Aller au contenu

Tabassaran

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Tabassaran
Табасаран чIал
Pays Russie
Région Daghestan
Nombre de locuteurs 95 000
Typologie accentuelle
Classification par famille
Codes de langue
IETF tab
ISO 639-3 tab
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Glottolog taba1259
État de conservation
Éteinte

EXÉteinte
Menacée

CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre

NE Non menacée
Langue vulnérable (VU) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde

Le tabassaran (ou tabasaran ; en russe табасаранский язык) est un représentant de la sous-famille lezghienne des langues du nord-est du Caucase. Il est parlé par environ 95 000 personnes, essentiellement dans les régions méridionales de la république du Daghestan (Caucase russe). On trouve des locuteurs du tabassaran dans les bassins supérieurs du Rubas-chai et du Chirakh-chai. Il existe deux dialectes principaux : le tabassaran du nord (khanag) et du sud. La langue littéraire est basée sur le dialecte du sud, l'un des six de la république du Daguestan.

Le tabassaran est une langue ergative. Le système verbal est relativement simple : les verbes s'accordent avec le nom en nombre, en personne, et pour le tabassaran du nord, en classe. Le tabassaran du nord possède deux classes nominales; le tabassaran du sud, aucune.

Dialectologie

[modifier | modifier le code]
  • Groupe Nord-tabassaran
    • dyubek
    • ghumghum
    • khirghan
    • churkulan
    • qukhrik
    • sughak
    • kurkak
    • akhit
  • Groupe Sud-tabassaran
    • tabassaran littéraire
    • qaluq
    • nitrik
    • eteg

L'eteg a été choisi comme base de la langue littéraire car c'est un dialecte de transition entre le groupe nord et le groupe sud.

Le tabassaran est réputé pour être la langue possédant le plus de cas au monde : entre 47 et 53, selon les dialectes. Il a figuré à ce titre dans le Livre Guinness des records (1997), même si le nombre exact de ces cas a été contesté : en effet, beaucoup d'entre eux constituent en fait des combinaisons de plusieurs cas « de base » (core cases), essentiellement spatiaux.

Exemples[1] :

  • cal : mur
  • cal-i : mur (+ cas ergatif)
  • cal-i-k : sur la surface verticale du mur (+ ergatif + spatial)
  • cal-i-q : derrière le mur (+ ergatif + spatial)
  • cal-i-q-na : vers l'arrière du mur (+ ergatif + spatial + déplacement)
  • cal-i-q-an : de derrière le mur (+ ergatif + spatial + déplacement)
  • cal-i-q-an-di : de la direction de derrière le mur (+ ergatif + spatial + déplacement + général)
  • cal-i-q-di : le long de / à travers l'arrière du mur (+ ergatif + spatial + général).

Quelques phrases simples

[modifier | modifier le code]
  • Uwu aldakurawu "Уву алдакураву" — "Tu es en train de tomber"
  • Uzuz uwu kkundžazuz "Узуз уву ккунжaзуз" — "Je t'aime"
  • Uwu fudžuwa? "Уву фужува?" — "Qui êtes-vous ?"
  • Fici wuna? "Фици вуна?" — "Comment allez-vous ?"
  • Zakur ɣyurza "Закур гъюрза" — "Je viendrai demain"

Hjelmslev et le tabassaran

[modifier | modifier le code]

En raison de son très grand nombre de cas (52 environ), le tabassaran a servi de base de travail au linguiste danois Louis Hjelmslev pour construire une théorie casuelle générale[2]. Selon lui, le système de cas d'une langue peut comprendre trois « dimensions » : la direction, l’intimité (ou la cohérence) et la subjectivité / objectivité. Cette troisième dimension, très rare [3], apparaîtrait notamment dans le tabassaran et le lak, toutes deux langues du Caucase oriental. Chaque dimension admettant 6 cas, le nombre total de cas théoriquement possible serait donc de (6 × 6 × 6) = 216. Cette hypothèse, basée sur un idéal géométrique a priori, est fortement contestée.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. K. David Harrison, When Languages Die : The Extinction of the World's Languages and the Erosion of Human Knowledge
  2. Guy Serbat, Cas et fonctions, PUF, 1981 (ISBN 2-13-036773-9).
  3. Exemple de subjectivité : dans un chien passe devant l'arbre, la position devant n'a pas d'existence en soi, elle n'existe que par rapport à l'observateur-locuteur (Guy Serbat, op.cit.)

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Chanmagomedov, B.G.-K. & K.T. Šalbuzov, 2001, Tabasaransko-russkij slovar’, Moskva, Ilim, (ISBN 5-02-022620-3) (Inclut un aperçu de la grammaire du tabassaran) (Grammatičeskij očerk tabasaranskogo jazyka) par K.K. Kurbanov (p. 395-476)]

Liens internes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]