poème Guitare de Victor Hugo (dans Les Rayons et les ombres) sur Wikisource.
  11. François DAVID, « Avec le changement climatique, la tramontane en voie de disparition », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le )
  12. Dictionnaire historique de la langue française (Dictionnaires Le Robert 1998, tome 3 Pr-Z, page 3886).

Articles connexes

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Articles externes

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