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Combat naval à Cherbourg

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Combat naval à Cherbourg
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date
Lieu Au large de Cherbourg
Issue Victoire de l’Union
Belligérants
Drapeau des États-Unis États-Unis (Union) Drapeau des États confédérés d'Amérique États confédérés
Commandants
John Winslow Raphael Semmes
Forces en présence
Un sloop de guerre :
USS Kearsarge
Un sloop de guerre :
CSS Alabama
Pertes
1 mort
2 blessés
1 navire coulé
29 morts
env. 70 blessés

Guerre de Sécession

Batailles

Coordonnées 49° 45′ 09″ nord, 1° 41′ 42″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Manche
(Voir situation sur carte : Manche)
Combat naval à Cherbourg
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Combat naval à Cherbourg

Le combat naval à Cherbourg, connu aux États-Unis sous le nom de Battle of Cherbourg, quelquefois Battle off Cherbourg ou Sinking of CSS Alabama est un combat naval qui opposa, le , lors de la guerre de Sécession américaine, un navire de la marine confédérée, le CSS Alabama à un navire de la marine de l'Union, l'USS Kearsarge au large du port français de Cherbourg dans la Manche et se conclut par le naufrage du navire sudiste.

La corvette sudiste CSS Alabama avait été construite à Liverpool par le chantier Laird en 1862 pour la marine confédérée. Longue de 66 mètres sur 9,60 mètres, dotée de deux machines à vapeur de trois cents chevaux, gréée en trois-mâts barque, elle comportait huit canons. Sillonnant pendant près de deux ans l'Atlantique et l'océan Indien, ce bâtiment corsaire, dont les officiers étaient des marins confédérés mais l'équipage majoritairement anglais, arraisonna 447 navires marchands et en brûla cinquante-deux[1]. Il avait une seule fois affronté un navire de l'US Navy, la canonnière USS Hatteras (en), qu'il avait coulé devant les côtes du Texas.

Le , l’Alabama se présenta devant le port de Cherbourg pour y effectuer des réparations nécessitant une mise en cale sèche. Son commandant, le capitaine Raphael Semmes, demanda donc à entrer dans l'arsenal. Le consul des États-Unis, Édouard Liais, avertit aussitôt le ministre des États-Unis en France ; ce dernier alerta par télégraphe l’USS Kearsarge, qui se trouvait dans le port de Flessingue, aux Pays-Bas. L’Alabama attendait toujours l'autorisation d'entrer dans l'arsenal quand, le vers midi, le Kearsarge arriva devant la grande digue protégeant la rade de Cherbourg. Aussitôt, le commandant Semmes décida de l'affronter. Il fit donc transmettre un cartel au commandant fédéral John Ancrum Winslow et informa le préfet maritime qu'il ne souhaitait plus réparer, mais demanda à remplir ses soutes de charbon[2]. Après avoir tenté d'éviter un futur combat, le préfet maritime dut se contenter d'éviter que ce dernier eût lieu à l'intérieur des eaux territoriales françaises.

Combat naval

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Préparatifs

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Le commandant Semmes fit savoir au préfet maritime, le samedi , qu'il sortirait affronter le Kearsarge le lendemain matin. La nouvelle se répandit à Cherbourg, mais aucun journal local ou national n'annonça le futur combat. Certes, des journalistes parisiens étaient bien présents, mais ils étaient venus pour l'inauguration du casino-bains de mer de Cherbourg, dont de nombreux clients devaient arriver le dimanche en début de journée par le train de plaisir Paris-Caen[2].

Le dimanche matin, , à h 45, l’Alabama quitta le port, suivi par la frégate cuirassée La Couronne, chargée de garantir sa sortie des eaux territoriales françaises. Quinze mille badauds étaient attroupés sur les hauteurs, les quais ou la grande digue pour assister au duel annoncé[3]. Quelques-uns avaient loué de petites barques de pêcheurs pour assister au combat[4].

Affrontement

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Le Kearsarge se trouvait à ce moment au nord-est du port. Son commandant venait de célébrer l'office quand l'alerte fut donnée. Il ordonna de faire route au nord-est, comme s'il fuyait, car il avait décidé de se glisser entre son adversaire et la côte pour l'empêcher de pouvoir se réfugier dans la rade. Pour la même raison, il avait fait placer ses canons côté tribord. Lorsqu'il jugea la distance à la côte suffisante, il fit virer de bord. Les deux adversaires faisaient alors route l'un sur l'autre. L’Alabama ouvrit le feu à une distance d'un mille environ[5] ; son commandant avait décidé de combattre à tribord. Semmes et Winslow essayant chacun d'infliger à l'adversaire un coup en enfilade, les deux bâtiments commencèrent alors à décrire une première boucle, bientôt suivie par six autres. Le jusant les entraîna vers l'ouest à la vitesse de trois nœuds.

Jean-Baptiste Henri Durand-Brager, La bataille entre l'USS Kearsarge et le CSS Alabama, 1864, (Union League Club of New York).

La canonnade dura un peu plus d'une heure et tourna à l'avantage du Kearsarge qui disposait d'une pièce en moins mais pouvait compter sur ses deux canons Dahlgren de 11 pouces (28 cm environ). De plus, son commandant avait pris la précaution, dès avril 1863[6], de faire entrecroiser des chaînes d'ancre le long de la coque de son bâtiment, à la hauteur des machines. Ce dispositif, masqué par une paroi de bois, ne s'est pas vraiment révélé décisif. À l'inverse, les tirs de l’Alabama, deux fois plus nombreux, furent bien plus imprécis que ceux de son adversaire. D'après le rapport de son commandant, les canonniers nordistes ont fait feu 173 fois, usant essentiellement d'obus et visant bas[7].

Atteint par plusieurs coups au niveau de sa ligne de flottaison, l’Alabama prit de la gîte, puis commença à s'enfoncer par l'arrière. Le commandant Semmes fit alors larguer quelques voiles à l'avant pour tenter de regagner le port, mais ses machines furent rapidement noyées. Redoutant de recevoir un coup à mitraille en enfilade qui aurait pu causer un vrai massacre, il se résolut à amener ses couleurs puis quitta son navire parmi les derniers. Le bâtiment corsaire se redressa brutalement puis sombra.

Commença alors le sauvetage. Le Kearsarge sortit des eaux soixante-six marins, et un bateau-pilote cherbourgeois en recueillit neuf ; il s'agissait pour une bonne part de mercenaires enrôlés à Liverpool ou lors d'escales. Néanmoins, c'est un yacht anglais, le Deerhound, qui récupéra la plupart des officiers dont le commandant Semmes et son second, Kell, puis les conduisit à Southampton. Cela leur permit de regagner les territoires du Sud des États-Unis et de participer à d'autres opérations.

Le combat a fait trente victimes. L’Alabama a perdu vingt-neuf hommes. Certains ont été tués lors du combat, d'autres se sont noyés et quelques-uns sont morts de leurs blessures. À bord du Kearsarge, on a dénombré trois blessés, soignés à l'hôpital de la Marine dans la même salle que leurs adversaires. C'est là que William Gowin, le seul mort nordiste, a expiré. Cela explique que trois morts de la guerre de Sécession reposent dans le vieux cimetière de Cherbourg-Octeville[8].

En , le chasseur de mines Circé de la Marine nationale découvrit une épave par environ soixante mètres de fond au large de Cherbourg[9]. Le navire se situait à un peu moins de 10 km au nord de l'entrée ouest de la grande rade. Le capitaine de vaisseau Max Guerout confirma plus tard qu'il s'agissait bien des restes de l’Alabama.

En 1988, une organisation à but non lucratif, l'association CSS Alabama, fut créée pour mener une exploration scientifique de l'épave. Bien que l'épave se trouvât dans les eaux territoriales françaises, le gouvernement américain en revendiqua la propriété pour deux raisons : d'une part, l’Alabama s'était rendu à son adversaire en amenant son pavillon, d'autre part, il l'avait fait dans une zone qui à l'époque était en dehors des eaux territoriales. Le , les États-Unis et la France signèrent un accord reconnaissant l'épave comme un important héritage pour les deux nations et établirent un comité scientifique franco-américain pour son exploration archéologique[réf. souhaitée].

Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama par Louis Le Breton.

L'association CSS Alabama et le Naval History & Heritage Command signèrent le 23 mars 1995 un accord officiel accréditant l'association comme opérateur pour les fouilles archéologiques du navire. En 2002, la cloche du navire ainsi que 300 autres objets dont des canons, des morceaux de la structure, de la vaisselle, des commodes d'ornement et d'autres objets révélant la vie à bord furent remontés. En 2004, des restes humains (fragments de mâchoire) furent trouvés sous un canon. Ils ont été ensevelis au cimetière de Mobile (Alabama). Depuis 2004, les recherches sont interrompues. Le canon remonté de l'épave du CSS Alabama est exposé dans la nef d'accueil de La Cité de la Mer à Cherbourg-en-Cotentin.

Représentations

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Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « CSS Alabama » (voir la liste des auteurs).
  1. Official Records of the Union and Confederate Navies in the War of Rebellion, sér.I, vol. 2, Washington DC, Government printing office, journal de bord du capitaine Semmes.
  2. a et b Desquesnes 2014, p. 91.
  3. John Keegan, La guerre de Sécession, Perrin, , Ebook (ASIN B005QWVQXC), chap. 16 (« La bataille au large de Cherbourg et la guerre de Sécession en mer »).
  4. Bonnel 1996.
  5. Rapport du du commandant Winslow, ORN, sér. I, vol. 3, p. 79.
  6. Lettre du capitaine Winslow écrite le , citée dans John M. Ellicot, The Life of John Ancrum Winslow, G P Putman's sons, Londres 1905, p. 108-109.
  7. ORN, sér. I, vol. 3, p. 79.
  8. Jacky Desquesnes, Duel au large, la guerre de Sécession devant Cherbourg (19 juin 1864), éditions Charles Corlet, mai 2004, p. 174.
  9. Centre européen de recherches et d'études sous-marines, Alabama, .

Bibliographie

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  • Farid Ameur, « La guerre de Sécession au large de Cherbourg : La France impériale et l’affaire du css Alabama (juin 1864) », Relations internationales, PUF, vol. 2, no 150,‎ (ISBN 978-2130593713, lire en ligne, consulté le )
  • Ulane Bonnel, « Le CSS Alabama et Cherbourg », Patrimoine normand, no 11,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Patrice Enault, « Duel devant Cherbourg », Chasse Marée, no 36,‎
  • Marie-Béatrice Baudet, « Le jour où la guerre de Sécession s’invita au large de Cherbourg », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).

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Articles connexes

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Liens externes

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