Aller au contenu

Fête des voisins

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Plaque commémorative au 17 rue Vernier dans le 17e arrondissement de Paris

La Fête des voisins, également nommée « Immeubles en fête », est une fête à l'origine française, créée en 1999, qui se donne pour but de permettre à des voisins de se rencontrer de façon conviviale, afin de rompre l'isolement qui, selon ses organisateurs, gagne de plus en plus les villes[1], et de tenter de créer un sentiment d'appartenance au quartier.

Depuis 1991 à Toulouse, le « Carrefour culturel Arnaud Bernard » organise des repas de quartier, c'est-à-dire des moments de convivialité entre voisins dans la rue[2]. L'initiative toulousaine s'est exportée durant les années 1990 dans différents endroits comme certains quartiers de Marseille.

La « Fête des voisins » est née officiellement de l'initiative d'Atanase Périfan, qui a lancé l'idée en 1999 au 17 rue Vernier[3] dans le 17e arrondissement de Paris, avec l'association Paris d'Amis qu'il avait créée quelques années plus tôt.

Avant 1999 dans de multiples communes belges des initiatives similaires avaient lieu sous le nom de Barbecue de quartier, Fête de rue, Dîner des voisins.

Dès 2000, l'Association des maires de France, puis les bailleurs sociaux (organismes HLM), ont appuyé cette initiative qui s'est ensuite développée dans toute la France. De 2000 à 2009, elle a lieu le dernier mardi du mois de mai de chaque année. À partir de 2010, cette fête est organisée le dernier vendredi du mois de mai ou le premier vendredi du mois de juin.

En 2008, après la création de Voisins solidaires à la fin de l'année 2007, la Fête des Voisins devient une action du programme de l'association.

Quelques commanditaires commerciaux coopèrent également à l'organisation de cette fête.

En 2019, la vingtième édition de la Fête des voisins aurait rassemblé 30 millions de personnes dans 50 pays[4].

Année Date Nombre de participants[5] Ampleur[6]
1999 1er juin 10 000 800 immeubles du
17e arrondissement de Paris
2000 23 mai 500 000 30 municipalités
2001 29 mai 1 million 70 municipalités
2002 28 mai 1,8 million 126 municipalités
2003 27 mai 2,4 millions 175 municipalités
2004 25 mai 2,9 millions 230 municipalités
2005 31 mai 3,5 millions 348 municipalités
2006 30 mai 4,5 millions 580 municipalités
2007 29 mai 5 millions 560 municipalités
2008 27 mai 6 millions en France 602 municipalités
2009 26 mai 8,5 millions[7], dont 6,5 millions en France[8] 1 000 municipalités
2010 28 mai 9,5 millions[8] 1 200 municipalités
2011 27 mai 12 millions, dont 6,7 millions en France 1 400 municipalités
2012 01 juin 15,5 millions, dont 7 millions en France 1 400 municipalités
2013 31 mai 20 millions, dont 7,5 millions en France 1 100 municipalités
2014 23 mai 25 millions, dont 7,8 millions en France 1 050 municipalités
2015 29 mai 30 millions, dont 8 millions en France
2016 27 mai 25 millions, dont 8,5 millions en France[9] 1 180 municipalités
2017 19 mai[10]
2018 25 mai[11],[12]
2019 24 mai
2020 Annulée en raison de la crise sanitaire
2021 24 septembre
2022 20 mai
2023 02 juin
2024 31 mai

Journée européenne des voisins

[modifier | modifier le code]

Cet événement a maintenant dépassé les frontières de son pays d'origine, d'abord avec l'extension de la fête à la Belgique et 10 villes européennes pour l'édition 2003, puis avec l'organisation à partir de 2004 de la Journée européenne des voisins (European neighbours' day), qui se déroule dans plus de 150 villes d'Europe, et même au-delà avec le Canada, la Turquie et l'Azerbaïdjan. En tout, 36 pays dans le monde y participent.

Depuis 2009, elle est soutenue par le Parlement européen qui accorde, chaque année, son patronage à la manifestation.

Pour approfondir

[modifier | modifier le code]

Approche sociologique

[modifier | modifier le code]

D'un point de vue sociologique, la Fête des voisins peut être comprise comme une "tradition inventée"[13], exprimant un souhait d’une partie de la population de renouveler un ancrage local, qui coexisterait avec d'autres formes d'engagement et d'appartenance. S'il permet de créer des liens, l'événement peut aussi donner lieu à des formes d’appropriation par les habitants se sentant le plus légitimes, ce qui peut parfois se faire au détriment d’autres habitants[14]. La Fête des voisins met également en avant une certaine figure du voisin et certaines caractéristiques comme la sociabilité, la disponibilité ou l’ouverture. L’absence de ces caractéristiques peut amener certains résidents à être considéré comme distants, voire comme nuisant au développement des liens de voisinage[14].

Dans les quartiers populaires, la Fête des voisins vise parfois à revaloriser l'image d'un quartier, voire à apaiser les relations de voisinage dans des contextes de mixité sociale[15]. Plus généralement, la Fête des voisins est parfois présentée comme un remède contre une série de problèmes sociaux tels que l'isolement ou la précarité. Cependant, si l'isolement affecte avant tout des personnes précaires, sans emploi ou en mauvaise santé, celles-ci ont parfois de la peine à transformer le voisinage en ressource[16]. Le voisinage peine ainsi à offrir des solutions à ces problèmes qui ont des causes structurelles[17]. La Fête des voisins apparait comme un rituel qui, durant une période définie, permet un relâchement des normes qui prévalent au quotidien[16]. Cela permet de comprendre pourquoi, malgré le succès de la Fête et le nombre croissant de participants, celle-ci ne semble pas avoir transformé les relations de voisinage.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Quelques chiffres, sur le site officiel.
  2. « La presse », sur Carrefour culturel Arnaud Bernard (consulté le )
  3. Vincent Mongaillard, « Fête des voisins : 20 ans après, retour où tout a commencé avec les pionniers », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « European Neighbours' Day », sur european-neighbours-day.com (consulté le )
  5. [PDF] Plaquette publicitaire pour l'édition 2008, sur le site officiel.
  6. L'histoire, sur le site officiel.
  7. « Présentation de l'association qui renforce les rapports humains », sur voisinssolidaires.fr via Wikiwix (consulté le ).
  8. a et b « European Neighbours' Day - Voisins Solidaires », sur voisinssolidaires.fr via Wikiwix (consulté le ).
  9. « Fête des Voisins 2016 », sur 12 mars 2018,
  10. « La Fête des voisins », sur La Fête des voisins (consulté le )
  11. « Présentation de la Fête des Voisins 2018 », sur stootie.com, (consulté le )
  12. « La fête des voisins 2018 - Sortiraparis.com », sur www.sortiraparis.com (consulté le )
  13. Eric Hobsbawm, « Inventer des traditions », Enquête, no 2,‎ , p. 171–189 (ISSN 1245-2084 et 1953-809X, DOI 10.4000/enquete.319, lire en ligne, consulté le )
  14. a et b Lionel Francou, « Ce que la Fête des voisins nous révèle sur les relations sociales », The Conversation,‎ (lire en ligne)
  15. Sarah Demichel, « La convivialité : instrument du bien vivre ensemble dans les quartiers populaires ? », Revue du MAUSS, vol. n° 57, no 1,‎ , p. 260–272 (ISSN 1247-4819, DOI 10.3917/rdm1.057.0260, lire en ligne, consulté le )
  16. a et b Maxime Felder, « La Fête des voisins : un rituel conjuratoire », Métropolitiques,‎ (lire en ligne)
  17. Observatoire des inégalités (France), Rapport sur la pauvreté en France, Observatoire des inégalités, 2018- (OCLC 1078368837, lire en ligne)