Aller au contenu

Barrage de Houay Ho

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Barrage de Houay Ho
Géographie
Localisation
Coordonnées
Cours d'eau
Houay Ho
Objectifs et impacts
Vocation
Date du début des travaux
Coût
× millions de dollars
Barrage
Type
Hauteur
(lit de rivière)
79 m
Réservoir
Altitude
883 m
Volume
527 millions de
Superficie
37 km²
Centrale(s) hydroélectrique(s)
Nombre de turbines
3
Type de turbines
Puissance installée
152,1 MW

Site web
Géolocalisation sur la carte : Laos
(Voir situation sur carte : Laos)

Le barrage de Houay Ho est un barrage en enrochements construit de 1993 à 1999 au Laos, sur le plateau des Bolovens. Construit pour produire de l'hydroélectricité, il a une puissance de 152,1 MW et sa production sert majoritairement aux besoins électriques de la Thaïlande.

Géographie

[modifier | modifier le code]

Le barrage est situé sur la partie orientale du plateau des Bolovens, dans un bassin versant d'environ 192 kilomètres carrés, où la pluviométrie annuelle moyenne est de 2 300 millimètres. Le rebord de ce plateau, à la limite des provinces de Champassak et Attapeu, domine d'environ huit cent mètres la plaine alluviale de la Se Kong (vi), gros affluent de rive gauche du Mékong. De ce fait, bien que le barrage soit construit à l'ouest du lac, du côté de la pente naturelle du cours d'eau, la prise d'eau vers la centrale électrique est située du côté oriental, par un tunnel de 3 540 mètres de longueur qui permet une chute de 775,5 mètres[1],[2].

La construction de ce barrage, ainsi que d'autres ouvrages situés sur le plateau des Boloven, s'inscrit dans un plan de développement du Laos, dans le but de faire de ce pays la « batterie de l'Asie » en développant en 2030 une capacité d'export de 20 gigawatts[3],[4]. En l'occurrence, il s'agit du dernier barrage faisant partie de l'accord ferme d'achat signé entre le Laos et la Thaïlande[5],[6].

Financement

[modifier | modifier le code]

Le barrage est construit et géré par la société Houay Ho Power Company. Celle-ci est fondée par trois entités, actionnaires dans des proportions diverses. Mais cet actionnariat évolue au fil du temps du fait de la crise financière affectant Daewoo, son principal actionnaire initial[5].

Actionnaires
Entreprise Pourcentage durant la construction Pourcentage durant l'exploitation
Électricité du Laos 20 % 20 %
Daewoo 60 % /
Glow Energy (en) / 67.25 %
Loxley Public Company Limited 20 % /
Wha Energy / 12.75 %[7],[5].

Construction

[modifier | modifier le code]

La construction du barrage dure de 1993 à 1999.

Inauguration

[modifier | modifier le code]

Les essais de transmission sont effectués en juillet 1999 et l'ouvrage est inauguré le [5]

Missions et caractéristiques techniques du barrage

[modifier | modifier le code]

Le barrage est un ouvrage en remblai haut de 79 mètres et d'un volume total de 1,11 million de mètres cubes[1].

Centrale hydroélectrique

[modifier | modifier le code]

La centrale hydroélectrique située au pied de l'escarpement oriental du plateau compte deux turbines Pelton de 75 MW ainsi qu'une plus petite de 2,1 MW qui sert aux besoins locaux. Les conduites permettent le turbinage de 22 mètres cubes par seconde au maximum. Les 150 MW produits par les deux turbines principales sont transportés vers le poste-frontière thaïlandais par deux lignes à haute tension de 230 kV[1]. La production annuelle moyenne de la centrale s'élève à 450 GWh[8],[2].

Lac de réservoir

[modifier | modifier le code]

Le lac de réservoir collecte un bassin versant de 192 km² et mesure 37 kilomètres carrés. Le volume de ce lac est de 526 millions de mètres cubes au maximum de capacité ; l'altitude du plan d'eau est alors de 883 mètres au-dessus du niveau de la mer. À son point le plus bas, la retenue affiche une cote de 861 mètres[1].

Controverses

[modifier | modifier le code]

La construction et surtout la mise en eau du barrage provoque des controverses liées au déplacement des populations locales[9]. Sitôt le projet de barrages arrêtés, la zone est classée en « forêt interdite » pour les paysans, essentiellement de l'ethnie Nya Hon, qui y demeurent ; leur transfert est organisé en direction de la partie occidentale du plateau. Les lieux alloués comprennent des maisons construites à cette occasion mais qui se révèlent d'une qualité médiocre, des terres agricoles de surface très réduite et peu fertiles en regards des parcelles abandonnées, ainsi qu'une promesse non tenue d'approvisionnement en nourriture et en eau. La moitié des déplacés souhaite en 2003 retourner dans leur village d'origine. En outre, l'impossibilité pour les paysans, dans les conditions offertes, de subvenir à leurs besoins, les contraint à s'embaucher comme journaliers dans des plantations privées[10].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c et d (en) « Power plant », sur Houay Ho Power Company (consulté le ).
  2. a et b (en) Vatthana Pholsena et Ruthī Phanomyong, « Chapitre 4. Les réalités d’un État sous-développé », dans Vatthana Pholsena & Ruthī Phanomyong, Le Laos au XXIe siècle : les défis de l'intégration régionale, Bangkok, IRASEC, , 240 p. (ISBN 9782355960345, OCLC 1105219842, lire en ligne), p. 79-110.
  3. (en) « How the Laos dam disaster unfolded — Damming the Mekong », Reuters,‎ (lire en ligne).
  4. « Au Laos, de nombreux barrages mais une électricité trop coûteuse pour les habitants », Courrier international,‎ (lire en ligne).
  5. a b c et d (en) « Houay Ho comes on stream », International Water Power,‎ (lire en ligne).
  6. Jean Binquet, Daniel Develay et Bernard Tardieu, Financement des projets hydrauliques comprenant des barrages, Montréal, Commission internationale des grands barrages, , 31 p. (lire en ligne), « Les missions de l'ingénieur-consultant dans ces projets privés », p. 26.
  7. (en) « About HHPC - Houay Ho Power Company », sur Houay Ho Power Company (consulté le ).
  8. (en) « Houay Ho hydropower plant », sur EDL-Generation Public Company (consulté le ).
  9. (en) « Laos: Suez Energy International and the Houay Ho dam », WRM Bulletin, Mouvement mondial pour les forêts tropicales, no 106,‎ (lire en ligne).
  10. Frédéric Fortunel, « Le plateau des Boloven et la culture du café, entre division interne et intégration régionale », L'Espace géographique, vol. 36, no 3,‎ , p. 215-228 (ISSN 1776-2936, DOI 10.3917/eg.363.0215, lire en ligne).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) Ian G. Baird, « Remembering old homelands : The Houay Ho dam, the resettlement of the Heuny (Nya Heun), memory, and the struggle for places », dans Vatthana Pholsena & Oliver Tappe, Interactions with a violent past : Reading post-conflict landscapes in Cambodia, Laos, and Vietnam, Singapour, NUS Press (en), , 300 p. (ISBN 9789971697013, présentation en ligne), p. 241-263